Le directeur Pierre Steveler quitte l’Indsé à Bastogne le 1er février : « Je ne vais pas m’embêter »
Après douze ans à la direction de l’Indsé de Bastogne, Pierre Steveler passe le relais à son adjoint Dominique Lambert. Bilan.
Publié le 28-01-2023 à 06h00
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Pierre Steveler, le 1er février prochain, vous allez quitter la direction de l’Indsé (Institut Notre-Dame et Séminaire de Bastogne) après 12 ans à sa tête. Quelle évolution avez-vous connu durant ces années ?
Je parlerai plutôt sur l’ensemble de mes quarante années dans l’enseignement. Je pourrais dire que tout a changé, mais aussi que rien n’a changé. Tout a changé notamment au niveau du travail collaboratif des professeurs. On est passé d’un système très individualiste à un système hypercollaboratif avec la création de cours en commun, de questionnaires d’examen similaires, la correction en équipe. Par ailleurs, les enseignants se sont massivement formés aux technologies nouvelles, même avant le Covid, même s’il a poussé dans le dos, avec l’utilisation de la plateforme « Classroom », des séquences enregistrées, des sites dédiés aux cours, des équipements numériques. Et cela a obligé l’école à investir dans des nouvelles technologies. Mais rien n’a changé car, fort heureusement, le plus important c’est la relation si particulière qui peut s’établir en classe, entre un professeur et ses élèves. Pour progresser, ils ont besoin d’un « maître », plus un maître qui impose, mais plutôt un guide.
Les jeunes ont néanmoins aussi changé ?
Il serait difficile de dire qu’ils n’ont pas changé parce que la société évolue. Le rapport à la communication et aux informations a évolué. Ils y ont accès en un clic, mais ils ont parfois du mal à faire la part des choses. Et cette technologie cause beaucoup de dégâts, comme le cyberharcèlement. Nous avons créé une cellule écoute, graine de bienveillance, au sein de l’école, mais cela reste difficile à gérer. Mais les jeunes gardent une grosse envie d’apprendre, de travailler dans le respect et l’échange.
Vous avez également dû composer avec de nombreuses réformes…
Avec des cheveux gris qui tendent vers le blanc, je dois avouer que ce à quoi on aspire dans l’enseignement, c’est la stabilité. J’espère que la nouvelle réforme va enfin l’apporter car c’est déstabilisant pour les enseignants de changer. Il faut vraiment que nos responsables leur fassent confiance tout comme aux directions. Outre les réformes, il faut aussi composer avec la pénurie des enseignants. C’est la hantise des directions. Comment les remplacer durant l’année ? C’est la cata. Et avec les réformes, cela ne devrait pas s’arranger. On risque de devoir former des profs en quelques mois.
Quelques beaux souvenirs ?
Ce qui me vient à l’esprit, c’est avant tout les souvenirs festifs: les 200 ans de l’école avec une randonnée à vélo jusqu’à Metz où tout a commencé pour notre établissement, les 20 ans de l’Indsé, le passage du flambeau avec le retour à des saynètes parfois piquantes sur les profs et la direction, la création d’une radio écoutée jusqu’aux États-Unis.
Et des moments plus difficiles ?
Je dirai qu’il n’y a pas photo, si je peux me permettre (NDLR: en lien avec le fait divers d’un professeur prenant des photos de ses élèves). L’année 2016 n’a pas été facile avec la réforme des titres et fonctions. Mais cela n’est rien par rapport au sentiment de perdre des membres du staff ou même des élèves. J’en ai malheureusement trop connu.
Ce sera difficile de fermer la porte de votre bureau ?
Je crains que ma voiture ne se souvienne trop de l’entrée de l’école au rond-point Liège-Bastogne-Liège. Mais pas question de revenir tous les jours même si je resterai à la disposition de mon école. Je compte atteindre les 15 000 km à vélo, jardiner et continuer à préparer mon bois de chauffage. Je ne vais pas m’embêter.
Dominique Lambert, nouveau directeur : « Devoir gérer les nouvelles réformes »

Directeur adjoint de Pierre Steveler, c’est donc Dominique Lambert qui prendra sa succession. "Cela fait des années que Pierre m’associe à la direction et que les décisions se réalisent en binôme, explique-t-il. À présent, il faudra relever des défis qui dépassent notre école comme le PEC, la réforme de l’enseignement qualifiant, et puis le tronc commun. Cela donnera une réflexion au sein de notre école comme les deux premières années se situent “chez les Sœurs” et la 3e “au Séminaire”. On ne devrait pas changer la donne, mais ce sera sur la table de réunion pour préparer au mieux 2028."
Il n’y aura cependant pas de grosses révolutions. "Avec Carole Pierret, qui sera mon adjointe, nous continuerons à soutenir les projets mis en place par les professeurs. Elle était très impliquée dans le projet de pédagogie alternative ; celui-ci se poursuivra. Et puis il y a de gros travaux en vue au niveau des bâtiments avec notamment l’isolation du bâtiment."
Depuis 1986 dans l’école
Pierre Steveler a commencé son parcours professionnel au Collège Saint-Joseph de Virton en 1983 avant de rejoindre le Séminaire Saint-Joseph de Bastogne en septembre 1986. Il y enseignera la physique, l’informatique et les mathématiques, finalement ce qu’il préférait. En 2004, il devient l’adjoint d’Armel Job alors que l’école est devenue l’Indsé après la fusion avec l’Institut Notre-Dame. Et en 2010, il lui succède jusqu’au 1er février 2023.
Enfin le centre sportif ?
Le dossier d’un centre sportif au sein de l’Indsé ne date pas d’hier. Après quelques espoirs vains, il devrait enfin voir le jour dans les prochains mois. Il envahira la partie basse de la "cour bétonnée". Une voirie sera également établie pour s’y rendre au départ de la rue des Déportés.
1 160 élèves
L’Indsé de Bastogne, ce sont quelque 1 710 élèves répartis avec un premier de degré dans les locaux des Sœurs (550 élèves) avec une direction autonome. Sur le site du Séminaire, on retrouve les élèves allant de la 3e à la 7e de même que le CEFA, ce qui représente 1 160 jeunes.