Assises de l’eSanté : vaincre le burn-out grâce au web
Les 5es assises de l’eSanté se tiendront sur le web ce mardi 21 mars. La technologie au service de la santé. Fanny Weytens, de Ciao Burn-out, y parlera du burn-out.
Publié le 17-03-2023 à 08h57 - Mis à jour le 17-03-2023 à 08h58
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Fanny Weytens, vous êtes docteure en psychologie et vous accompagnez des personnes en burn-out. Vous avez lancé la plateforme Ciao Burn-out à destination des professionnels et des patients. Burn-out et déprime, ce n’est pas la même chose ?
Pas exactement. On peut mettre grosse fatigue, épuisement, burn-out et dépression sur le même continuum. Deux pathologies différentes, le burn-out peut amener à la dépression. Une grosse fatigue arrive à tous parce qu’on s’hypermobilise pour un projet. Si ce temps de stress s’éternise, on peut épuiser nos ressources physiques, psychiques. On parle d’un épuisement. Peuvent arriver des douleurs, des infections, des inflammations, une fatigue émotionnelle: on devient irritable, on pleure facilement. Aussi de la fatigue cognitive comme un manque de concentration ou de mémoire. L’épuisement peut se transformer en burn-out si ce processus n’est pas interrompu, d’où l’importance de la prévention. Dans le burn-out, on a en plus de la distanciation émotionnelle, la personne devient sèche, cassante, c’est un symptôme de burn-out. On ne sait plus ressentir d’émotion comme l’enthousiasme.
D’autres symptômes ?
On parle de triade du burn-out: outre l’épuisement, la distanciation émotionnelle, il y a la perte du sentiment de compétence et l’humeur déprimée. La personne perd confiance en soi, cela dégrade l’humeur. Et là, on commence à voir le lien avec la dépression. Tout l’enjeu est de prendre conscience de ces symptômes pour inverser le processus, ce qui n’est pas facile.
Le burn-out est lié au travail ?
Si on voit le burn-out comme un mécanisme d’épuisement de nos ressources énergétiques, notre réservoir énergétique est le même. Le burn-out est multifactoriel, il peut être lié à la vie personnelle, professionnelle.
Et des outils numériques peuvent aider ?
Je propose des outils pour les médecins et les personnes épuisées, des outils pour l’identifier, aider le patient à comprendre les facteurs d’épuisement. Des outils pour activer les leviers de construction et prendre soin de soi. Il s’agit d’un parcours de formation sous forme de capsules vidéos, d’exercices.
Vous croyez au numérique pour une thérapie ?
Le vrai avantage du numérique pour les patients en burn-out, c’est que c’est compliqué de comprendre les informations. La plateforme se veut être un complément à un accompagnement en cabinet. Cela permet d’aller revoir des infos pour arriver à un schéma récapitulatif de son histoire d’épuisement. Et donc prévenir la rechute.
Un lien avec l’augmentation du temps sur les écrans ?
C’est clair que la digitalisation et la connexion permanente avec les smartphones, les nombreuses notifications, il y a une perméabilité plus grande entre vie privée et professionnelle.
Des recettes ?
La première chose: prendre conscience de ses symptômes, pour accepter. Il y a une phase de déni. Le burn-out est encore perçu comme péjoratif. Le burn-out n’arrive pas à n’importe qui, mais à des profils compétents, qualifiés, empathiques, qui en veulent. C’est parce qu’ils ont envie de bien faire qu’ils s’accrochent à leur travail, ce qui les amène à tirer sur la corde. C’est important d’être attentif à son corps, à remplir son réservoir d’énergie comme le repos, s’autoriser à penser à soi, fermer le robinet qui donne de l’énergie vers l’extérieur.
Burn-out: des chiffres inquiétants !
Selon l’InamI, une augmentation de plus de 46% entre 2016 et 2021 du nombre de personnes en invalidité souffrant d’un burn-out ou d’une dépression. Le burn-out et la dépression sont les causes de près de 1/4 des incapacités de travail de longue durée. Le confinement n’a pas aidé.
Les femmes représentent 68% des cas. Une hausse de près de 50% sur 5 ans. Cette augmentation atteint plus de 66% chez les travailleuses indépendantes.
En ligne
Fanny Weytens interviendra aux assises de l’eSanté "Révolutions technologiques en santé mentale" le mardi 21 mars dès 13 h 30.
À l’initiative de Vivalia et de la Province du Luxembourg, cet événement Lux-health, est organisé virtuellement. Il permettra de faire le point sur les nouvelles technologies en santé mentale comme la prise en charge thérapeutique en réalité virtuelle, l’utilisation d’un programme en ligne pour faciliter la sortie du burn-out, l’aide en ligne en matière d’alcool ou encore pour aider à gérer l’anxiété, etc. Inscription gratuite avant le 20 mars.
Programme complet sur www.lux-health.be