L'hôpital d'Houdemont recalé, Vivalia prépare déjà un recours
La direction de Vivalia prépare un recours contre la décision de l’urbanisme de recaler le permis de bâtir de l’hôpital d’Houdemont. Le mayeur d’Arlon: "On se fout de nous depuis des années"!
Publié le 20-02-2023 à 17h03 - Mis à jour le 20-02-2023 à 19h27
Sérénité. Voilà le mot qu’avaient à la bouche les responsables de l’intercommunale Vivalia, lundi, face à la presse, quelques heures à peine après avoir pris connaissance de l’avis négatif de l’administration wallonne sur la demande de permis pour le futur nouvel hôpital à Houdemont (Habay) le long de l’E411.
Un projet qui, pour rappel, est la pierre angulaire du plan Vivalia 2025 visant à réorganiser l’offre hospitalière et de soins de santé en province de Luxembourg ; avec ce nouveau centre hospitalier régional de 660 lits et le maintien de la clinique de Marche en site aigu. Si le rapport est signé à la fois par le fonctionnaire délégué (urbanisme) et technique (environnement), c’est le premier aspect qui est pointé par l’administration. "Cette demande de permis comporte deux volets, rappelle France Riguelle, gestionnaire de projet pour Vivalia 2025. En ce qui concerne le volet environnement, la qualité du travail est soulignée. Par contre il y a des réserves pour le volet urbanisme, ce qui explique le caractère négatif."
Dans le rapport comptant plus de 200 pages, seule une vingtaine contient des remarques justifiant l’avis négatif. S’ils ne s’étendent pas sur le contenu, les responsables de Vivalia indiquent que la localisation à Houdemont est pointée négativement, alors qu’un autre emplacement pour ce nouvel hôpital, comme à Habay-Gare, déjà évoqué par le passé, semble être mieux perçu par le fonctionnaire délégué.
Vivalia en "prend acte"
"Nous n’avons pas d’autre choix que de prendre acte de cette décision de l’administration et nous étudions le contenu de ce refus depuis lundi matin", précise le directeur général de Vivalia, Pascal Mertens.
Avec déjà une première démarche, à savoir proposer au conseil d’administration de l’intercommunale, qui devait de toute façon se réunir ce 24 février, de prendre la décision d’aller en recours auprès du gouvernement wallon.
Vu de l’extérieur, les responsables de Vivalia ne semblent donc pas avoir été pris de court. " Cette décision de l’administration faisait partie des scénarios que nous envisagions dans le cadre de la procédure", affirme France Riguelle. " Nous sommes déjà à l’étape suivante", complète le Dr Vincent Delrue, gestionnaire de projet médical.
Malgré ce refus, les responsables de Vivalia expliquent que le projet de nouvel hôpital est toujours bien d’actualité. "C’est ce projet, et nul autre qui représente l’avenir des soins de santé dans la province, lance le président de l’intercommunale, Yves Planchard. Nous restons optimistes en sachant qu’il y aura d’autres défis. Nous demandons toujours une solidarité maximale."
Le rapport de l’administration, dans son rôle, a donc répondu à des questions urbanistiques et non à la philosophie du projet.
"Un 20 sur 22"
"On se rend compte que cette position est doctrinale à l’opposé de notre projet concernant l’avenir des soins de santé, réagit le Dr Vincent Delrue. Il y a vision de l’administration par rapport à la localisation. Or, pour nous, le projet passe avant la localisation." Et le directeur général de pointer de son côté: "Nous avons reçu un 20 sur 22, une note pour laquelle des étudiants n’auraient pas à rougir pour un examen". Le prochain arbitrage – car la future décision du CA de Vivalia ne fait quasi aucun dote – sera donc du ressort du gouvernement wallon et non plus de l’administration. Et jusqu’à présent, les autorités politiques régionales se sont toujours montrées favorables au projet via notamment des promesses de financements.
L’alternative "Habay-Gare"
Cette piste, évoquée par le passé, est abandonnée depuis longtemps. Mais le fonctionnaire délégué l’évoque pourtant comme alternative en filigrane "Cette option n’est pas possible en termes de superficies, dit le Dr Vincent Delrue, gestionnaire médical du projet Vivalia 2025. Les normes imposent notamment un recul suffisant des hôpitaux par rapport aux voies de communication pouvant transporter des substances dangereuses. Le chemin de fer, avec de tels transports possibles, serait trop proche. La commune de Habay et sa majorité actuelle sont favorables à l’emplacement à Houdemont. Et de nombreux avis vont en ce sens."
Un refus également du gouvernement wallon
La procédure est précise. Le conseil d’administration de Vivalia a une vingtaine de jours pour introduire un recours auprès du gouvernement wallon. L’exécutif régional doit alors prendre position dans les trois mois. Ce qui fait dire au directeur général de Vivalia que l’avis négatif "ne fait perdre que 2-3 mois" dans la procédure. Un refus du gouvernement wallon pourrait aussi être contesté. "Si au final, la demande de permis unique reçoit un avis négatif, cela serait la fin de soins de santé aigus en province de Luxembourg", estime Pascal Mertens. Mais les responsables de Vivalia ne l’envisagent donc pas.
Un refus perçu comme une victoire par les opposants au nouvel hôpital
"Est-il bien pertinent de se réjouir alors qu’un important travail a déjà été mené et qu’il a déjà été décidé d’achat de terrains ? réagit Yves Planchard, le président de Vivalia. Chaque aura sa réaction face à des enjeux importants en matière de soins de santé."