Covid-19 : "Dans un nid de complotistes" à Arlon
Plus de 300 personnes sont venues à Arlon écouter les discours controversés des Drs Bouillon et Perronne, en matière de coronavirus. Qualifiées de "complotistes", ces personnes se considèrent comme des "lanceuses d’alerte". Reportage
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Publié le 21-03-2023 à 08h19 - Mis à jour le 21-03-2023 à 08h25
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"Attention, vous mettez les pieds dans un nid de complotistes", nous lance-t-on dans un éclat de rires. Samedi en fin d’après-midi, la salle le Printemps à l’entrée d’Arlon est pleine à craquer. Plus de 300 personnes sont venues écouter et soutenir les docteurs David Bouillon et Christian Perronne. Deux médecins très controversés, qualifiés d’"antivax " et "complotistes ". Ce type de conférence est organisé tous les deux à trois mois dans différents endroits de la province de Luxembourg.
Nous nous sommes intéressés à celles et ceux qui viennent les écouter, et sur qui on appose également ces étiquettes.
Dans la file devant la salle, nous tombons directement sur un couple arlonais. Il est ingénieur. Elle forme des infirmières. Durant la période de vaccination de masse au Covid-19, ils n’ont pas supporté "le bourrage de crâne", "la pression sociale ", "le chantage médical" pour convaincre la population de se faire vacciner. "On s’est senti piégés ", confient-ils.
D’autres nous parlent "d’exclusion ", de "rejet ". Cela leur fait du bien de retrouver, dans ces conférences, des personnes qui partagent les mêmes opinions qu’eux.
Une perte de confiance totale
Nous croisons des dames âgées qui ont fait le déplacement expressément depuis le Brabant wallon.
Tous ceux que nous avons interrogés ne supportent pas d’être qualifiés "d’antivax " ou de "complotiste ", même s’ils préfèrent en rire. Ils se positionnent généralement en faveur des vaccins. Sauf celui du Covid-19, dans lequel ils n’ont pas du tout confiance. D’ailleurs, ils ont perdu toute confiance dans les autorités politiques et médicales.
"J’ai failli me faire vacciner du Covid-19, bien que je n’avais pas confiance, nous confie une Bastognarde, employée de bureau . J’ai hésité. Et ce qui m’a vraiment dérangé, c’est jusqu’où les autorités ont été pour nous “imposer” un vaccin qui n’était pas obligatoire." La Bastognarde n’a pas cherché à convaincre tout son entourage, est restée mesurée dans ses discours, "Je trouve triste à quel point le statut vaccinal a divisé des familles, détruit des amitiés", commente-t-elle.
Si elle est venue, ce samedi à Arlon, c’est pour rencontrer le dr Perronne, pas tant pour ses positions sur la crise sanitaire du Covid-19 que celles, tout aussi non-conventionnelles, sur la maladie de Lyme.
Une majorité de femmes
Cette Athusienne est venue en soutien au Dr Bouillon. Le Montois a pris en charge son voisin à Athus, un monsieur âgé. "Il avait été refoulé de l’hôpital et les autres médecins généralistes ne recevaient plus en cabinet. "
Dans l’assemblée, une majorité de femmes. Toutes les tranches d’âge sont représentées. Même les plus jeunes. Nous croisons une étudiante. Elle est venue soutenir son prof de français, Emmanuel Herbin, suspendu préventivement depuis début janvier, et qui risque un licenciement. On lui reproche notamment d’avoir distribué des tracts aux élèves. Lui, estime les avoir informés au mieux, en remettant de la documentation à ceux qui lui posaient des questions.
Dans l’assemblée, beaucoup se considèrent comme des "lanceurs d’alerte ", des "éveillés ". Et certainement pas comme des "complotistes " !
Vite dit
Des prises de sang
Avant la conférence, environ 200 prises de sang ont été réalisées parmi les participants. Il est question d’anticorps naturels, de D-dimères (une protéine impliquée dans la coagulation sanguine). Des prises de sang proposées avant chaque conférence. Passé le cap des 10 000 prises de sang, le dr Bouillon montera un dossier avec les résultats d’analyse qu’il compte déposer au niveau européen.
"Une grande manipulation"
À entendre le professeur et infectiologue français Christian Perronne, la pandémie de Covid-19 est "une grande manipulation". "Elle a été planifiée depuis des années", dit-il, en se basant sur un dessin publié en Une de The Economist en 2019. Il parle de "pseudos-vaccins Covid-19 ". Libre à chacun d’en juger.