Après les incendies de forêt de l'été dernier, le commandant des pompiers de la province dit que l'Etat n'a pas tiré les enseignements
Stéphane Thiry demandait plus de moyens humains et logistiques car ces incendies de forêt risquent de se répéter dans les années à venir. Mais le fédérall tarde à lui donner une réponse satisfaisante.
Publié le 29-12-2022 à 06h00
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Le mois d’août 2022 a vu la province de Luxembourg victime de nombreux incendies de forêt et de prairie.
Les plus dangereux et spectaculaires étant le 9 août, 12 hectares de genêts détruits par le feu entre Cobreville et Winville (Saint-Hubert) et surtout le 25 août, un nouveau gros incendie de forêt qui a menacé le village de Tellin.
À chaque fois, la zone de secours du Luxembourg a dû faire appel à un hélicoptère de la police fédérale venu de Bruxelles.
En cette fin d’année 2022, nous avons interrogé Stéphane Thiry, commandant des pompiers de la province, pour voir quel bilan il tirait de ces gros incendies en milieu naturel.
Commandant Thiry, le réchauffement climatique va toujours croître et nous continuerons sans doute à subir d’autres incendies de forêt à l’été 2023 en Luxembourg. A-t-on tiré les leçons de ces grosses interventions de ce mois d’août 2022 ?
Oui, pour nous à la zone de secours Luxembourg, on a vraiment tiré les leçons de tous ces sinistres en forêt et prairie car pour faciliter le pompage d’eau dans nos ruisseaux et rivières, nous avons depuis lors acquis des barrages en caoutchouc que l’on place dans les cours d’eau afin de faciliter la remontée du niveau de l’eau.
En effet en été, ce niveau est souvent très bas. Sinon, comme on a eu le cas à Vaux-sur-Sûre et Tellin, nous avons fait appel à l’appui héliporté Rago de la police fédérale à Bruxelles. Ils viennent sur place et identifient les réserves d’eau les plus proches (étangs, lacs) pour y prendre l’eau et aller asperger la zone sinistrée.
Et au niveau de la sécurité civile, si d’autres foyers de ce type reviennent à l’été 2023, pensez-vous pouvoir disposer de moyens humains et logiciels accrus ?
C’est bien le problème. Car cet été, en pleine sécheresse, pendant qu’on mobilisait beaucoup de nos hommes pour maîtriser ces incendies de forêt, nous nous sommes volontairement déforcés pour faire face à d’autres interventions.
Par exemple le 9 août, quand il y avait les 12 ha en feu entre Winville et Cobraiville, nous avons dû désengager certains pompiers sur ce foyer très important pour les envoyer sur un accident sur l’E 411.
Pour répondre à votre question sur la sécurité civile et un appui renforcé du fédéral pour l’an prochain, non je ne vois pas d’action concrète du fédéral depuis le mois d’août dernier et ces nombreux incendies.
Pourquoi ?
Au niveau du ministère de l’Intérieur, il y a bien eu des groupes de travail, des commissions, mais rien d’opérationnel si des feux de forêts reviennent demain. C’est aussi la lenteur typiquement belge avec de nombreux niveaux de pouvoir compétents.
On sait que le risque zéro n’existe pas. Un feu en forêt et dans une prairie peut démarrer d’un simple mégot de cigarette lancé depuis une voiture…
Oui, c’est pour cela que je préconise qu’en Belgique, on éduque dès le plus jeune âge puis tout au long de la vie à la culture du risque et que l’on imprègne les bons gestes à avoir.
On voit qu’au Japon, au Québec, cette éducation du risque existe vraiment. Pourquoi pas chez nous ? Ce serait utile.
Et on aurait ainsi les bons réflexes en cas de catastrophes, phénomènes climatiques, qui sont appelés hélas à se répéter.