Menaces de mort à Bertogne : "Honteux" pour la minorité, "déplorable" pour Lutgen
Jean-Marc Franco, l’actuel bourgmestre de Bertogne et Christian Glaude, son prédécesseur, sont menacés de mort dans un courrier anonyme envoyé à la Commune.
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Publié le 30-01-2023 à 21h13 - Mis à jour le 31-01-2023 à 10h04
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Alors qu’il ne reste qu’une étape pour l’officialiser, la fusion des communes de Bastogne et Bertogne provoque encore de sacrés remous. Des menaces de mort même.
En effet, dans un courrier anonyme envoyé à la Commune de Bertogne en décembre, une personne, qui s’oppose à cette fusion, menace de mort Jean-Marc Franco, actuel bourgmestre de Bertogne et Christian Glaude, son prédécesseur, ainsi que le ministre wallon des Pouvoirs locaux Christophe Collignon, a informé SudInfo. Une plainte a été déposée contre x, la zone de police de Centre-Ardenne mène actuellement son enquête.
Le bourgmestre de Bertogne s’est refusé à tout commentaire sur le sujet, ne voulant pas attiser ces tensions.
« Honteux »
La minorité, via Louis Vaguet, condamne fermement ces menaces: "Il n’est pas normal d’en arriver à un courrier de cet acabit, c’est honteux ! Ce n’est pas parce que l’on est en désaccord avec une chose publique qu’il faut venir avec des menaces. Nous ne cautionnons évidemment absolument pas, nous aurions clairement préféré que ça n’arrive pas." Il regrette cependant la sortie de l’information dans les médias, lui qui était au courant depuis plusieurs semaines. "Nous avons été entendus par la police le 28 décembre et la consigne claire était de ne pas en parler, indique Louis Vaguet, qui précise n’avoir aucune idée de l’identité de l’auteur. Je ne comprends pas pourquoi et qui a divulgué l’information. Cela n’aide pas l’enquête."
De son côté, Benoît Lutgen, qui a déjà reçu ce genre de menaces par le passé, trouve "déplorable et le mot est faible d’en arriver à des menaces de mort. C’est interpellant. J’exprime toutes mes amitiés à Jean-Marc Franco, Christian Glaude et Christophe Collignon et leur famille car cela les touche également." Il poursuit: "Plus globalement, nous en appelons à une forme de sérénité. J’espère que tout le monde prendra ses responsabilités pour que tout se passe dans le respect. Je salue d’ailleurs les mandataires qui ont toujours exprimé leur désaccord sur la fusion de façon respectueuse et correcte. Ce n’est pas le cas de tous. Il y a une manière de faire sans exaltation."
Si certains estiment que la minorité n’a pas toujours aidé à calmer les tensions provoquées par la fusion, Louis Vaguet est clair: "Nous n’avons rien à voir avec un tel acte, il ne faut pas faire d’amalgame", répétant "ne pas comprendre comment on peut arriver à de tels agissements ".
Des remous depuis l’annonce de la fusion
Ces menaces s’ajoutent à la liste des tensions visibles depuis l’annonce du projet de fusion en février 2022. Une fusion décidée en catimini par les deux majorités, sans prévenir les minorités et qui ne figurait pas dans les programmes électoraux. Ce qui avait, déjà, nourri des mécontentements dans la commune. Jacques Aubry, chef de file de la minorité bertognarde, parlait alors de déni de démocratie, se disant en colère de la manière de procéder.
Le choix de ne pas prévoir de référendum, mais des réunions citoyennes comme le permet le processus légal, n’aidant pas non plus à calmer les déçus.
Le niveau de tension a augmenté d’un cran avec l’affaire de la pétition déclarée non-recevable. Mi-février, la minorité annonce lancer une pétition pour obtenir l’organisation d’une consultation populaire. Si elle obtient plus de 1600 signatures, bien plus que les 20% de la population nécessaires pour être réalisée, la pétition est recalée début mars car elle n’a pas été faite sur les bons documents officiels. De quoi provoquer l’ire de certains citoyens, qui prévoient alors de se manifester au conseil communal suivant, prévu le 10 mars, et lors duquel la pétition et la consultation populaire devaient être abordées. Mais la séance a été annulée une heure avant son début, car le bourgmestre Christian Glaude venait de subir des soucis de santé, et d’être hospitalisé. Une annulation qui n’est pas passée auprès de tout le monde. D’autant que des citoyens, au courant ou non de la nouvelle, se sont déplacés en nombre. Et certains y sont venus avec leurs tracteurs, parfois avec leur remorque. Des paroles tendues, agressives, ont été échangées dans un climat électrique. Par mesure de sécurité, les échevins ont d’ailleurs été reconduits sous escorte policière et leur domicile surveillé. Le lendemain, les élus, tant de la minorité que de la majorité, ont appelé à un climat plus serein. Ce sera la seule manifestation concrète de la colère d’une partie de la population.
Diminué, Christian Glaude a alors démissionné, laissant place à Jean-Marc Franco. Du côté de la minorité, Louis Vaguet a été entendu par le parlement wallon sur la première pétition et a décidé d’en relancer une nouvelle.
Entre-temps, les deux Communes ont validé le dossier et l’ont officiellement introduit à la Région wallonne fin juin.
La seconde pétition recueillant plus de 1200 signatures, sur les bons documents, une consultation populaire a été organisée le 20 novembre. Ce scrutin, purement consultatif, a vu 65% des votants être contre, pour 42% de participation. Un "non" à la fusion clair au niveau du résultat, mais pas assez massif que pour faire dérailler le train déjà bien lancé de la fusion.
Tout cela n’a pas aidé à diminuer l’électricité dans l’air, bien palpable à chaque séance du conseil ces derniers mois, entre les élus de la majorité et de la minorité. Mais qui n’a, il faut le signaler, jamais dépassé ni les paroles ni les bornes du respect. Très loin donc des menaces actuelles.
Désormais, après l’adoption par le gouvernement en première lecture de l’avant-projet de décret relatif à cette fusion, il ne reste plus qu’une étape pour l’officialisation: le vote du parlement wallon qui sera effectué avant le 31 mars.