Halo Steelrings: la fin d’un bel outil de la relance wallonne?
Il n’y a plus de candidat à la reprise pour l’ancienne filiale d’Arcelor-Mittal, Halo Steelrings, à Seraing. Ni fleurs, ni couronnes?
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- Publié le 08-06-2023 à 06h00
- Mis à jour le 08-06-2023 à 08h33
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Une frustration de plus pour le personnel de Halo Steelrings, ex-filiale d’ArcelorMittal à Seraing: Capaul, entreprise eupenoise de transformation des métaux, vient de déclarer forfait. C’était le dernier candidat à la reprise pour la forge sérésienne, spécialisée dans les couronnes laminées.
En réalité, si Capaul se désiste, c’est parce que l’entreprise d’Eupen ne veut pas se lancer seule. Or, son partenaire financier renonce après avoir fait ses comptes: Halo Steelrings sera rentable dès sa relance mais il faudra attendre un peu pour un rendement à deux chiffres.
Des industriels convaincus du projet et des financiers en attente de rendement rapide: au sein de l’entreprise, il y a comme une impression de déjà-vu.
Commande Giga
Depuis que le processus de liquidation volontaire avec cession d’actifs est en cours – ça fait 9 mois —, il y a eu plusieurs candidats à la reprise. Des forgerons, des fournisseurs de matières premières et des groupes financiers.
Le constat est assez général et des audits techniques sont venus le confirmer pour certains: l’outil est en bon état et la réputation européenne de l’entreprise n’est plus à faire. Clients fidèles, marché porteur… Les anneaux laminés à chaud qui sortent de chez Halo deviennent des roues de tram (notamment pour la STIB) ou des pièces d’électrolyseurs pour produire de l’hydrogène vert. Créneau stratégique, s’il en est. Le paradoxe, il est là. Il est même carrément stocké dans un hall de l’usine en liquidation: une commande attend de partir pour l’Alsace, où est installée la première gigafactory "hydrogène" du groupe John Cockerill, ex-CMI.
Bref, les industriels croient au projet et à sa viabilité. Mais les financiers calent. Le retour sur investissement paraît trop long. Les objectifs d’emploi et de réindustrialisation de la Wallonie n’entrent pas dans leurs priorités.
L’engagement wallon
Par contre, c’est bien un engagement du Plan de relance wallon: d’ici à 2030, l’industrie et le secteur de la construction représenteront 25,5% du PIB wallon (21% aujourd’hui). " Nous entendons développer un tissu industriel qui contribue à la transition énergétique", rappelait encore Elio Di Rupo lors de son discours sur l’état de la Wallonie il y a une semaine. La filière "hydrogène vert" est d’ailleurs dans les petits papiers des pouvoirs publics. Alors ?
La Région veut bien soutenir Halo Steelrings, à condition qu’un partenaire industriel crédible vienne épauler la forge. Une réunion s’est tenue le 25 mai au cabinet du ministre Borsus. Tout le monde y était, liquidateurs, candidat à la reprise, direction locale, syndicats et acteurs publics.
"L’entreprise a d’indéniables atouts. Son expertise est elle-même tout aussi indéniable. On se trouve dans un secteur qui est, à maints égards, porteur avec des perspectives d’avenir ", soulignait Willy Borsus le 30 mai au Parlement wallon.
La business unit "Retournement" de Wallonie Entreprendre (qui regroupe les invests SRIW, Sogepa et Sowalfin) s’est "mobilisée" sur ce dossier, dit le ministre.
Solo
Chez Halo, on s’interroge toujours sur cette condition sine qua non d’un adossement à un partenaire industriel pour accéder aux leviers d’un financement public. D’autant que le scénario d’une relance en solo, avec le soutien temporaire de la Région, reste très vivace dans la maison.
En attendant, les délais sont trop courts pour rendre effectif le licenciement des 60 travailleurs pour ce vendredi 9 juin. La deadline avait d’ailleurs été mise entre parenthèses pour laisser du temps à Capaul. Qui a tranché plus tôt que prévu.
Mais, à moins de voir un candidat sortir du bois, comme Capaul il y a trois semaines, c’est la fin d’une entreprise profilée "Plan de relance wallon".