Jacques Delacolette : "Le nourrissage ne garde pas les sangliers en forêt"
Autre son de cloche : le nourrissage ne permettrait pas de garder les sangliers en forêt, ni d’empêcher des dégâts aux prairies et cultures.
Publié le 24-02-2023 à 18h52 - Mis à jour le 24-02-2023 à 18h53
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Les opinions sont partagées sur le bien-fondé du nourrissage dissuasif des sangliers. Après le conseil cynégétique du Bois Saint-Jean, opposé à la suppression de cette pratique, c’est un garde assermenté d’une chasse du ressort de ce conseil qui monte au créneau pour la dénoncer.
"On entend au sein de certaines sociétés de chasse de plus en plus de chasseurs remettant en cause cette pratique, qui soyons honnêtes, ne permet que d’appâter les sangliers, de les garder sur son territoire de chasse et de les maintenir en forme toute l’année", souligne Jacques Delacollette.
Selon le Houffalois, contrairement à ce qu’affirme le conseil cynégétique, par la voix de son président Bernard Deumer, le nourrissage ne permet pas de garder les sangliers en forêt, ni d’empêcher des dégâts aux prairies et cultures. Il revient sur une expérience qu’il a vécue pour prouver ses dires.
"Un jour, j’ai constaté, sur un site de nourrissage, qu’il n’a pas fallu plus de 20 minutes à 40 sangliers pour manger 50 kg de céréales. Ils n’étaient pas encore rassasiés et ont passé une partie de la nuit dans les prairies et les cultures. Ces dernières années, les dégâts n’ont jamais été aussi importants. La pratique a été autorisée par le ministre Guy Lutgen voici presque trente ans: si le nourrissage dissuasif était La solution, il n’y aurait plus du tout de dégâts."
La faute à certains chasseurs
Selon Jacques Delacollette, s’il y a une surpopulation de sangliers, c’est avant tout à cause de certains chasseurs. "Il arrive qu’on entende sur certains territoires de chasse, lors des instructions de tir le matin, que le chasseur qui tire une laie sera à l’amende. La sanction est, par exemple, de 250 € pour une laie de plus de 60 kg. Cette protection du cheptel a duré plusieurs décennies sur plusieurs grands territoires de chasses. Certains chasseurs “lèvent” leur carabine quand ils voient un gros sanglier passer la ligne de tir. Ces instructions de tir n’ont fait, d’année en année, qu’augmenter cette population de sangliers."
Cette surpopulation de sangliers a, dit-il, des répercussions néfastes sur l’environnement, tant pour le monde agricole, que l’avifaune, les reptiles, les amphibiens et la flore en général.
"Des tonnes de céréales sont semées chaque jour dans les forêts de Wallonie pour nourrir des bêtes sauvages qui n’en n’ont nullement besoin, conclut-il. L’agriculture doit servir à nourrir les humains avant toute chose. Aujourd’hui encore, certains de ces humains ont faim mais certains chasseurs n’ont aucun scrupule à se servir de cette nourriture pour assouvir leur loisir et pour certains, leur business."