Bouillon: les six soeurs de Cordemoy menacées d'être relevées de leurs voeux !
Menaces graves et pression maximale sur les sœurs de Cordemoy : une plainte en harcèlement est déposée à la police de Bouillon par leur avocat bruxellois, Me Paul Muylaert.
Publié le 08-12-2022 à 12h40 - Mis à jour le 08-12-2022 à 15h25
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Pression d’enfer sur les six moniales cisterciennes âgées de 70 à 80 et domiciliées à l’abbaye de Clairefontaine de Cordemoy à Bouillon. Pression de qui ? De la commission de fermeture et, derrière celle-ci, la main de l’instance supérieure. "Ils essayent de faire craquer ces sœurs et de les avoir à l’usure pour qu’elles quittent définitivement leur monastère, explique leur avocat, le Bruxellois Paul Muylaert. "C’est ignoble cet abus de pouvoir, parce qu’il s’agit bien de cela. Or, les supérieurs ont reconnu que l’ordre d’expulsion des sœurs de Cordemoy reposait sur une erreur. Et, malgré cet aveu, les Cisterciens continuent à harceler ces religieuses qui poursuivent leur vie monastique exemplaire, gérant leur abbaye avec une quinzaine de bénévoles. Mais quelle image désastreuse pour l’Église que toute cette affaire !", conclut l’avocat qui rappelle que le droit canon ne prime pas sur le droit civil.
Me Muylaert dit posséder des témoignages de religieux, dont un évêque émérite français, qui prennent fait et cause pour les moniales de Cordemoy.
«Trente Bouillonnais derrière la porte !»
La pression a été maximale le 3 décembre dernier, date butoir décrétée par les Cisterciens pour expulser les six sœurs de leur monastère, où, on le répète, elles sont pourtant domiciliées depuis longtemps. L’une d’elles y vit même depuis 60 ans !
Ce 3 décembre, donc, une voiture s’est arrêtée au monastère. L’avocat de la petite communauté religieuse était présent. Il raconte ce qui s’est passé: " Quatre religieuses étaient à bord de ce véhicule, dont la présidente de la Commission de fermeture, une sœur hollandaise. Elle était porteuse d’un mandat canonique visant ni plus ni moins à expulser les 6 résidentes de leur monastère. Une trentaine de Bouillonnais se tenaient derrière la porte de l’abbaye, bien décidés à ne pas laisser entrer le quatuor. Le bourgmestre de la ville nous a rejoints. Je suis passé par une porte latérale pour aller à la rencontre de la délégation. Pas question de les laisser pénétrer dans le couvent. Je leur ai signifié que les 6 sœurs étaient dans l’impossibilité de les recevoir, parce qu’elles sont toutes sous certificat médical. Une discussion animée s’est engagée. Les envoyées ont haussé le ton et proféré des menaces. L’une m’a averti qu’il y aurait de graves conséquences pour les résidentes. Elles ont fini par rebrousser chemin. Une plainte pour harcèlement a été déposée à la police de Bouillon. Elle sera instruite par le parquet de Neufchâteau."
Pas de contrôle de la médecine du travail dans les monastères !
L’avocat ajoute que les moniales de Cordemoy continuent à recevoir du courrier qu’il qualifie de regrettable par sa teneur. Elles font aussi l’objet de manœuvres d’intimidation, alors qu’elles travaillent, précise-t-il, d’arrache-pied, pour faire marcher leur ASBL. Les comptes sont excellents: "Ce qui est regrettable, c’est que dans les monastères, il n’y a pas de contrôle de bien-être. La médecine du travail n’y a pas accès ; or, l’ASBL pour laquelle les sœurs travaillent est une entreprise de droit belge. C’est incroyable", conclut celui qui ne défend les six religieuses que sur le plan civil.
Autre exemple de ce que doivent endurer les moniales: leur magasin à Cordemoy vend les pâtisseries et pains qu’elles fabriquent, mais aussi divers produits issus de monastères belges et étrangers. Une communauté cistercienne française refuse de leur livrer ses chocolats au prétexte que les moniales de Cordemoy "font preuve de désobéissance" ! Ce qu’interdit le droit français, souligne encore Me Muylaert.