Une forêt mosaïque pour mieux résister au changement climatique
Face au changement climatique, la forêt ne résistera que si elle se diversifie. C’est le concept de "forêt mosaïque" que la Société royale forestière de Belgique développe avec les propriétaires forestiers.
- Publié le 21-03-2022 à 18h35
"La biodiversité, c'est le système immunitaire de la forêt."
En une phrase, Philippe de Wouters; le directeur de la Société royale forestière de Belgique (SRFB), résume le concept de "forêt mosaïque". Présenté ce lundi à l'occasion de la Journée internationale des forêts, ce concept est aussi un module interactif disponible sur internet (foretmosaique.be) que la SRFB met à disposition de ses 2 700 membres, propriétaires de la moitié de la superficie des forêts privées en Belgique, pour les aiguiller dans l'élaboration d'une forêt plus résiliente aux effets du changement climatique. Il est aussi accessible au public qui souhaite s'informer à ce sujet.
Favoriser les interactions entre les peuplements d’arbres

Maladies, ravageurs, canicules, sécheresses, tempêtes,…: le changement climatique fait souffrir la forêt depuis de nombreuses années déjà. Mais les phénomènes climatiques extrêmes et les calamités qui les accompagnent s’accentuent et si on ne lui donne pas les moyens de s’y adapter, elle pourrait bien y succomber.
Le remède de la forêt mosaïque c'est donc de doper le système immunitaire de la forêt en y apportant un maximum de diversité: diversité génétique en variant la provenance des plants, diversités des essences d'arbres et diversité des écosystèmes grâce aux différents types de peuplements et aux différents types de sylvicultures qui y sont appliqués (plantation, régénération naturelle, futaies régulières ou irrégulières, arbres morts d'intérêt biologique, etc.). "L'important ce sont les interactions entre les différentes parcelles", indique Philippe de Wouters. Chacune apportant un bénéfice à l'autre.

Un exemple? Un peuplement de pins sera un habitat propice à une espèce de coléoptères qui pourra se nourrir des scolytes qui pourraient se développer dans un peuplement d’épicéas situé à proximité.
Si le concept de forêt mosaïque prône la diversité et la biodiversité, il n’exclut évidemment pas la fonction économique de la forêt qui est avant tout de produire du bois. Mais il tient compte, plus qu’avant, des fonctions culturelles (loisirs, tourisme), stockage de CO2, régulation du climat. Les forestiers étant les architectes qui agencent au mieux ces différentes dimensions afin que la forêt puisse offrir les services qu’on attend d’elle.
Mais sont-ils convaincus de la nécessité de changer leur manière de gérer la forêt? Oui, ils le sont, assure Philippe de Wouters. "Dans une période de bouleversement telle que l'on connaît avec nos forêts, il y a d'abord un temps pour faire son deuil. Il a commencé il y a dix ans avec la chalarose du frêne. Mais depuis 5 ou 6 ans, on aide les propriétaires forestiers à s'adapter et on renforce leur motivation." Évidemment, redessiner la forêt pour la rendre plus résiliente est un processus qui s'étalera sur plusieurs dizaines d'années.
"Mais l'objectif, c'est qu'ils puissent transmettre à leurs enfants une forêt en meilleure santé qu'elle ne l'est aujourd'hui."