Pénurie de médecins en province de Luxembourg: octroyer des numéros Inami liés à la localisation ?
Diriger les jeunes médecins promus vers les zones en pénurie pour obtenir un numéro Inami, c’est la proposition de plusieurs députés de notre province.
Publié le 11-03-2023 à 06h29
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Pourquoi ne pas réguler l’octroi de numéros Inami en fonction d’une répartition géographique ciblant les zones en pénurie ? Telle est la proposition formulée par plusieurs députés de la province de Luxembourg, pour pallier le manque de médecins généralistes, de dentistes, d’ophtalmologues, de dermatologues… dans notre province.
Ainsi le libéral Benoît Piedbœuf a interpellé en commission le ministre fédéral de la Santé Frank Vandenbroucke. "Serait-il envisageable de diriger les jeunes promus vers les zones en pénurie ? Pourriez-vous réfléchir à donner les numéros Inami en fonction des besoins des régions ? Les pharmaciens, les notaires ne sont pas libres dans le choix de leur installation, il pourrait en être de même pour d’autres professions ", déclare-t-il.
Même type de proposition de la part de l’Écolo Jean-Philippe Florent, à la ministre régionale de la Santé, Christie Morreale. "Je me demande si, à terme, nous serons amenés à une certaine forme de régulation géographique afin de répartir les médecins qui sortent de médecine de manière plus harmonieuse sur l’ensemble du territoire suivant les spécialités qui font défaut dans certains bassins, souligne-t-il. Cela se fait dans d’autres pays, comme l’Espagne. Cela apporte une certaine forme de contrainte aux jeunes médecins, mais cela permet de réguler au niveau géographique."
Une solution qui a le soutien de la ministre socialiste. Le hic, c’est que l’octroi des numéros Inami est une compétence fédérale.
"Ce serait facile"
"Ce serait facile d’imposer aux médecins de s’installer dans telle ou telle région. Je l’ai proposé plusieurs fois, explique la ministre en commission. La seule instance qui peut imposer l’installation serait l’instance fédérale. Je conviens que cela peut poser un certain nombre de problèmes, mais du point de vue pratique, cela pourrait être une solution facile, peut-être trop facile. Je laisse chacun en juger. En tout cas, c’est une solution qui ne convainc pas à ce stade une majorité au Fédéral. "
"Au lieu d’imposer, on pourrait, à l’instar de ce qu’il se passe pour les pharmacies, interdire l’installation dans certains endroits en fonction du nombre d’habitants", propose la députée libérale Anne Laffut.
Encourager et contraindre
Au Fédéral, le ministre socialiste Frank Vandenbroucke, bien conscient de cette problématique qui touche tout particulièrement la province de Luxembourg, renvoie la balle… aux Régions.
Si le quota global est bien une compétence fédérale, les sous-quotas par spécialité sont une compétence communautaire, "et il revient notamment aux Régions de développer les incitants nécessaires à l’installation dans les zones en pénurie."
En Région wallonne, c’est ce qu’on appelle le Fonds Impulseo: prime à l’installation dans les zones en pénurie ; soutien financier pour rémunérer des agents administratifs qui vont aider les médecins ; une intervention dans les frais de télésecrétariat.
"On se demande si, en cas de pénurie, il ne faut pas prendre des mesures un peu plus contraignantes qu’encourageantes", réplique le chef de groupe MR Benoît Piedbœuf.
La lasagne institutionnelle complique la mise en place de solutions efficaces, tout le monde en est bien conscient.
"Les ministres se renvoient la balle, regrette la députée engagée Anne-Catherine Goffinet. J’ai le sentiment qu’il manque une vision globale." Avec son collègue Josy Arens, ils plaident pour que des solutions à très court terme soient mises en place. "Il y a urgence."
Octroyer des numéros Inami sur base d’une répartition géographique ? Ils ne l’excluent pas, mais Les Engagés veulent surtout supprimer la limitation des numéros Inami.
Un organe interfédéral sera prochainement créé, pour mettre tous les acteurs concernés autour d’une même table. "Il devrait permettre de prendre des mesures complémentaires et convergentes en vue d’apporter des solutions pérennes aux patients et professionnel de la santé", informe le ministre Vandenbroucke.