Elle accuse son ex-mari de tentative d’assassinat
Dans un livre qui traite des erreurs médicales, la prévenue accuse indirectement son ex d’avoir voulu l’empoisonner. Est-ce un délit de presse ?
Publié le 15-03-2023 à 06h00
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Une quinquagénaire s’est présentée hier, en chaise roulante, devant la juge Françoise Hertay, présidente du tribunal correctionnel de Neufchâteau. Elle est accusée d’avoir atteint à l’honneur de son ex-mari.
Suite à une opération pour lui installer une prothèse de la hanche, la dame, qui avait une activité d’indépendante dans la restauration, a été victime d’une erreur médicale avec des conséquences irréversibles. Le chirurgien lui a placé une prothèse trop grande de plusieurs centimètres. Malgré ses douleurs et ses plaintes auprès de l’équipe chirurgicale, rien n’a été envisagé. Quand on s’est aperçu de l’erreur, il était trop tard. Le déséquilibre provoqué à des répercussions sur tout le corps, son squelette osseux est définitivement déséquilibré.
La dame indépendante devenue dépendante, a décidé d’écrire un livre pour raconter son histoire et dénoncer les erreurs médicales. Son livre Il m’a laissé en vie a connu un certain succès.
Renvoi en cour d’assise ?
Le litige que doit trancher le tribunal correctionnel concerne un chapitre du livre que l’auteure consacre à l’attitude de son ex-mari après son opération. "Je suis devenue encombrante pour lui, il n’accepte plus la femme que je suis devenue", écrit la dame. Dans l’ouvrage, celui qu’elle a affublé du prénom d’emprunt d’Adolphe, est accusé de tous les maux dont celui d’avoir voulu la faire disparaître en l’empoisonnant, puis en trafiquant des pièces essentielles de sa voiture en vue de l’accidenter. L’ex-mari n’a fait qu’un bond quand il a lu ses accusations déguisées. Il s’est senti trahi et a déposé plainte.
Hier, les avocats Sylvain Danneels pour le mari, une avocate bruxelloise pour la prévenue, Pierre d’Huart pour le ministère public et la juge n’ont pas vraiment abordé le fond, mais se sont posé des questions sur la compétence du tribunal. "Un délit de presse est défini par la loi comme la publication d’une opinion, sur un document imprimé avec une publicité réelle et effective, rappelle Pierre d’Huart. Cet ouvrage rentre dans cette définition et relève, d’une cour d’assise. Vous devez vous déclarer incompétente et si tel est le cas, je crains que ce dossier ne finisse dans un tiroir."
Le tribunal décidera de son éventuelle compétence le 11 avril.