VO Consulting, une success story gaumaise au Grand-Duché
VO Consulting, fiduciaire transfrontalière qui emploie plus d’une centaine de personnes au Windhof, c’est une success story de 25 ans où il est question d’amitié, de " culture gaumaise ", de foot et même d’un yucca en guise de chapeau.
Publié le 12-01-2023 à 11h10 - Mis à jour le 13-01-2023 à 17h45
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Des couleurs vives et des fauteuils en mousse disposés en demi-cercle face à un grand écran: l’atmosphère de cette salle de réunion, décorée à la manière d’une aire pour enfants chez IKEA, tranche un peu avec le reste d’un espace professionnel avoisinant les 1 200 m2 et situé au 4e étage d’un immeuble du Windhof, à quelques encablures d’Arlon. Mais la comparaison avec IKEA et ses meubles s’arrête là car VO Consulting, la fiduciaire qui occupe l’endroit, n’a rien d’une société en kit, qui n’en serait qu’aux premières étapes de sa construction. Non, les bases sont solides, jetées il y a 25 ans déjà, dans la discrétion d’un modeste bureau de la rue Haute à Clemency, village voisin de Messancy.
C’est là que tout a commencé pour deux amis de longue date, bien connus en Gaume et dans les sphères du football provincial: Éric Jolas, citoyen de Rossignol, originaire de Signeulx, et Vincent Olimar, Vançois né à Saint-Léger. Le foot, les bals dans la région et des amis communs, voilà ce qui a favorisé leurs premières rencontres, fin des années 80. Quelques voyages en commun dans le train les ramenant vers leurs écoles respectives, l’un à Liège, l’autre à Bruxelles, a renforcé les liens. Et fin 97, l’aventure pouvait commencer. Un quart de siècle plus tard, le tandem a embarqué avec lui près de 110 collaborateurs ou associés et des clients par centaines, du petit indépendant jusqu’à d’importantes sociétés. En cours de route ? L’ajout d’un bureau à Arlon, en 2001 – "pour être plus près de notre clientèle belge" – le déménagement de l’ensemble au Windhof en 2007 – "parce qu’on se rendait compte qu’on était occupé à créer deux entités distinctes, l’une belge et l’autre luxembourgeoise, et qu’on s’éloignait un peu de l’objectif initial qui était de proposer un service transfrontalier" –, le rachat de Fidupar (jusque-là liée à la BNP) en 2014, celui de LuxApps (entreprise de logiciels) en 2018 et la nomination d’associés supplémentaires: Stéphanie Thiry et Cédric Rensonnet, puis Noël Didier (désormais à la retraite) et Renaud Jamar. "Si on pensait se développer de la sorte quand on a débuté ? J’avoue que non, répond Vincent Olimar qui avait fait ses premières armes dans une fiduciaire arlonaise. J’ai toujours eu cette idée de créer ma propre boîte, mais je pensais à une société de trois ou quatre personnes, guère plus."
"Pour ma part, je travaillais dans une filiale de Deloitte et je pensais plus à une carrière dans un grand cabinet d’audit, enchaîne Éric Jolas, mais devenir indépendant, c’était aussi une façon de sortir de ma zone de confort. Et puis, on sentait qu’il y avait un créneau à exploiter."
« Des visionnaires »
En l’occurrence, ce service transfrontalier peu développé à l’époque. "Les Belges connaissaient un peu la législation au Grand-Duché, les Luxembourgeois ne s’intéressaient pas à la Belgique, détaille Vincent Olimar. Et si une PME voulait se lancer des deux côtés de la frontière, elle ne trouvait jamais le partenaire ou le conseiller adéquat pour l’accompagner."
"De plus, à l’époque, the place to be, c’était Luxembourg. Ce n’est qu’ensuite que les grands cabinets ont commencé à décentraliser pour leurs clients frontaliers. On a en quelque sorte été des visionnaires", résume Éric Jolas dans un grand éclat de rire.
