C’est une guirlande sans fin d’ordures…
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Publié le 06-03-2023 à 15h53
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Je me demandais comment reparler de l’état consternant, de plus en plus désolant, des bords de route. Sur certaines portions, la quantité de déchets est telle qu’on ne voit plus qu’eux, en continu. Ils se touchent presque. Ça n’arrête pas. Par endroits, c’est même un amas. Un tas. On a carrément jeté un sac, le sac a crevé et le contenu s’est répandu, éparpillé.
Alors, pour décrire le tableau, son aspect physique, j’ai pensé au mot guirlande parce qu’il donne bien l’idée du déroulement… Mais il donne aussi l’idée de la décoration, la volonté de faire joli, pimpant, festif…
Seulement là, avec la guirlande des bords de route, on a affaire à une décoration inversée, une décoration en négatif: les décorateurs se plaisent à dégrader, en toute impunité, le monde où nous sommes. À souiller les parties communes de notre habitation.
Avec des ordures. Avec leurs ordures.
Et j’ai pensé associer le mot guirlande au mot ordure pour le contraste. Pour en jouer.
Le mot ordure (qui a reculé dans l’usage) est fort intéressant. Par son histoire et pour sa polysémie.
Étymologiquement, il veut dire: sale. Il a longtemps désigné les impuretés sécrétées par le corps et notamment les excréments. Il s’est retrouvé à prendre un sens moral, à désigner l’abjection ou l’obscénité. Il est même devenu une insulte. Puis il a désigné plus largement les petits déchets de la vie domestique, les épluchures,
les vidures… Et on a parlé des ordures ménagères.
Mais le mot ordure a été remplacé par le mot déchet. Nettement moins chargé, plus neutre.
Or voilà qu’il revient en force. Il est en première position dans le titre d’une exposition présente toute cette année au Musée de la Vie wallonne: Ordures, l’expo qui fait le tri.
Autrefois, pour apprendre la propreté aux animaux domestiques, on avait une technique un peu rude: on leur mettait le nez dans leurs déjections, dans… leurs ordures.
Pour essayer de nous sensibiliser à notre production ordurière, pour nous rappeler à un minimum de tenue, voilà qu’on nous reparle d’ordures, de nos ordures.
Voilà que l’exposition Ordures, l’expo qui fait le tri nous met le nez dessus.
Dedans même !