Le numéro de garde 1733 inactif en province de Luxembourg ? « C’est un peu du foutage de gueule »
Jusqu’à la mi-mars, il sera compliqué de garantir les appels 1733, faute d’opérateurs. Les médecins de garde poussent un coup de gueule, car le bon fonctionnement des postes de garde est garanti par le 1733.
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Publié le 03-02-2023 à 17h56 - Mis à jour le 03-02-2023 à 18h14
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Impossible pour le patient de joindre quelqu’un en appelant le numéro de garde médical 1733 ? Ce fut le cas ce 1er février. Une première ! Et cela aurait également pu l’être le 3, le 18 et le 26 février, faute d’opérateurs téléphoniques disponibles. Mais la centrale d’Arlon a finalement trouvé du renfort dans d’autres centrales de Wallonie (lire ci-contre).
Le numéro 1733 inactif, "c’est un peu du foutage de gueule", se fâche Christian Guyot, président des postes médicaux de garde Luxembourg-Dinant (PMGLD). C’est un outil qu’on nous met à disposition, qu’on nous a imposé et qui nous convient très bien. "
« L’équilibre dépend du 1733 »
Le numéro 1733 est activé à partir de 18 h, et pour toute la nuit, ainsi que les week-ends et les jours fériés. Il permet de trier et de bien aiguiller les patients.
Si vous appelez pour une urgence vitale (normalement vous auriez dû composer le 112), on vous enverra une ambulance. Si vous avez besoin de voir un médecin généraliste, vous serez orienté vers un poste médical de garde ouvert (dans le centre de notre province, ils ne sont pas tous ouverts toutes les nuits) à une heure donnée, afin de ne pas engorger les salles d’attente. Tout bénéfice pour le patient qui n’attend pas inutilement, et pour le médecin qui peut exercer son métier dans de bonnes conditions.
" L’équilibre du poste de garde dépend du 1733, souligne le dr Christian Guyot. Sans le 1733, des gens vont se précipiter au poste de garde et risquent de trouver porte close, soit parce qu’il est fermé, soit parce que le médecin est en visite chez un autre patient.
Les postes médicaux risquent d’être engorgés avec des personnes qui viennent pour le renouvellement d’une prescription médicale, faire remplir un papier pour la pratique d’un sport… qui peuvent sans problème attendre le lendemain. On n’est pas là pour ça en garde. Et nos salles d’attente ne sont pas dimensionnées pour. "
La crainte d’un modèle « à la flamande »
Les premiers postes médicaux de garde ont vu le jour dans notre province il y a douze ans, afin d’alléger le travail des médecins. En centralisant les gardes de nuit et de week-end, les généralistes ont moins de gardes à assurer. L’objectif, in fine, étant d’attirer des médecins dans nos zones rurales.
Depuis lors, les postes de gardes ont essaimé partout dans le pays, avec des fonctionnements différents selon les régions. D’où la volonté du législateur d’harmoniser le tout, à l’horizon 2024. Une réforme qui suscite deux craintes en province de Luxembourg.
"Il y a une grosse différence de vision entre la Flandre et la Wallonie, avance le dr Christian Guyot. En Flandre, le poste médical est ouvert pour tout le monde. Il n’y a pas de tri. C’est un modèle davantage économique." Chez nous, la dynamique est différente. La garde est un service rendu aux patients qui ne peuvent attendre le lendemain pour voir un médecin.
Nos médecins de garde craignent un glissement vers la pratique flamande.
Quid du financement
Autre crainte, celle liée au financement. Si les 7 postes médicaux de garde (Arlon, Tintigny, Libramont, Bastogne, Marche, Bièvre et Dinant) seront bien maintenus, leur financement suscite encore des inquiétudes. Et sans financement adéquat, il ne sera pas possible de tous les maintenir… "Une partie des frais pourrait être financée en fonction de la population", rapporte le dr Christian Guyot. Nos postes médicaux couvrant de larges zones peu peuplées, ils risquent donc d’être sous-financés. Des discussions et négociations sont toujours en cours. Les médecins espèrent encore convaincre de la spécificité de nos régions rurales.
1733 : les opérateurs en sous-effectif jusque la mi-mars

La centrale d’Arlon gère les appels 112 pour notre province (aussi 100 et 1722), ainsi que les appels 1733 pour la province de Luxembourg, l’arrondissement de Dinant et la province de Liège (hors l’arrondissement de Huy-Waremme).
Le week-end par exemple, la centrale travaille avec 5 à 6 opérateurs (auparavant ils étaient 8): deux dédiés au 112, un pour les communications radio et les autres pour le 1733. "En moyenne, sur 24 heures, nous traitons 1000 appels 1733, signale Jean-Michel Grégoire, chef de service. C’est une charge de travail énorme". Une dizaine d’opérateurs ont quitté la centrale. Douze sont en formation jusqu’à la mi-mars, ils intégreront ensuite l’équipe composée d’une petite trentaine d’opérateurs.
En attendant, il est compliqué pour la centrale d’assurer les appels 1733. "On travaille pour le moment avec des renforts de Liège, Namur et Mons pour que le 1733 soit le moins impacté possible, ajoute Jean-Michel Grégoire. Ce 3 février au soir, il aurait dû être fermé, mais on a trouvé un renfort. On a aussi finalement trouvé des solutions pour le 18 et le 26 février, mais il ne faudrait pas qu’un agent tombe malade…"
Y aurait-il une volonté de laisser tomber les appels 1733 ? "Non, pas du tout, que du contraire, répond Jean-Michel Grégoire. Le 1733 apporte une réelle plus-value pour la population. Il est hors de question de toucher au 1733. Quand il n’y a pas le personnel, on n’a pas le choix… " A terme, chaque centrale reprendra les appels 1733. La centrale d’Arlon sera donc déchargée des appels liégeois.
Notons que les centrales sont interconnectées. Si tous les opérateurs 112 d’Arlon sont en ligne, le prochain appel 112 sera pris en charge par une autre centrale. "Mais cela ne fonctionne que pour le 112, pas pour le 1733 ", signale Jean-Michel Grégoire.