Scandale Veviba: Afsca et gouvernement responsables
Les députés Écolo-Groen pointent les responsabilités de l’Afsca et du gouvernement dans le scandale Veviba. Rapport de l’Agence à l’appui.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/SJNVZVQPFJG2FIZZMMECI64NDQ.jpg)
Publié le 21-03-2018 à 07h00
:focal(507x259.5:517x249.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/5TFC5R6XTBAAHHFCQNDICFMK2Y.jpg)
Ils y ont passé la nuit, ou presque. À quoi? A lire les annexes du rapport de l’Afsca sur l’affaire Véviba. Car si le rapport rendu public lundi affichait royalement 10 pages, les annexes en comptent 4 500.
C’est donc cette brique que les élus d’Écolo-Groen de la Chambre ont tenté de digérer pendant la nuit de lundi à mardi. Certains passages leur sont restés sur l’estomac.
Mardi matin, Muriel Gerkens et ses compères ont donc présenté leurs réflexions après leur nocturne besogne.
Trois dysfonctionnements sont pointés par les Verts: au niveau du travail de l’Afsca (Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire), de la Justice et du gouvernement.
Le travail de l’Afsca
Écolo relève plusieurs manquements.
1. Après que son inspecteur a constaté le ré-étiquetage au Kosovo (en octobre 2016), l'Afsca n'a pas mené d'enquête plus approfondie dans l'abattoir bastognard Véviba. «L'Agence explique qu'elle n'a pas réalisé d'enquêtes parallèles dans l'établissement de congélation afin de ne pas entraver l'enquête du magistrat sur la fraude à l'étiquetage.» Très bien sauf que le service juridique même de l'Afsca précise, dans une note antérieure au début de l'affaire, que «l'Afsca ne perd pas ses compétences de contrôles».
2. Un mois après le constat qu’il y a un sérieux problème d’étiquetage de la viande congelée chez Véviba, une information d’une autre source est parvenue à l’Afsca comme quoi, il y avait une suspicion de fraude économique au sein de l’établissement.
3. Une note de l’Afsca indique qu’il y a une attitude nonchalante du secteur des abattoirs face à l’hygiène.
Autant d’éléments qui font dire que les responsables, à l’Afsca, du dossier Véviba auraient dû envoyer des inspecteurs contrôler les frigos de cette société devenue plus que suspecte.
4. Autre défaillance de taille aux yeux des élus fédéraux d’Écolo-Groen: en octobre 2016, quand l’inspecteur de l’Afsca constate que des lots de viande congelés ont été rajeunis via un ré-étiquetage, l’agence devait prévenir la RASFF (Food and Feed Safety Alerts), système d’alerte européen qui doit être prévenu dans ce genre de situation pour informer les autres pays. Pour que ceux-ci puissent prendre les mesures ad hoc.
Si on sait que de la viande à l'étiquetage falsifié a été envoyée aussi en Côte d'Ivoire et à Hong Kong, qu'en est-il des pays européens? «À quand remonte ce type de fraude et quels pays sont touchés?»
Le travail judiciaire
1. Sur le volet judiciaire, Écolo s'interroge sur la lenteur de la Justice. Un an et demi pour une perquisition, c'est long. Écolo constate aussi «qu'une personne était engagée par la police fédérale, dont le coût était supporté par l'Afsca, en vue d'apporter son soutien. Mais, depuis décembre 2015, elle est pensionnée et n'a jamais été remplacée.»
2. Les Écolos observent aussi que «la province de Luxembourg ne dispose que de 2 policiers pour toutes les enquêtes relatives à la santé publique et à l'environnement. Tandis que cette même province (soit l'arrondissement judiciaire) ne compte plus que 4 juges d'instruction au lieu des 6 prévus.»
Mais ça, cela relève plus de la responsabilité politique (lire ci-dessous).