Bien-être animal : l’usage des feux d’artifice divise toujours autant
Catherine Mathelin, la bourgmestre de la commune d’Herbeumont, regrette que des animaux souffrent de cette situation.
Publié le 04-01-2023 à 13h51 - Mis à jour le 05-01-2023 à 10h46
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En plus de provoquer la mort de certains animaux, dont un cheval à Saint-Médard, les tirs de feux d’artifice peuvent aussi provoquer la fuite d’animaux domestiques. Des chiens, notamment, ont disparu durant la nuit de la Saint-Sylvestre comme en témoignent plusieurs avis de recherche publiés sur Facebook. Mais comment faire pour contenter les fêtards et les animaux ? Catherine Mathelin le reconnaît, il n’existe pas de solution miracle. "Les feux d’artifice causent beaucoup de soucis et génèrent de la peur chez nos animaux. Ce qui devient problématique, c’est surtout la puissance de ces feux d’artifice. Avant, on en tirait quelques-uns, et là, maintenant, la pyrotechnie est beaucoup plus puissante, je pense. Pour moi, le nombre de fusées tirées et la puissance forment le nœud du problème", explique-t-elle.
Deux jours par an
Si à Herbeumont, les tirs de feux d’artifice sont autorisés les 24 et 31 décembre entre 22 heures et 2 heures, les résultats sont là: des animaux en souffrent. "On en avait déjà discuté lors des conseils communaux et des conseils de police. Je compte mettre le point à l’ordre du jour de la prochaine séance pour tenter de trouver une nouvelle solution. Le conseil pourrait éventuellement décider de ne plus tirer de feux d’artifice dans le centre du village, mais bon, il y a des animaux partout", soupire-t-elle.
La faute aux gîtes ?
Dans cette Commune du centre de la province de Luxembourg, les gîtes sont représentés en nombre. Ce qui laisse suggérer que beaucoup de fêtards sont simplement de passage. Manque d’information ou désintérêt notoire des voyageurs ; peut-être un peu des deux ? "Il y a effectivement beaucoup de gîtes chez nous et il va falloir réglementer cela. Cela augmente de manière croissante chaque année et c’est de plus en plus puissant. Le problème n’est pas de limiter, car un seul feu d’artifice peut tuer un animal. C’est tout le problème de trouver un équilibre. Il faut savoir qu’il y a une réglementation à suivre pour tirer des fusées catégorisées dans une certaine norme tolérée. Mais aujourd’hui, on peut tout acheter par internet ou à l’étranger, donc ceux qui viennent en gîte peuvent ramener du matériel de n’importe où. Il faudrait une mesure globale à toute la province, je pense", termine la bourgmestre.
Quoi qu’il en soit, un feu d’artifice ne s’improvise pas. Il est vivement conseillé de demander conseil à sa zone de police ou son administration communale pour connaître les règles et limites en vigueur.
Répondez à notre sondage Logora : "votre animal a-t-il souffert des feux d'artifice durant la nuit du nouvel an ?"Ce que dit le règlement de police

Pour l’ensemble de la province, il existe un règlement général de police adopté par toutes les zones. Ce règlement a une base identique à 95 % et il y a, pour chaque commune, quelques spécificités. Les conseils communaux et bourgmestres peuvent y apporter des modifications. « Pour les feux d’artifice, le règlement prévoit que seul le 24 et le 31 entre 22 heures et 2 heures on peut tirer, en dehors, c’est interdit sauf autorisation spéciale ou ordonnance du conseil communal », explique Vincent Léonard, le chef de corps de la zone de police Semois et Lesse.
D’abord un rappel au règlement
Pour les 9 communes de cette zone, le règlement général de police est appliqué. Il n’y a pas de contrôles préventifs ou de patrouilles spécifiques pour traquer les feux d’artifice. « Si une plainte est déposée ou que nous obtenons l’information de tirs de feu d’artifice en dehors de ce qui est prévu, nous intervenons. On rappelle aux gens la réglementation en vigueur et on en reste là. En cas de récidive, il y aura une saisie du matériel ainsi que la rédaction d’une sanction administrative », ajoute le commissaire divisionnaire. « Pour cette fin d’année, j’ai été de permanence durant deux semaines et on ne m’a pas avisé de ce genre de faits. Je pense que les gens sont relativement respectueux », termine-t-il. Vincent Léonard est lui-même propriétaire d’un chien qui ne supporte pas les pétards. Il comprend la colère de certains citoyens. « Que les gens respectent le règlement, c’est une chose, mais si cela impacte les animaux, c’est autre chose. Je le vis personnellement avec mon animal, mais je suis là pour appliquer les lois et règlements », conclut-il.
Deux ans sans feux d'artifice à Attert

Depuis environ deux ans, la Commune d’Attert a choisi d’interdire totalement l’usage de feux d’artifice sur l’ensemble de son territoire. Le bourgmestre Josy Arens mène une véritable bataille personnelle et politique au nom du bien-être animal.
« Pour moi, cette situation est insupportable! Nous savons tous que cela provoque ce genre de panique chez les animaux domestiques ou de ferme. Pourquoi fait-on encore souffrir les animaux de cette façon? Nous avons décidé à l’unanimité, il y a deux ans, de supprimer les feux d’artifice toute l’année. En 2022, nous avons rattrapé des scouts qui ont utilisé ce genre de pétards et j’aime autant vous dire qu’ils ne reviendront plus chez nous en faire un. On reçoit encore des demandes pour des autorisations spéciales et je me réfère, à chaque fois, à la décision du conseil communal. On refuse d’office, vu que c’est décision unanime. Il faut dire aussi que deux ou trois jours après noël, nous avons distribué un feuillet pour rappeler l’interdiction des feux. Je rappelle qu’à Attert, la sanction est la suivante : 350 euros d’amende administrative », précise Josy Arens.
"Cette souffrance animale m'est insupportable !"
Josy Arens, bourgmestre d'Attert
Et lorsqu’on évoque les feux d’artifice à bruit contenu, le mayeur rétorqueavec ferveur et détermination : « C’est non! Mais enfin, cela suffit! Il faut choisir dans la vie. Beaucoup de gens chez nous se soucient réellement du bien-être animal. Comme député fédéral, je suis même en train de déposer une proposition de loi qui vise à considérer l’animal comme un être sensible. Je veux que ce soit inscrit dans la constitution. Je suis contre toutes les formes de douleur de manière générale, de toute façon », assure-t-il.