Un tantinet exagéré, mais pas totalement faux non plus. L’autre clé de la réussite réside peut-être dans leurs relations avec la clientèle. Le ton est volontiers décalé, souvent chaleureux et sérieux bien sûr quand cela s’impose. "C’est notre culture gaumaise ça, commente Éric Jolas. Essayer d’être efficace sans se prendre trop au sérieux. Dans le recrutement, c’est un peu pareil. Pour tout vous dire, quand un ami m’a recommandé Stéphanie Thiry, il m’avait dit qu’elle avait fini une soirée avec un yucca sur la tête, en guise de chapeau. La première question de notre entretien a évidemment porté là-dessus. Sept ans plus tard, elle devenait notre associée."
"Notre métier est basé sur la confiance, renchérit Vincent Olimar. L’empathie, la chaleur humaine, l’humour sont des atouts dans ce cadre. Comme la compétence. On essaie d’inculquer ça à tous nos collaborateurs Et on a su s’entourer aussi. Des juristes, une société informatique pour mieux adapter nos programmes, etc. C’est comme pour constituer une équipe de foot, il faut des profils et des caractères à la fois différents et complémentaires."
L’apport du foot
Le foot, parlons-en. Il aura été l’un des fils conducteurs de cette histoire de 25 ans et une inégalable source de relations professionnelles. "Bien sûr, il a fallu travailler derrière, mais des gens comme François Ricco et Yves Lemaire m’ont ouvert beaucoup de portes, rappelle Vincent Olimar, qui a joué à St-Léger, Virton, Athus et Sainte-Marie avant d’officier comme directeur financier de l’Excelsior (Éric Jolas, lui, a joué pour Signeulx, Bleid ou encore Tintigny avant de présider Rossignol). Les premiers liens avec Fidupar, c’est via l’épouse de Thierry Lespagnard, un ancien équipier. Et j’en passe. Tout cela nous a beaucoup aidés à développer notre clientèle. Et on a cette chance désormais de toucher à tous les secteurs et d’avoir pu favoriser l’essor d’un tas de gens passionnés par leur métier. Comme nous en fait."
VO Consulting devient In Extenso BeLux
VO Consulting va disparaître ! Que ses clients se rassurent cependant, seul le nom va s’effacer. La société continue bien ses activités, mais elle a officiellement intégré cette semaine le groupe In Extenso, un des leaders français de l’expertise comptable, qui emploie près de 5 500 personnes à travers l’Hexagone. "Ce n’est pas encore l’heure du départ pour nous, expliquent Éric Jolas (54 ans) et Vincent Olimar (52), mais on doit s’y préparer. C’est Cédric Rensonnet qui, par hasard, s’est trouvé en contact avec un représentant d’In Extenso. Ce groupe veut se développer en Wallonie et dans toute l’Europe francophone. Ça a de suite “ matché ” entre nous. Ils amènent leur structure, leurs moyens financiers et on va gérer leur business sur la Wallonie et le Grand-Duché. Nous avons déjà été approchés par d’autres groupes, mais nous voulions garder le côté familial, humain de notre société et nous sommes convaincus qu’In Extenso partage la même philosophie." Ne dites plus dès lors VO Consulting, mais In Extenso Belux.
Vite dit
Recrutement à l’école Une majorité du personnel de VO Consulting vient de notre province. Et plus particulièrement de l’Hennalux à Arlon. "J’y donnais un cours de fiscalité, précise Vincent Olimar, beaucoup d’étudiants sont venus en stage chez nous. Nos 15, 20 premiers salariés venaient de là." Virginie, l’une des toutes premières recrues, est d’ailleurs devenue son épouse. Marc Gilson, devenu par la suite échevin échevin des Finances à Meix-devant-Virton, a lui été l’associé de Vincent Olimar et Éric Jolas au début du millénaire.
Sportifs pros Passion oblige, VO Consulting s’est aussi spécialisé dans l’accompagnement des sportifs professionnels. Bien peu l’ignorent, Thomas Meunier en fait notamment partie. Tout comme quelques autres Diables rouges et des sportifs en vue de notre province. Mais leurs noms ne seront pas mentionnés ici, par respect du secret professionnel.
13 millions Le chiffre d’affaire de VO Consulting, qui œuvre dans les domaines comptable, fiscal, juridique, social, mais aussi en recrutement et gestion des ressources humaines, avoisine les 13 millions (TTC).