A 90 ans, l'Habaysien Yvon Sondag reste un activiste très actif
À 89 ans, Yvon Sondag est retourné en Argentine parmi sa tribu. L’Habaysien publie un essai « come-back », une ode à la forêt de là-bas ou d’ici.
Publié le 11-01-2023 à 06h00
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"Q uand le dernier arbre aura été abattu, la dernière rivière empoignée, le dernier poisson pêché, alors vous saurez que l’argent ne se mange pas", c’est par les Indiens Cherokees qu’Yvon Sondag commence son "récital". Lui, le musicien de 89 ans est retourné sur le sol de sa Terre-Mère, en Argentine, après 16 ans en lisière de forêt d’Anlier.
De retour dans son Gran Chaco, "la forêt de ses rêves", son opus est une sorte de symphonie aux accents écologiques. Durant trois mois, il aura, comme Candide, cultivé son jardin.
Activiste pour la tribu toba-qom, dès l’âge de 33 ans, l’Habaysien pétri de racines gaumaises, porte un regard rétrospectif sur une vie qui a fait le grand écart au-delà de l’Atlantique.
Tiraillé entre ses racines lorraines et celles d’adoption sud-américaines. "N’importe quelle forêt, n’importe quelque petit coin de nature, de refuge, encore protégé de la folie des hommes".
La plume disserte d’Yvon ne fait pas l’impasse sur une autocritique dans le rétroviseur de son existence. L’homme de combat s’auto-questionne: "Était-ce une bonne idée que de lutter pour que nos amis indiens récupèrent leur forêt vierge au lieu de la laisser dans son état virginal ?". Et " de douter de son passé d’ancien combattant. D e ce prétentieux activiste, de cet agitateur aveuglé par un idéal extravaguant, soucieux de faire le bien et commettant la bêtise à ne pas en finir."
16 ans plus tard et trois mois au milieu de nulle part, pour constater que les lieux ne sont plus l’Arche de Noé, que la sécheresse frappe comme jamais, que ses compagnons ne sont plus.
On cuisine et on mange au rythme des saisons
Qu’on ne s’y trompe pas, son cœur est bien toujours auprès des Indiens, ceux qui ont tant à nous apprendre: "Eux qui consomment si peu." Retrouvailles tout en pudeur avec sa compagne Mayoolé, mère de ses enfants: "Chez elle, pas le moindre horaire imposé, on cuisine, on mange, au rythme des saisons, de la pluie et du beau temps. Et toujours"à l’ancienne", sur un petit feu de bois".
Éloge de la sobriété donc: miel sauvage, patates douces, poulet sous la cendre, "un menu trois étoiles". À travers sa prose, le pacifiste laisse pointer un certain pessimisme face à ce monde en proie au chaos: "Notre avenir de moins en moins rassurant".
Son "Retour à la Terre-Mère" questionne l’homme sur son avenir et sur ses choix présents. Et quand celui qui l’écrit a 90 ans, la sagesse de l’âge transpire.
Retour à la Terre-Mère», Yvon Sondag, éditions Michel Frères, en librairie et chez l’auteur yvon.sondag@gmail.com