"Maman, appelle le 112, je vais mourir" (vidéo)
Le 6 mars, la chambre des mises en accusation doit renvoyer devant les assises Omar Hedi pour le meurtre de Mariana Gouverneur, d’Athus.
Publié le 21-02-2023 à 19h23 - Mis à jour le 21-02-2023 à 19h25
Anita Onraet se souviendra toute sa vie de la soirée du dimanche 18 avril 2021.
L’Athusienne attendait en soirée un appel de sa fille Mariana, depuis Rochefort où la jeune femme de 25 ans vivait avec ses 5 enfants et son mari tunisien, Omar Hedi.
"On s’appelait avec Mariana deux ou trois fois par jour, on était fusionnelles. Mariana était revenue seule chez nous à Athus le week-end précédent, je l’avais trouvée plus stressée. Elle nous avait annoncé qu’elle voulait divorcer de son mari Omar. Mais jamais on n’aurait pressenti le drame qui allait survenir huit jours plus tard", raconte la maman Anita – Nina pour ses amies – toujours très choquée deux ans plus tard.
"Où est Mariana ?"
Le soir du dimanche 18 avril 2021, à 22 h 53, le smartphone de la maman Anita sonne enfin, à Athus. Elle et sa fille Mariana se parlent toujours via la vidéo de Messenger.
Elle voit Mariana ensanglantée, "avec plein de sang sortant de sa bouche ".
"Ma fille parlait à voix faible, mais elle a rassemblé ses forces pour me dire: “Maman, appelle l’ambulance, je vais mourir…” Et l’appel a cessé."
Anita poursuit: "J’étais dans tous mes états. Mon mari a appelé le 112, mais moi j’ai essayé au moins 7 fois, 8 fois de rappeler Mariana. En vain. Elle ne décrochait plus. Et puis c’est Omar, son mari, qui a enfin décroché ! Je ne voyais plus à l’écran Mariana. J’ai hurlé: “Où est Mariana ? Où est ma fille ?”
J’étais en colère et j’ai traité Omar de tous les noms. Il m’a alors montré ma fille au sol, cou chée, inanimée. Il m’a en suite regardée, il s’est mis à genoux et m’a dit “Elle m’a laissé tout seul avec les enfants.”"
Il la surveillait non-stop
Les parents Gouverneur disent n’avoir jamais sympathisé avec Omar. "Il a eu quatre enfants avec notre fille (NDLR. Mariana a eu une première fille d’un ménage précédent), mais on sentait qu’elle était sous son emprise. Ils ont vécu d’abord chez nous à Athus, mais quand ils sont partis habiter à Marche d’abord puis à Rochefort, on n’en pouvait plus avec lui. Il s’était installé chez nous, ses beaux-parents, comme chez lui, il avait déployé ses draps. On se serait cru dans une mosquée", confie Pascal Gouverneur.
La maman Anita ajoute: "Quelques jours avant le drame, Omar m’a dit au téléphone “Je rends la liberté à ta fille”. Mais elle n’avait aucune liberté. Il était toujours là derrière elle quand on l’appelait. Et si j’avais le malheur de monter à Rochefort et d’aller marcher dehors quelques minutes avec ma fille, il nous appelait constamment pour voir où nous étions. C’était infernal."
Ce lundi à Liège, Anita et son mari Pascal Gouverneur ont assisté avec leur avocat Me Marc Kauten aux débats devant la chambre des mises en accusation. Ils attendent un arrêt de renvoi avec prise de corps (maintien en détention) au moins jusqu’au procès d’assises qui devrait avoir lieu à Namur, vraisemblablement fin 2023 ou début 2024.