"Ce sera le point culminant artificiel de la Belgique !" : ils ne veulent pas du projet éolien à la Baraque de Fraiture
L’Association de défense de la Baraque de Fraiture ne veut pas entendre parler du projet éolien du Bois de Groumont. Elle le fait savoir.
Publié le 01-03-2023 à 08h23
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Jean Devillers le lance sans détour: "Avec ces éoliennes, la Baraque de Fraiture sera le nouveau point culminant artificiel de la Belgique !" Et ça, il n’en veut pas !
Comme d’autres, ce citoyen de la commune de Vielsalm fait partie de l’association de défense Baraque Fraiture (ADRB). Une association qui, actuellement, est sur des charbons ardents, face au dépôt, cette semaine, d’une demande de permis pour un parc éolien dans les communes voisines de Lierneux et Manhay (voir par ailleurs).
Une réunion s’est tenue il y a quelques jours en présence de riverains, une façon pour l’ADRB d’expliquer sa position et les enjeux de ce dossier: "Cette réunion s’est tenue dans un excellent climat. Les gens s’interrogent sur de nombreux points. On constate que tous ne se rendent pas compte de l’impact notamment visuel de ces éoliennes. Cela n’est pas rendu sur les photos montages. Chaque éolienne, c’est deux fois l’Atomium ! Par ailleurs, depuis la réunion de 2019, plus personne n’était informé de la suite de ce dossier."
Dangers
Pour Jean Devillers, affirmer que ces engins, sur des lignes de crête, ne modifieront pas l’impact visuel, relève de l’ineptie: "Ces paysages, admirés depuis des lustres, vont être modifiés. Ces éoliennes seront visibles, par beau temps, depuis le Sart-Tilman." Pour l’instant, l’ADRB étudie avec attention l’étude d’incidences environnementale accompagnant la demande de permis. Parallèlement, notre interlocuteur énumère quelques griefs à l’encontre de ces éoliennes qui pourraient prendre place au sommet de la province de Luxembourg: destruction du patrimoine paysager, destruction de la faune et de la flore du bois de Groumont, le site choisi par le promoteur, diminution de la valeur des biens immobiliers ou encore danger pour la santé des riverains.
En justice
Par ailleurs, techniquement, Jean Devillers s’interroge: "Visiblement, le raccordement de ces éoliennes pose problème. Il devrait se faire à Rendeux, à plus de 20 kilomètres de là, avec des longueurs de tranchées interminables." Actuellement, l’ADBR insiste pour que la population se manifeste dans le cadre de l’enquête publique et fasse part de ses remarques pour ce projet. On anticipe également la suite de ce dossier. Si le permis était octroyé, l’association se réserve le droit d’ester en justice et d’utiliser tous les moyens légaux pour que ce projet ne sorte pas de terre.
L’enquête lancée dans cinq communes pour un mois
La demande de permis a été déposée en janvier. L’enquête publique, elle, débute ce 2 mars pour une durée d’un mois. Le dossier est consultable dans les Communes de Lierneux et Manhay, là où le site du projet se situe, mais également à Vielsalm, Houffalize et La Roche-en-Ardenne.
"Tout intéressé peut formuler ses observations écrites ou orales auprès de l’administration communale dans le délai, jusqu’à la clôture de l’enquête. Elles peuvent être envoyées par télécopie, courrier électronique, courrier ordinaire ou encore être remises directement à la commune." Les Communes ont la faculté de remettre un avis, mais ne sont pas compétentes en matière de la délivrance de ce type de permis.
Si ces Communes, comme par exemple Lierneux, attendent avant de se prononcer, celle de Vielsalm a déjà annoncé que, notamment dans le cadre de sa volonté de développer le site de la Baraque de Fraiture et de posséder la maîtrise foncière des sites choisis, elle remettrait un avis négatif sur ce projet
"De nombreux avantages" pour Luminus
C’est la société Luminus qui porte ce projet de parc éolien dans les bois de Groumont, situé dans les communes de Lierneux et Manhay.
Le projet fait état de cinq éoliennes. "La puissance nominale par éolienne est de max 4, 2 MW pour une production annuelle estimée de 37 GWh, soit la consommation de 9 400 ménages, explique-t-on chez Luminus. Le projet présente l’avantage de respecter de très grandes distances entre les éoliennes et les habitations. La première habitation, isolée, est à 820 mètres et les autres à plus de 1 400 mètres. Par ailleurs, le gisement venteux de très grande qualité, l’accès au site est aisé, étant le long de l’autoroute E25 et la topographie est plane."
Pour ce qui est de la localisation, là aussi, on se veut rassurant: "Comme pour notre premier parc éolien de Lierneux, il s’agit ici d’une zone d’exploitation forestière à faible valeur biologique. Elle est constituée principalement de résineux à vocation commerciale. Ces zones sont souvent synonymes de perte de biodiversité, et souvent appelées “déserts biologiques”. L’expérience nous a montré que la création de clairières dans ce genre de massifs favorisait le retour d’une certaine faune."
Tout en mettant en avant que les prescriptions de l’étude d’incidences environnementales seront suivies à la lettre: "Le respect de la nature et des riverains est l’une de nos priorités majeures".