L’expulsé lance ses chaises sur les policiers
L’huissier a débarqué à Arlon avec les déménageurs et les policiers. Des échanges avec des propos racistes ont provoqué la colère de tous les locataires.
Publié le 27-05-2022 à 06h00
Des appartements ont été aménagés à la rue du Xeme de Ligne, dans l’ancienne caserne Callemeyn d’Arlon, par l’ASBL Nos Logis, dépendant du CPAS du chef-lieu. Ces appartements sont destinés à des personnes précaires, voire à des indigents. Ces logements provisoires sont mis à leur disposition pour six mois (renouvelable une fois) et ont pour but de leur donner du temps pour trouver une solution plus pérenne.
Le 22 septembre 2020, un ressortissant du Burkina-Faso et son fils handicapé, bénéficiaires d’un appartement, ont atteint l’extrême bout des possibilités offertes. Ils ont vu débarquer un huissier arlonais et un camion de déménagement en vue de procéder à leur expulsion. L’expulsion s’est très mal passée, se terminant en émeute.
Pas de plainte contre les insultes racistes
"Monsieur ne peut pas prétendre qu’il n’était pas au courant de l’arrivée des déménageurs, plaide MePierre Neyens. Il s’est énervé, s’en est pris tant à l’huissier qu’aux déménageurs. Outre les menaces, il a lancé des chaises en fer sur les policiers que je défends. Aujourd’hui, il est calme, mais ce jour-là, il a pété un câble. Je réclame 500 € pour chacun des trois policiers qui ont été fortement choqués."
Le prévenu de 45 ans bénéficie de l’aide juridique et est défendu par MeMarie Discret. "Les faits se sont déroulés en plein confinement. Ce n’était pas simple de trouver un autre logement avec son fils handicapé. Mon client a envoyé différents mails et courriers comme des bouteilles lancées à la mer. Il ne recevait pas de réponses. Il a expliqué à l’huissier qu’il attendait l’arrivée d’un instant à l’autre d’Alain Deworme, le président de Nos Logis. L’huissier et les déménageurs n’ont rien voulu entendre. Les locataires des autres appartements s’en sont pris à ceux qui voulaient précipiter l’expulsion. Des propos racistes ont été lancés à leur encontre, ce qui a eu le don de tendre encore plus le climat. Finalement, M.Deworme est arrivé, a apaisé les choses et a prolongé de trois semaines la location de l’appartement. Vu le contexte, je vous demande l’acquittement."
Le tribunal a regretté qu’aucune plainte ne soit déposée pour les propos racistes.
Le ministère public, par l’entremise de la substitute Stéphanie Brand, ne s’opposera pas à une suspension du prononcé.
La juge rendra son jugement le 27 juin.