A nos frontières : le Front national largement en tête

Ce dimanche 6 décembre, les Français ont voté pour la première fois dans le cadre des 13 nouvelles régions (au lieu de 22) dont la carte est dessinée depuis novembre 2014 et entrera en vigueur en janvier 2016. La surprise du premier tour de ces élections régionales vient de la nouvelle région frontalière Alsace Champagne Ardenne Lorraine (nom encore provisoire) à deux titres.

Première surprise: le Front national emmené par Florian Philippot arrive premier en Acal avec 36,06% des voix. Soit 11 points d'avance, sur le favori pressenti, la tête de liste des Républicains (LR, ex-RPR) Philippe Richert, président sortant du conseil régional alsacien (25,83%) et 20 points sur le socialiste, Jean-Pierre Masseret (16,11%). Plus loin encore et donc absents du second tour, Sandrine Bélier d'Europe écologie les verts (EELV) avec 6,7% des suffrages exprimés, les autres partis étant en dessous de 5%.

De 30,7% dans le Bas Rhin jusqu’à 40,4% dans l’Aube, Florian Philippot, candidat nationaliste opposé à la fusion des régions, l’emporte haut la main dans les dix départements de l’Acal, région dont la création a été difficile et plutôt mal accueillie. Le contexte de crise sécuritaire qui touche la France au lendemain des attentats de Paris n’est sans doute pas étranger à la poussée du FN, en tête dans cinq autres régions.

Le parti d’extrême droite serait en position de l’emporter dans au moins trois d’entre elles, sans doute grâce à la notoriété des têtes de liste. En Acal, Florian Philippot, vice-président du parti en charge de la stratégie et de la communication et élu au parlement européen, se place dans ce trio de têtes. Avant lui, avec 41.5% des voix en Provence Alpes Côte d’Azur (PACA), Marion Maréchal Le Pen, petite fille de Jean-Marie Le Pen leader historique du parti, suivie de Marine Le Pen, chef du parti et fille de Jean-Marie Le Pen, avec 40,64% des voix en Picardie Nord Pas de Calais.

Second coup de théâtre en Acal: le refus du candidat socialiste Jean-Pierre Masseret de se retirer de la compétition contrairement à la ligne nationale édictée par le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis. Et malgré les appels à rentrer dans le rang des maires socialistes de Strasbourg, Verdun et Metz. Jean-Pierre Masseret a déclaré lors d'une conférence de presse depuis son QG à Maizières-les-Metz retransmise sur les chaînes d'info directes lundi midi: «C'est la meilleure façon de s'opposer au FN. C'est en siégeant dans l'assemblée territoriale que nous pourrons le mieux faire reculer le front national.» Le PS «a jusqu'à mardi midi pour le convaincre», a déclaré Jean-Christophe Cambadélis

Mais le véritable vainqueur de ces élections régionales reste l’abstention avec 52,07% des inscrits qui ne se sont pas déplacés aux urnes dimanche. La position inédite du candidat de gauche et la triangulaire qui s’annonce s’il ne cède pas aux pressions, motiveront-elles davantage les troupes? Réponse lors du second tour dimanche prochain.