Risque de pluie d’éoliennes sur la commune de Vaux-sur-Sûre?
La commune de Vaux-sur-Sûre est la cible de nombreux promoteurs éoliens. Plusieurs projets sont sur la table, à différents stades. On fait le point.
Publié le 16-01-2023 à 08h51 - Mis à jour le 16-01-2023 à 08h52
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La commune de Vaux-sur-Sûre risque-t-elle de devenir un nid à éoliennes ? Elle intéresse en tout cas pas mal de promoteurs qui y multiplient les projets. Actuellement, 9 éoliennes y ont été érigées, entre Villeroux, Remichampagne et Cobreville, le long de l’autoroute. Et il est fort possible que ce ne soit pas les dernières. D’autant que l’E25 attire encore plus depuis que la Région wallonne, décisionnaire final dans chaque projet, facilite les éoliennes bordant les grands axes.
"Nous payons le fait d’être traversés par ces grands axes, avec également la N4, ainsi que la présence des lignes à haute tension pour relier la centrale à Villeroux. C’est pénalisant", explique le bourgmestre Yves Besseling, qui se dresse contre ces projets. "Nous émettons un avis négatif à chaque fois, en argumentant sur les conseils de spécialistes, précise-t-il. Nous avons déjà assez d’éoliennes sur notre territoire. "
Souci pour le collège, chance pour les promoteurs, cet avis de la Commune est purement consultatif. Mais cette dernière ne compte pas rester les bras croisés. "Si notre avocat considère qu’il y a une vraie chance de gagner, nous n’hésiterons pas à aller au Conseil d’État. En réalisant, auparavant, une contre étude d’incidence de notre côté, pour avoir plus d’arguments. Ce sera sûrement le cas pour le projet de Sibret-Chaumont s’il est accepté. Par contre, si l’avis de notre avocat est négatif, nous n’allons pas risquer une telle procédure inutilement."
Pour autant, la Région wallonne n’accepte heureusement pas les projets les yeux fermés. Elle a ainsi refusé celui de 4 éoliennes près de Chenogne.
La liste des projets
Mais qu’en est-il réellement de ces projets et de leur avancée ?
– Un projet de 4 à 5 éoliennes entre le terrain de football de Chaumont et Sibret. "L’enquête publique a eu lieu et a donné lieu a des réactions citoyenne, détaille Yves Besseling. Le dossier est actuellement traité par le fonctionnaire technique de la Région wallonne et la décision devrait tomber dans les jours ou semaines à venir. S’il est accepté, nous réagirons."
– Un projet de 4 éoliennes entre Villeroux et Cobreville. "Ce projet porté par Aspiravi est au tout début de la procédure, le dossier n’a pas encore été déposé. Elles seraient en parallèle aux 4 qui sont sorties de terre voici quelques mois, vers Belleau."
– Un projet de 4 éoliennes à Chenogne, au bois de la Fragotte. "La Région wallonne a rendu un avis négatif, le promoteur a consulté le ministre, qui a aussi rendu un avis négatif. Puis il a saisi le conseil d’État, la procédure est donc gelée actuellement."
– Un projet de 5 à 6 éoliennes sur Assenois. "Le dossier n’a pas encore été déposé pour l’enquête publique. C’est entre la rue du Fortin et les éoliennes déjà existantes (NDLR: de Villeroux)."
– Un projet près de Salvacourt, avec 2 éoliennes sur le territoire communal. "Les autres se situent sur la commune de Bastogne, c’est le long de la N4. On est également au début de la procédure."
– Un projet de plusieurs éoliennes près de Bercheux. "Mais aucune d‘elle n’est sur notre territoire, elles sont sur les communes de Neufchâteau et Léglise. L’enquête publique devrait bientôt être lancée."
Encerclement ?
Au total, ce sont plus de 20 éoliennes qui font l’objet d’un projet en cours ou à venir. De quoi provoquer la crainte d’être encerclé par ces géants de fer ?
"Oui, tout de même. Ils expliquent qu’une des règles est de ne pas avoir d’endroit entouré dans tous les angles de vision par les éoliennes. Mais s’ils continuent d’investir le long de l’autoroute, tu en auras de tous les côtés. On a déjà parfois cette impression quand on circule à certains endroits de la commune, déplore le bourgmestre. Puis en plus du visuel et du bruit, même sourd, il faut aussi voir les impacts pour les gens car cela provoque des travaux. On pense être bon pour des années, puis il faut à nouveau rouvrir."
Et ce n’est pas le "Pax eolienica", plan de la Région wallonne annoncé en octobre dernier pour relancer l’éolien, qui va rassurer le Premier des Valsurois. "Ce plan prévoit que les distances avec les habitations vont être réduites…", pointe-t-il. Ce dernier s’amuse par contre de voir "les promoteurs se tirer dans les pattes et donner des arguments contre d’autres projets".
S’il faut attendre pour savoir si le territoire communal va subir une pluie d’éoliennes, la certitude est que le torrent de projets ne risque lui pas de s’assécher de sitôt. Les promoteurs ont le vent en poupe et ils l’ont bien compris. À la crainte de certains habitants.
Pourquoi ne pas réaliser un schéma de développement territorial ?
Un des outils dont disposent les Communes pour cadrer les projets éoliens, c’est le schéma de développement territorial. Léglise est en train d’en réaliser un, en cours de finalisation. Vaux-sur-Sûre n’en a pas et ne compte pas changer cela. "Ce schéma permet de préciser les endroits dédiés aux éoliennes, répond le bourgmestre Yves Besseling. Mais c’est déjà où les promoteurs vont actuellement. Cela ne changerait donc pas grand-chose. Et puis, surtout, cela voudrait presque dire que l’on collabore avec eux. Nous ne le voulons pas, ni envoyer aucun signe en ce sens. C’est non à chaque fois."