Soumagne: déclaré coupable de harcèlement contre la bourgmestre quand il était échevin
Pierre Brzakala a bénéficié de la suspension du prononcé. Selon les témoins, il tenait des propos sexistes, irrespectueux voire menaçants.
Publié le 08-12-2022 à 17h53 - Mis à jour le 08-12-2022 à 20h40
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La cour d’appel de Liège a accordé une suspension du prononcé à Pierre Brzakala, 72 ans, l’ancien échevin de l’Enseignement de Soumagne, qui a été reconnu coupable d’avoir harcelé Mme Chantal Daniel, l’ancienne bourgmestre PS de Soumagne. Des faits commis entre le 23 septembre 2013 et le 9 juin 2017.
Multitude de témoins
En 2013, Chantal Daniel a succédé à Charles Janssens qui était depuis de longues années à la tête de la commune. Des tensions sont rapidement nées entre la bourgmestre et plusieurs échevins, notamment de son propre parti. L’ambiance était très tendue et des plaintes croisées ont été déposées par plusieurs personnes, dont la bourgmestre. La chambre du conseil a accordé plusieurs non-lieux. Seul Pierre Brzakala s’est retrouvé poursuivi devant le tribunal.
De nombreux témoignages ont été recueillis et même si certains des témoins n’appréciaient pas particulièrement la bourgmestre, ils ont estimé que plusieurs personnes, dont Pierre Brzakala, qui a été présenté comme un meneur, avaient de manière répétée dépassé et de loin le débat d’idées.
Pierre Brzakala l’a ainsi traitée de "grosse vache" ou encore, "BBB" pour le bœuf Blanc, Bleu, Belge… Il a également déclaré qu’elle avait dû être opérée pour ressembler à une femme. Des personnes ont déclaré qu’il avait crié sur la bourgmestre et que cette dernière avait été retrouvée en pleurs après certaines scènes.
Le prévenu a réfuté toute volonté de harcèlement. Il a admis qu’il avait mené, avec d’autres, une fronde pour dénoncer des comportements qu’il estimait inadmissibles de la part d’une bourgmestre.
"De temps en temps, c’est vrai que je suis sorti de mes gonds, a-t-il expliqué. J’ai l’habitude de parler fort. La bourgmestre savait comment m’énerver." Il a réfuté avoir insulté la bourgmestre. "Je n’ai jamais traité la bourgmestre de Blanc, Bleu, Belge. C’était de l’humour."
Atteinte grave
"En agissant comme il l’a fait de façon constante et récurrente, le prévenu savait ce qu’il faisait, et posait sciemment un acte en pleine connaissance de cause qui allait avoir des conséquences sur l’intégrité psychique, voire physique, d’autrui", relève la cour. "En tout état de cause et nonobstant les reproches que fait le prévenu à l’égard de la partie civile, rien dans son attitude ne justifiait celle du prévenu de façon récurrente pendant des années", soulignent encore les magistrats.
La cour a toutefois relevé le dépassement du délai raisonnable pour être jugé mais "vu l’importance de l’atteinte portée à l’ordre public et les conséquences sur l’intégrité psychique d’une personne dont la tranquillité est affectée sur une longue période", les magistrats se sont refusés à lui accorder une simple déclaration de culpabilité.
La cour a également accordé une somme de 2 500 euros provisionnels à la victime et une expertise qui devra déterminer précisément la hauteur de son dommage.