Les laboratoires étrangers pour se dérober du regard de l’Afsca: la Febia n’y croit pas
Les entreprises alimentaires recourent de plus en plus souvent à des laboratoires étrangers pour l’analyse de leurs échantillons.
Publié le 26-03-2018 à 14h00
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«De cette manière, elles peuvent plus facilement passer les problèmes mineurs sous silence», affirme un laborant lundi dans les colonnes des quotidiens Het Laatste Nieuws et De Morgen.
En cas de suspicions sur la qualité de denrées alimentaires, les producteurs doivent en informer l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca) dans les 48 heures, conformément à la législation européenne. En Belgique, les laboratoires sont tenus à la même obligation.
«Par conséquent, certaines entreprises alimentaires envoient leurs échantillons à des laboratoires étrangers», selon un laborantin. «En cas de problème mineur, elles peuvent plus facilement le passer sous silence.»
D’après plusieurs laborantins, cette pratique est répandue. «Les exploitants de poules qui ont relancé leur activité après la crise du fipronil font presque tous analyser leurs échantillons en Allemagne», assurent-ils.
De son côté, l’Afsca nuance ces propos. «Même si des entreprises belges envoient leurs échantillons à l’étranger et que des problèmes y sont constatés, elles sont tenues d’en informer l’Afsca», assure sa porte-parole Katrien Stragier. «Celles qui ne le font pas risquent des poursuites.»
La Fevia dément
La fédération de l’industrie alimentaire belge Fevia ne voit pas de problème au fait que des entreprises alimentaires belges recourent à des laboratoires étrangers pour l’analyse de leurs échantillons.
En cas de suspicions sur la qualité de denrées alimentaires, les producteurs doivent en informer l’Afsca dans les 48 heures. En Belgique, les laboratoires sont tenus à la même obligation.
Pour la Fevia, cette pratique ne remet pas en cause la sécurité des denrées alimentaires. «L’obligation d’informer des producteurs est toujours valable, qu’ils fassent analyser leurs échantillons en Belgique ou à l’étranger. S’ils ne s’y conforment pas, ils risquent des sanctions», indique M. Courant.
La fédération explique également qu’il y a parfois de bonnes raisons de passer par des laboratoires étrangers. Des raisons pratiques notamment, comme par exemple lors de la crise du fipronil au cours de laquelle les laboratoires du pays étaient surchargés. Les entreprises qui sont actives dans différents pays peuvent également avoir un contrat avec un laboratoire spécifique, pour des raisons d’efficacité, notamment budgétaire. Mais la Fevia estime enfin qu’une autre raison peut être la sévérité des règles belges, aux yeux de certaines sociétés. «Des entreprises peuvent dès lors choisir de se conformer à la législation européenne en se signalant elle-même et en pratiquant des contrôles.»
Mais quoi qu’il en soit, un système d’auto-contrôle certifié combiné à l’obligation de signaler est, selon la Fevia, un système fiable. Lors du dernier scandale Veviba, il s’agissait d’une fraude. «Nous condamnons fermement l’esquive délibérée des règles par une entreprise, mais c’est une pratique peu répandue. Nous voulons lancer un débat sur le moyen d’éviter les fraudes, mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain», conclut le porte-parole.