Les six soeurs de Cordemoy, renvoyées de l'ordre, vont faire appel contre la décision de l'abbé
Un huissier a signifié aux sœurs de l’abbaye de Cordemoy (Bouillon) leur renvoi de l’ordre, selon la décision de l’abbé général. Leur avocat annonce qu’elles font appel, un appel qui est suspensif.
Publié le 09-03-2023 à 11h04 - Mis à jour le 10-03-2023 à 08h36
:focal(545x417.5:555x407.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/N2TZPYOINVGJNMWIYC5PM4YQPU.jpg)
Dans un communiqué l’abbé général en son conseil explique qu’il fait application du droit canon et qu’ils renvoient de l’ordre les six nonnes âgées jugées récalcitrantes de l’abbaye de Clairefontaine à Cordemoy. Un huissier devait leur annoncer la mauvaise nouvelle ce jeudi.
Il s’agit d’un énième rebondissement dans cette affaire vieille de 6 ans. Les sœurs ont dix jours pour faire appel. S’il faut en croire leur avocat, Maître Paul Muylaert, un recours contre cette décision va être déposé rapidement.
Nous vous détaillons ci-dessous la substance du communiqué de l’ordre qui justifie sa décision ainsi que la réaction de Me Muylaert.
"Désobéissance obstinée des sœurs"
Voici ce communiqué: "L’abbé général en son conseil, après avoir étudié le dossier dans ses différents aspects, dont l’aspect humain et fraternel, s’est trouvé dans l’obligation de décider leur renvoi de l’ordre. En outre, cette décision a également été motivée par un désir d’équité vis-à-vis des autres moniales de Clairefontaine qui, non sans douleur et souffrance, ont obéi à la décision de fermeture et, conformément à leurs vœux, ont choisi d’autres monastères dans lesquels elles résident aujourd’hui.
Le droit de l’Église (C. 686) prévoit en effet la possibilité de renvoi d’une religieuse pour des causes graves, comme par exemple “la dés obéissance obstinée aux prescriptions légitime des supérieurs en matière grave”. Ceci ayant été établi, la procédure de renvoi, connue des six religieuses, qui implique la réduction à l’état laïc, a donc été initiée par les supérieures actuelles dont dépendent aujourd’hui les religieuses. Les deux avertissements successifs (appelés monitions) prévus par la législation de l’Église ont été successivement envoyés à chacune des sœurs leur demandant de rejoindre leur communauté d’élection. Les six religieuses ont exercé leur droit de s’opposer aux monitions, mais aucune d’entre elles n’a désiré quitter le lieu où elles résident encore."
"La commission a essayé d’aider les sœurs à déménager"
Le communiqué poursuit en rappelant la chronologie des faits: "Après de nombreuses réflexions et consultations, y compris des visites apostoliques, en février 2017, le Saint-Siège a décidé la fermeture de l’abbaye de Clairefontaine. Selon les constitutions de l’ordre, une commission de fermeture a été nommée, chargée, entre autres choses, de prendre soin des moniales de la communauté supprimée.
Depuis 2017 jusqu’à décembre de 2022, la commission a essayé d’aider les sœurs à déménager dans une autre communauté de l’ordre. Durant l’été de 2022, elles ont choisi de s’établir dans les communautés de Chimay et de Soleilmont, choix qu’elles n’ont cependant pas mis en œuvre. Pour trois d’entre elles dont la santé est plus fragile, des places dans une maison de repos ont été trouvées. Mais elles ne s’y sont pas rendues. Entre-temps, l’abbé général les a rencontrées et, à cette occasion, a regretté des maladresses dans les communications avec les autorités de l’ordre, sans pour autant que cela nuise à la perspective d’une procédure de renvoi de l’ordre à leur encontre si elles persévéraient dans leur volonté de ne pas se rendre dans leurs nouvelles communautés."
"Surpris par le déplacement de l’avocat à Rome"
L’ordre reconnaît aux nonnes le droit de faire appel: "Ainsi que le prévoit la législation de l’Église, cette décision peut faire l’objet d’un appel auprès de la congrégation pour les religieux qui devra alors statuer en dernière instance sur la légitimité du renvoi. À cet égard, nous avons été surpris que l’avocat des six sœurs se soit rendu auprès du préfet de la congrégation pour lui remettre un dossier de défense des sœurs, alors même que l’ordre qui devait décider en première instance aurait dû logiquement être rencontré en premier. Cela nous paraît comme étant en parfaite contradiction avec les règles élémentaires de toute procédure judiciaire ou canonique. L’ordre est conscient de la situation douloureuse des sœurs, ainsi que de celle de toutes les personnes qui les ont accompagnées et aidées pendant tant d’années. Cette décision de renvoi de l’ordre nous attriste tous. Mais elle est la conséquence du choix radical que les six religieuses ont fait de rester dans le monastère de Cordemoy. "