Jean-Pierre Jacquet, promu «Shihan»
Le sexagénaire vient d’accéder au titre suprême en aïkido après 50 ans de pratique. Une référence en Belgique.
Publié le 16-03-2021 à 06h00
Une consécration, un honneur, une exception aussi. Jean-Pierre Jacquet a été consacré «Shihan» et a accédé à une catégorie très réduite dans un art martial, en Belgique. Être «Shihan», c’est avoir accès au grade suprême, la catégorie ultime si vous voulez. Sa discipline à lui, c’est l’aïkido dont il sera désormais, selon la traduction officielle du japonais, «un exemple» ou encore «un modèle.» À bientôt 69 ans, cet Esneutois, qui a son propre dojo dans sa commune, donne aussi des cours de cet art martial si spécial aux frontières de notre arrondissement et du Condroz, à Neupré, en compagnie de son fils Fabian.
Pour mesurer la portée de l'événement, un chiffre vaut mieux qu'un long discours: jusqu'il y a peu, il n'était que 5 à porter ce titre si particulier en Belgique. «Désormais, on sera sept manifestement, sourit Jean-Pierre Jacquet dont l'expertise en matière d'Aïkido n'a d'égale que l'humilité. C'est clair que ça fait super plaisir même si je n'ai jamais été un grand adepte de toutes ces attentions. » D'autant plus que c'est directement de la maison mère si l'on peut dire, celle de Tokyo où se situe le centre mondial de la discipline, qu'émane la récompense. Un endroit qui est la Mecque de l'aïkido encore tenue par le petit-fils du fondateur de la discipline. Ce qui donne encore plus de saveur à ce titre, évidemment. «Cette consécration arrive du fait que je pratique ce sport depuis 50 ans, narre celui qui est aussi maître de stages pour la commission pédagogique de l'Adeps et également membre de la commission fédérale des passages de grades pour l'AFA, à savoir l'Association Francophone d'Aïkido. Dans ma vie personnelle, cela ne changera pas grand-chose. Je compte continuer d'enseigner mon art avec la même passion, celle qui m'anime depuis toujours. Mais ce qui change surtout, c'est désormais le regard des autres. Je vois bien qu'on me regarde de manière différente. On me voit désormais comme une référence. Et donc, je me dois d'être encore plus à la hauteur.»
La faute à la pandémie, c'est via vidéoconférence que Jean-Pierre Jacquet a été honoré il y a une poignée de jours. Il a reçu également un document qui atteste de son titre suprême unique. « Cela n'a pas traîné pour me remettre virtuellement ce titre mais ça m'arrange bien, je voulais quelque chose de simple» rigole-t-il. C'est presque par hasard qu'il y a près d'un demi-siècle, notre homme a opté pour cette discipline. «En fait, au départ, je m'étais tourné vers le judo et le karaté, rembobine-t-il. Mais j'ai vite trouvé ça agressif et j'ai bien senti que cela ne m'intéressait pas vraiment. Avec l'aïkido, j'ai découvert une discipline totalement différente à mes yeux. Déjà, il n'y a pas de compétition. Et le but n'est pas de porter des coups à l'autre, mais est bien plus dans le partage. On fait un mouvement de l'un vers l'autre, l'un avec l'autre, dans une sorte de relation fraternelle. Tandis que l'un affine sa technique dans un mouvement vers l'autre, l'autre l'aide, puis on inverse les positions. Cette philosophie cadre bien plus avec mes valeurs et ma façon de vivre. »
Avec ce titre dans son escarcelle, Jean-Pierre Jacquet n'accède pas seulement à la reconnaissance suprême. Il va aussi pouvoir avoir accès à une série de conférences et autres discussions avec les plus grands pratiquants du monde. Du moins quand la vie reprendra son cours normal. «Et je dois bien vous avouer que depuis 1,5 an, je suis malheureux, peste cet ancien professeur d'électricité. On est pour ainsi dire privé de notre discipline et on ne sait rien faire ou quasiment. J'ai peur qu'une fois qu'on pourra reprendre, ce soit très compliqué pour moi après une si longue période d'inactivité. Mais on ne sait rien faire de plus: il faut plus que jamais patienter et rester prudent. » Et c'est désormais un maître «Shihan» qui le dit avec sagesse…