Judiciaire : le bodybuilding et ses produits interdits
André Dufrasnes, le body-builder le plus titré de Belgique, a fini sa carrière, mais se retrouve sur le banc des accusés pour commerce d’anabolisants.
Publié le 23-02-2023 à 17h59 - Mis à jour le 23-02-2023 à 18h00
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Le 27 mars 2021, sur l’E411 à hauteur de Léglise, une voiture, immatriculée en France, est flashée en net excès de vitesse. Elle est rattrapée par une voiture de police et priée de s’immobiliser sur l’aire de Nantimont, à hauteur de Habay. Les policiers fouillent la voiture et tombent sur deux grands sacs noirs sur la banquette arrière. Leur contenu n’était pas des stupéfiants comme d’habitude, mais des produits anabolisants, interdits en Belgique. Le domicile du conducteur à Binche a été perquisitionné et d’autres produits similaires, en quantité peu importante, ont été découverts dans un placard.
Le quinquagénaire s’est présenté penaud devant le tribunal correctionnel. "Mon client est tellement malade à l’idée de se retrouver devant un tribunal, explique l’avocat carolo Christian Mathieu, qu’il est arrivé hier à Arlon avec sa femme et qu’ils ont réservé une chambre d’hôtel. Ce matin, ils étaient au tribunal une heure avant l’heure prévue sur la convocation de peur d’être en retard."
L’homme reconnaît les faits. "Je me rendais en France chez une connaissance qui m’avait passé une commande, bredouille André Dufrasnes, une ancienne star dans le domaine des corps hypermusclés. Je suis un ancien body-builder professionnel. C’était mon métier et j’ai gagné de nombreux concours internationaux. Je reconnais que je prenais ces substances du temps où je concourrais, mais j’ai arrêté en 2017, suite à une compétition où je n’ai terminé que deuxième. J’ai été tellement déçu que j’ai tout stoppé pour me mettre au vélo. Il me restait un peu de stock."
Des produits indispensables pour gagner
"On sait ce qu’est ce milieu, poursuit Me Mathieu. Pour devenir l’homme le plus titré en Belgique en bodybuilding, il faut imposer à son corps de dépasser certaines limites. Plusieurs jours avant une compétition, le régime alimentaire poussé à l’extrême permet au corps d’être sec le jour J. La prise de ces produits est indispensable, même si elle est interdite."
Le ministère public, représenté par Stéphanie Brand, ne s’opposera pas à une suspension du prononcé, malgré les antécédents judiciaires du champion. Elle s’est montrée beaucoup plus sévère vis-à-vis des commanditaires, un couple de Français résidant du côté de la frontière suisse, qui n’a pas répondu à la convocation du tribunal. Elle a requis 3 mois de prison et 24 000 € d’amende à leur encontre.
Le tribunal rendra son jugement le 22 mars.