Tintigny : Kristien, électrosensible, vit à Poncelle pour fuir les ondes
Un habitat groupé voit le jour à Poncelle (Tintigny). Les habitants qui veulent y vivre souhaitent retrouver un mode de vie plus authentique. Kristien y habite, aussi, pour se mettre à l’abri des ondes.
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Publié le 15-04-2022 à 15h06 - Mis à jour le 15-04-2022 à 15h28
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Dans le paisible petit village de Poncelle (Tintigny), au sein de la rue de la Veillée, se trouve un habitat groupé baptisé « Imagine ». Actuellement en travaux, il accueillera prochainement une petite douzaine de personnes réparties dans dix logements privés. Parmi les premiers arrivants, il y a Martine Deruisseau et Kristien Pottie. Originaire de Bruxelles, Kristien a choisi de vivre ici dans un but bien précis. « Je suis électrosensible. Cela veut dire que je ne supporte pas la présence des ondes. Si je me trouve en présence d’un GSM, d’une borne wifi ou d’un appareil qui émet des ondes, je me sens mal. J’ai de fortes migraines, des crises de tachycardie, je bégaye, je tremble et à la fin je ne sais même plus parler » , nous raconte-t-elle.
«Je suis équipée d’un électrosmog»
En Belgique, selon les rares chiffres récoltés sur le sujet, l’électrosensibilité concernerait 3 à 5% de la population. Une souffrance quotidienne, non reconnue par les mutuelles, qui complique la vie des personnes atteintes par ce mal. C’est depuis mai 2020 que les maux de Kristien sont devenus insupportables. « J’ai constamment un “électrosmog” avec moi. C’est un appareil qui me permet de mesurer l’intensité des ondes et d’identifier la source des émissions » , explique-t-elle.

Pourtant, sur le site de la Veillée, lorsque l’on allume son GSM, on capte le réseau et même de la 4G. Si vous allumez un récepteur FM, vous pouvez aussi écouter la radio. Du coup, comment expliquer que ce lieu soit vivable pour Kristien si on parvient à capter des ondes? "Ici, à Poncelle, il n’y a pas d’antenne GSM. L’intensité est plus faible et je ne souffre pas. Pour téléphoner, j’utilise le logiciel Skype sur un ordinateur connecté à internet via un câble" , assure-t-elle.
Complexité du quotidien
Pour l’instant, internet arrive chez elle via… un modem 4G. Mais attention, celui-ci ne se trouve pas à proximité immédiate de Kristien. Elle l’a éloigné au maximum de son habitat et elle récupère la connexion grâce à un long câble installé entre son ordinateur et l’appareil. D’ailleurs, à titre d’exemple, lors de notre rencontre, il était impossible d’enregistrer l’interview avec l’application “dictaphone” du smartphone, et ce, même en mode avion! L’appareil de Kristien s’affolait lorsqu’il pointait le téléphone portable. Nous avons compris à quel point la vie et le quotidien de Kristien peuvent être compliqués. « Pour aller faire mes courses, je ne peux pas aller partout et rester longtemps sur place. Même pour travailler, je ne peux pas me trouver dans un endroit exposé aux ondes, c’est très compliqué. J’utilise aussi des tenues spéciales qui bloquent les ondes. Mais ça coûte très cher, cela peut monter à plusieurs centaines d’euros » , soupire-t-elle.
La commune de Tintigny protège le site
Le site de la Veillée jouit, depuis peu, d’une protection particulière des élus communaux tintignolais. "Le conseil communal a voté à l’unanimité le fait qu’il faut préserver cet endroit des ondes. Il y a déjà eu des initiatives de ce genre en Suisse, mais chez nous, en Belgique, cela reste encore rare. Pourtant cette population existe et souffre. On ne peut tout de même pas mettre les gens à la poubelle" , complète Benoît Piedboeuf, le bourgmestre de Tintigny.
Précisons, aussi, que cet habitat groupé n’est absolument pas dédié aux électrosensibles. « Les personnes qui vivent et vivront ici sont des gens qui veulent vivre de manière différente et en communauté. Nous prônons la solidarité, le respect le partage. Quand nous sommes ici, on fait attention à nos GSM, mais disons qu’on souhaite aussi vivre d’une manière plus authentique et simple. Ce mode convenait parfaitement à Kristien » , explique Martine Deruisseau. Il reste encore plusieurs logements à acquérir sur place. Il faut se domicilier et participer à l’entretien de la copropriété. À une époque où on cherche absolument à éradiquer les zones blanches, peut-être n’est-il pas si stupide de préserver quelques lieux des technologies sans fil.
Infos auprès de Martine Deruisseau au 0497 29 90 37.