Nouveau superintendant pour le cimetière américain de Neupré
Bobby O. Bell est arrivé un peu incognito, en juillet dernier, au terme d’un voyage en provenance des Philippines.
Publié le 02-03-2021 à 08h16
Le nouveau superintendant du cimetière américain de Neuville, Bobby O. Bell, a bien posé ses valises au 164 de la route du Condroz à Neupré avec sa femme, une institutrice belge avec laquelle il s’est marié en 1986, et ses deux caniches.
Son rôle est d’assurer la bonne gestion du site au quotidien et de veiller à ce que la mémoire des soldats enterrés soit respectée. C’est lui aussi qui gère les diverses cérémonies. À Neuville, le ressortissant américain supervise le travail de 15 employés belges à temps plein qui veillent notamment à l’entretien des lieux. Tous sont payés par le gouvernement américain, grâce à l’American Battle Monuments Commission, ou ABMC, une agence gouvernementale indépendante.
«Beaucoup de Belges pensent que le cimetière est un parc, regrette le responsable qui doit parfois recadrer les visiteurs. C'est un cimetière, ce qui signifie qu'il faut respecter certaines choses, les chiens sont interdits, les skateboards aussi; ce n'est pas un endroit pour jouer, il faut respecter la mémoire des soldats qui ont donné leur vie pour notre liberté. C'est quelque chose de très important.»
Il y a donc tout un travail sur le souvenir à effectuer avec le public, une mission que Bobby O. Bell prend très à cœur compte tenu de son passé familial: «Mon papa était militaire et j'ai moi-même effectué mon service militaire dans la Navy avant de travailler comme civil pour l'armée».
Il a déjà travaillé à Henri-Chapelle
Son affectation à Neuville est la huitième, après des missions réalisées dans une flopée de pays différents: la France, les Pays-Bas, entre autres. C’est la deuxième fois qu’il a la responsabilité d’un cimetière belge puisqu’il avait déjà effectué une mission d’une durée de sept ans, de 2010 à 2017, à Henri-Chapelle, où gisent les dépouilles de près de 8 000 soldats. Il avait ensuite été transféré jusqu’en 2020 aux Philippines, pour veiller sur le plus grand cimetière américain à l’extérieur des États-Unis.
Pour lui, le retour en Belgique a créé un certain choc: «Ici, le climat est différent, l'hiver est long, froid, mouillé, admet le nouveau superintendant. Mais nous sommes contents de revenir en Europe, on a l'occasion de revoir nos amis».
Malgré ces quelques désagréments, Bobby O. Bell s'estime très chanceux d'avoir été transféré sur le site de Neuville: «L'équipe est sérieuse et professionnelle, je suis toujours zen, chaque jour est spécial», raconte-t-il.
Un moment qui l’a marqué depuis son arrivée? Ce matin où un soldat belge à la retraite est venu lui demander de hisser le drapeau à 8 h. Ou encore toutes ces fois où des familles ou des enfants lui ont demandé des renseignements. Des moments qui lui ont permis de se sentir comme un véritable passeur d’Histoire.