Jeanine, héroïne des animaux blessés (vidéo)
Jeanine Denis a ouvert il y a plus de 20 ans le Creaves d’Hotton, seul centre de la province agréé à prendre en charge les animaux sauvages blessés. Elle recueille plus de 1 500 pensionnaires par an.
Publié le 03-08-2022 à 21h19 - Mis à jour le 03-08-2022 à 21h21
C’est par une belle matinée ensoleillée d’août que nous franchissons la porte du garage de Jeanine Denis, à Hotton. Un garage un peu particulier, transformé en unité de soins intensifs pour animaux sauvages. Et ce n’est pas tout: son jardin a pour pensionnaires blaireau et buse, écureuils et mésanges, canards et éperviers. Tous se refont une santé entre ses mains guérisseuses. Car cette héroïne de l’ombre, aussi sympathique que modeste, a transformé sa maison en centre Creaves, qui récupère et prend soin des animaux sauvages de nos forêts et de nos jardins. Avec plaisir, elle nous fait entrer dans son quotidien depuis 20 ans. « Ici, c’est la nurserie, pour les animaux nécessitant le plus de soins, ceux qui ne sont pas prêts à aller dans les enclos extérieurs en attendant le retour à la vie sauvage. Je vous montre, passons au jardin. »
Une vie dédiée aux animaux sauvages
C’est il y a plus de 20 ans qu’elle décide avec son mari, Philippe Brasseur, d’ouvrir le centre."Mon mari étant garde forestier, nous avions souvent des gens qui nous amenaient des animaux blessés. L’idée s’est alors imposée et nous avons demandé les agréations, puis petit à petit réaménagé le jardin. C’est mon mari qui a tout construit de ses mains."Un véritable havre de paix, chaque type d’animal ayant son enclos, sa volière, et l’espace pour se préparer à redéployer un jour ailes, pattes ou museau dans la vie sauvage."Nous sommes des passionnés, y compris ma fille Julie qui nous aide souvent. C’est toute ma vie que je consacre à ces animaux." Dans les soins plus complexes, comme les opérations et la chirurgie, elle peut compter sur l’aide précieuse de François Ledoux, vétérinaire à Gesves, (Namur)."C’est loin, mais nous n’avons pas le choix. Il est rare de trouver un vétérinaire volontaire, qui plus est spécialisé dans les animaux sauvages. C’est mon mari qui joue souvent le rôle d’ambulancier. Nous sommes une équipe."
365 jours par an
Comme les urgences d’un hôpital, la porte de Jeanine Denis n’est jamais vraiment fermée et les admissions sont quotidiennes."Nous travaillons 365 jours par an, il n’y a pas de vacances. Cette année, nous en sommes déjà à plus de 800 animaux admis. L’an dernier, nous en avions recueilli plus de 1900."La période de rush, qui s’étend d’avril à juillet avec la saison des naissances, vient de se terminer. Pourtant, le centre est loin d’être vide. Dans un coin, une petite mésange fait d’ailleurs un cinéma pas possible, sous l’œil réprobateur d’une buse brochée à l’aile suite à une triple fracture. Elle rejoindra bientôt sa consœur au jardin, une buse à l’œil crevé dans un accident qui regarde avec un air de défi les deux écureuils de l’enclos d’à côté qui semblent prendre leur enclos pour le circuit de Spa Francorchamps.
Moineau, fauvette, tète noir, merle, hirondelle, chouette et hibou, moyen duc, corneille, chouca, épervier, bombe apivore, mais aussi écureuil, blaireau, martre, putois, renard, fouine… Et même une fois, un grand serpent. Les espèces que Jeanine Denis recueille sont innombrables, et chacune requiert des soins différents et de nombreuses connaissances. "Quand on ne sait pas, on fait des recherches, on se renseigne dans les autres centres. On s’arrange aussi entre nous, si on manque de place pour accueillir un animal."
Au fur et à mesure de la visite, l’étendue de son savoir ne fait plus de doutes. Nous apprendrons par exemple que le martinet, étant un oiseau qui ne sait pas décoller, ne se pose jamais sauf pour nicher, dormant et mangeant en vol toute sa vie."Il y a tellement d’espèces, cela vient avec l’expérience, on en apprend tous les jours."Elle doit même parfois improviser, avec ce qu’elle appelle en riant les "p’tits tous nus", les oisillons si petits qu’on ne les identifie encore.
Après 2h à déambuler dans cette forêt enchantée, l’heure est venue de dire au revoir à celle qui endosse le noble rôle d’infirmière des animaux sauvages de la province. C’est alors que nous remarquons la multitude d’oiseaux qui survole son jardin ou vient s’y poser."Je les lâche tous d’ici quand ils sont rétablis, alors certains reviennent dire bonjour. J’ai toujours des gamelles pour eux sur les toits des volières".Au moment de refermer la porte du garage de Jeanine Denis sous les piaillements de notre petite mésange toujours survoltée, on se dit encore que décidément, tous les héros ne portent pas de cape.