Les artisans brasseurs se remettent de la pandémie, ils étaient au salon des artisans brasseurs à Arlon
Un secteur en plein développement qui se remet à peine de la pandémie alors que l’augmentation des matières premières le frappe de plein fouet.
Publié le 07-06-2022 à 06h00 - Mis à jour le 07-06-2022 à 10h12
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Le salon des artisans brasseurs est avant tout une organisation à but caritatif mené par un service club. Le but premier est de dégager des bénéfices sur les entrées et les ventes de boissons pour aider des ASBL qui prennent en charge des personnes en difficulté. Lors de la dernière édition, la maison de Volaiville de Fauvillers et l’épicerie sociale de Martelange en ont été les bénéficiaires.
De la visibilité
Pour les artisans brasseurs, comme pour le Brassigaume de Marbehan, le salon arlonais du hall polyvalent est une occasion en or de trouver une visibilité idéale et de faire découvrir le produit de leur travail. Les habitués sont présents, mais il y a aussi de jeunes entrepreneurs qui se lancent dans l’aventure de la fermentation. Et puis, il y a Eddy! Eddy Courtois brasse sa Sainte Hélène depuis 25 ans. Il en a fait son bébé qu’il chouchoute avec la même passion qu’un berger pour ses moutons. "Quand j’ai débuté, se souvient-il, il n’y avait que quatre brasseries. On me regardait comme un Martien. À tel point que quand je me suis présenté à l’administration des douanes et accises, ils sont tombés des nues. Ils n’avaient jamais entendu parler d’une telle initiative. Ils ont dû se rendre à Bruxelles pour savoir comment ils devaient ouvrir mon dossier."
«Eddy la débrouille»
Au début, Eddy a acheté un kit du petit brasseur.
Déçu par le résultat, il a réalisé ses premières cuvées avec un système D proche de la débrouille: "Je me suis arrangé pour acheter les matières premières et j’ai bricolé avec des vieux trucs comme outils de production. La première cuvée a été accueillie dans une vieille marmite géante que j’avais dégottée dans une école. Je brassais pour moi, pour mon plaisir. De fil en aiguille, la Sainte Hélène, du nom de la rue d’Orsainfaing où elle a été initialement brassée, a été dégustée par un voisin qui a voulu en acheter pour sa consommation personnelle. Le bouche-à-oreille a fait le reste. Elle a été vite servie à la fête du village, vendue dans l’épicerie du coin. Aujourd’hui, elle est exportée dans dix pays différents, même si la pandémie a fait du mal".
Laisser la nature faire son œuvre
Eddy Courtois, qui connaît toutes les bières de la province et d’ailleurs comme sa poche, peut être sévère avec ses concurrents. "Sur mes bouteilles, il est certifié que ma bière est brassée et embouteillée sur place, insiste-t-il. Il faut savoir que ce boulot demande de la minutie. La qualité des matières premières et le matériel permettant de trouver la stabilité essentielle du produit. Pour avoir une bonne bière, il faut laisser travailler la nature et attendre six semaines pour la déguster. Les bières industrielles n’ont pas le temps d’attendre, elles sont mises en vente après une semaine."
En plein boum
Le brasseur, aujourd’hui installé sur la commune de Florenville, est aussi formateur. Il donne des cours à ceux qui veulent se lancer.
Il est persuadé que le boum des bières spéciales n’est pas près d’arrêter. « Il y avait 130 brasseries en France il y a vingt ans. Il y en a aujourd’hui 2300. Depuis, le secteur a subi de plein fouet la crise sanitaire. Aujourd’hui, l’augmentation du prix des matières premières et du bois tournent autour de 45%. C’est un nouveau coup dur, mais je pense que les gens ont tellement pris de plaisir dans la découverte de bonnes bières, qu’ils ne s’arrêteront pas de boire une bonne bière spéciale. »