Des « mules » revendiquent le droit au silence
Un Hollandais et un Anversois ont été arrêtés à Habay avec 5 sacs contenant 17 kg de cannabis. Ils ne collaborent pas et risquent 2 ans de prison.
Publié le 05-01-2023 à 09h10 - Mis à jour le 05-01-2023 à 09h12
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Parfois, des affaires qui semblent évidentes deviennent compliquées devant les dénégations des prévenus et les moyens de défense des avocats.
Le 3 décembre 2021, les policiers interceptent une Skoda Octavia sur l’E411 à hauteur d’Habay. À bord, deux quadragénaires, un Hollandais et un Anversois, qui ne parlent pas un mot de français. Dans un premier temps, ils expliquent qu’ils viennent d’Anvers pour venir manger au Quick d’Arlon.
"Je ne savais pas que les hamburgers du Quick d’Arlon étaient plus savoureux que ceux d’Anvers", sourit la procureure du roi, Sarah Pollet. Vu la forte odeur de cannabis, les policiers ont décidé de fouiller la voiture et ont découvert cinq gros sacs contenant 17 kg de cannabis et du matériel de conditionnement venant d’un coffee-shop d’Amsterdam. Les deux hommes, prétendant ne pas savoir ce qu’il y avait dans les sacs et faisant valoir leur droit au silence, ont été incarcérés à la prison d’Arlon.
L’organisateur de la virée y est resté six mois, le conducteur quatre, avant d’être libérés sous caution. L’enquête a déterminé que le véhicule avait été loué régulièrement pour un montant de plus de dix mille euros, toujours payés en cash. L’analyse des bornes, des conversations téléphoniques et des GPS a permis d’établir que de nombreux déplacements au départ des Pays-Bas ont été effectués, principalement vers la zone des trois frontières belgo-franco-luxembourgeoise, mais aussi vers Mons et le Hainaut. "Les préventions de trafic de stupéfiants avec la circonstance aggravante d’association sont évidentes, conclut Sarah Pollet pour le ministère public. La période infractionnelle est longue, les quantités sont substantielles. Je requiers deux ans, 18 mois, et 8 000 € d’amende respectivement pour les deux prévenus."
Les deux avocats de la défense ont plaidé que les deux prévenus sont victimes de leur précarité sociale et qu’ils ne sont que des mules travaillant pour des gros poissons.
L’avocat anversois Me Bart Verbelen a expliqué que son client, chauffeur de bus, était en arrêt maladie et qu’il s’ennuyait. Il aurait accepté les missions parce que son copain avait mal au dos et qu’il ne pouvait pas conduire. "Mais en aucun cas, il n’a imaginé qu’il s’agissait de trafic de drogue, poursuit-il sans rire. C’est l’autre prévenu qui clairement a tout manigancé."
Me Stéphanie Cremer s’est élevée contre la plaidoirie de son confrère, qui, selon elle, bafouait toute déontologie en chargeant son client pour dédouaner le sien. Elle a aussi estimé que son client avait déjà été puni avec six mois d’emprisonnement et les 4 000 € d’amende qu’il a payés comme caution. Le tribunal rendra son jugement le 1er février.