Margaux, l’Arlonaise, défile pour les plus grands
Margaux Lion, originaire d’Arlon, est mannequin et défile pour des marques aussi célèbres que Céline ou Armani.
Publié le 12-01-2023 à 11h16 - Mis à jour le 15-01-2023 à 19h41
Arlon a sa fashion week. Et la fashion week a son Arlonaise. En l’occurrence Margaux Lion qui a vécu dans le chef-lieu jusqu’à ses huit ans, fréquentant l’école de Schoppach puis l’ISMA, avant de déménager avec sa famille vers la Gironde, dans le sud-ouest français. La suite, elle s’écrit un peu comme un conte de fées pour cette jeune fille âgée de 23 ans. "J’avais 16 ans, rembobine-t-elle. Une agence bordelaise proposait un casting pour une séance de photos. J’ai toujours été très grande et très maigre. J’avais beau manger tout ce que je voulais, je ne prenais pas un gramme et je n’avais aucune confiance en moi. Avec ma mère, on a pensé que ça pourrait m’aider de tenter le coup. Je pensais juste en garder un souvenir et en faire une photo de profil sur Facebook, rien de plus. Mais les photos ont directement été envoyées au directeur de casting de l’agence à Paris. Et par la suite, tout s’est rapidement enchaîné."
À tel point que son tout premier défilé l’a conduite sur un catwalk milanais, à l’occasion de la fashion week. Et pour Giorgio Armani, rien que ça ! "Si j’étais préparée ? Pas tant que ça, se souvient-elle. Je n’avais jamais porté de talons. Je savais marcher, mais défiler, c’est encore autre chose. Par la suite, beaucoup de marques ont passé des heures à me former pour que ça finisse par ressembler à quelque chose. Et c’était beaucoup de stress. J’ai même vécu une petite mésaventure avant un défilé pour Chloé. Lors du fitting (NDLR: l’essai des vêtements), je tremblais tellement que j’ai fait un malaise devant la directrice artistique. C’était un gros truc en plus, avec un bon contrat à la clé, mais au bout du compte, je n’ai jamais défilé pour Chloé. Ils ne m’ont jamais rappelée, d’autant que mon style a évolué et ne convient plus trop à cette marque. Je suis devenue un peu plus rock dans mon attitude."
Cours Florent
Mais avant d’en arriver là, elle a d’abord décroché son bac littéraire. "J’y tenais, dit-elle. Pas question de rater les cours et je refusais donc pas mal de propositions au début."
Depuis lors, elle enchaîne les shootings et les défilés, voyage beaucoup et même jusqu’aux États-Unis où elle a défilé il y a peu, mais n’a pas abandonné les études pour autant. Elle a d’abord intégré le célèbre Cours Florent, durant un an. "Tout s’est bien passé, mais je ne voulais pas devenir actrice, précise-t-elle. L’objectif, c’était surtout de doper ma confiance et cela m’a beaucoup aidée." Puis trois ans d’un cursus en "Littérature, civilisation et linguistique étrangère" avant de prendre une tout autre orientation en septembre dernier: un an de biochimie qui doit la préparer à trois années de diététique. "Parce que cela m’a toujours intéressée et parce que je veux avoir d’autres cordes à mon arc", dit-elle. J’adore le mannequinat, cela me permet de mettre pas mal d’argent de côté et il est possible voire probable que je poursuivrai et même finirai ma carrière dans le milieu de la mode, mais je ne veux pas nourrir ce sentiment que ma carrière ne dépend que de mon aspect physique. "
De 5 à 22 h parfois
Conséquence, entre ses cours, les défilés et les shootings qui la conduisent aux quatre coins de l’Europe et même au-delà, comme tout récemment à Los Angeles, pour Céline, elle n’a plus guère le temps de se reposer dans son appartement du deuxième arrondissement de Paris. "Il faut tout le temps s’organiser, confirme-t-elle. Et digérer la fatigue. De l’extérieur, cela donne l’impression d’une vie de rêve, mais parfois, je me lève à 5 h et je rentre à 22 h après avoir passé une journée debout sur des talons, parce qu’il faut éviter de s’asseoir et de froisser les vêtements en attendant son tour."
Au cours de ces années, elle a développé son propre style. Et du même coup cibler ses propres clients. "J’ai une agence mère, explique-t-elle, mais je fais mes propres choix, au feeling, parmi les propositions qui arrivent. Chaque mannequin développe son propre style, qui convient ou pas aux différentes marques. Dans le milieu, le bouche-à-oreille est important pour faire la réputation d’un mannequin. Et dans ce cadre, j’ai la chance de travailler pour Céline qui, en matière de casting, fait figure de must avec Saint-Laurent. Mais il m’a fallu du temps pour assimiler toutes les facettes de ce métier. Quand j’ai débarqué, je ne connaissais rien. On m’a dit un jour: “Tu fais une exclusivité Prada”, mais je ne savais pas du tout de quoi on voulait me parler. Et j’avais tellement peur de ne pas être à la hauteur. Je croisais des filles magnifiques et je me demandais ce que je faisais là."
Elle en fait du chemin depuis lors, avec ou sans talons.
VITE DIT
Petite-fille de l’ex-président virtonais Margaux est la fille de Fabienne Feltesse, originaire d’Hondelange, et de Pascal Lion, un Virtonais dont le papa, Bernard, a été le président de l’Excelsior Virton dans les années 80 et un professeur du collège Saint-Joseph.
Dispersés Sa sœur Louise, 19 ans, a intégré une université de l’Iowa où elle pratique intensivement le volley-ball. Son frère Mathieu, 26 ans, est revenu vivre à Arlon et travaille au Grand-Duché, dans le secteur financier.
Jalousie "Je ne la ressens pas. On a parfois une fausse idée du milieu. Apparemment, c’était un peu plus le cas auparavant, avec les mannequins russes notamment, mais j’ai au contraire le sentiment de faire de super rencontres."
Harcèlement "Là encore, la donne a changé. Parce qu’avec les réseaux sociaux, tout se sait très vite. J’ai entendu parler d’histoires du passé, mais les mannequins sont bien mieux protégés désormais."
"C’est le commercial qui rapporte le plus" "Je fais plus de shootings que de défilés, lesquels se limitent souvent aux fashion weeks. Des cadeaux ? Un peu. Un sac, une montre de temps en temps, mais peu de marques offrent quelque chose. J’ai fait des défilés et des shootings pour des magazines comme Elle, Vogue ou Marie-Claire, mais ce qui rapporte le plus, c’est ce qui est commercial. H & M par exemple ou l’e-commerce. Les trucs plus fashion servent surtout à vous faire connaître."
La Belgique pour ses croquettes
Si elle a vécu une partie de son enfance à Arlon, n’essayez pas de détecter un soupçon d’accent du terroir lorsque Margaux Lion s’exprime. Ce serait peine perdue car ses intonations trahissent bien davantage ses longues années vécues outre-Quiévrain. Ce qui ne l’empêche pas de se sentir belge avant tout. "Pendant la Coupe du monde, j’ai mon drapeau belge, assure-t-elle. Et dans mon appartement, il y a une vieille affiche représentant le quartier de la gare d’Arlon. Tous mes amis en France savent que je viens d’Arlon et si dans le cadre de mon travail, quelqu’un me dit que je suis française, je le corrige en précisant que je suis belge. Je revenais en général une fois par an à Arlon, pour les fêtes, mais maintenant que mon frère y réside, je passerai sans doute plus souvent dans le chef-lieu. Et puis, la Belgique, c’est aussi sa nourriture. Moi, j’adore les croquettes et en France, elles ne sont pas aussi bonnes."