"Illégalité" à l’Institut Médico-légal de Liège
Les liquides organiques vont à l’égout sans même être désinfectés. Un rapport accablant.
- Publié le 06-06-2023 à 19h01
- Mis à jour le 07-06-2023 à 06h48
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Cela fait des décennies que l’institut de médecine légale de Liège est installé au 39 de la rue Dos Fanchon.
En toute logique, cela fait également des années qu’ils ne respectent pas toutes les conditions requises dans le permis d’environnement qui lui a été octroyé. Cet état de fait a été, une nouvelle fois, mis en exergue dans le "Rapport d’évaluation des conditions de travail et des risques pour la santé et la sécurité au travail", dressé par une société de service externe de prévention et de protection.
Dans celui-ci, il faut bien l’écrire, on se rend compte de l’état pitoyable de l’institut médico-légal liégeois. On y apprend par exemple, que dans la cave, la taque qui se trouve au centre du couloir menace de s’effondrer, avec les risques de chute que cela engendre. On peut également y lire que le câble d’une table élévatrice est sérieusement endommagé ce qui présente un risque électrique.
Déjà en 2018…
Viennent alors les remarques sur ce qu’il convient d’appeler les manquements constatés dans la salle d’autopsie.
Le rapport fait d’abord état du fait que les médecins pratiquent en général une autopsie par semaine et utilisent une scie à os sans aspiration de la poussière… Signalons toutefois qu’en théorie, ils travaillent en portant masques et lunettes. Par contre, on le sait, lors d’une autopsie, il y a du sang et autres fluides qui s’échappent des corps examinés. Or, il n’existe pas de procédure de décontamination des effluents des tables d’autopsie avant l’évacuation à l’égout.
Pourtant, ces effluents sont potentiellement contaminés biologiquement. Cette décontamination figure d’ailleurs dans le permis d’environnement qui autorise les activités de la salle d’autopsie et du dépôt mortuaire, permis qui stipule que les liquides organiques doivent être recueillis dans un récipient contenant une dose efficace de désinfectant avant l’évacuation dans les égouts publics.
Reste maintenant à savoir ce que les responsables de l’Institut et les autorités académiques liégeoises vont faire de ce rapport pour le moins interpellant et ce, d’autant plus que nous ne mentionnons, ici, que quelques points problématiques. La situation est, en effet, apparemment déjà connue puisque lors de la dernière visite de contrôle, le 8 octobre 2018, les manquements de la salle d’autopsie avaient déjà été signalés.
Les autopsies dorénavant au CHU ?
Directeur de l’institut de médecine légale, le Professeur Philippe Boxho affirme apprendre la problématique mentionnée ci-dessus. "Il y a quand même une filtration qui est effective en dessous de chaque table d’autopsie, précise-t-il. Pour le reste ce rapport met l’accent sur la vétusté des lieux et je me demande s’il est opportun de dépenser des fortunes pour remettre la salle d’autopsie aux normes, salle que nous pourrions quitter…"
Et le médecin liégeois qui est par ailleurs président du Conseil d’administration du CHU de lancer une idée qui risque de faire grincer des dents…
"Je pense qu’il serait sage de ne plus pratiquer les autopsies à Dos Fanchon, mais de les faire au CHU. En effet, le CHU dispose d’une salle d’autopsie qui serait mieux rentabilisée. Pour être tout à fait honnête, j’envisage de fermer la salle de Dos Fanchon dans quelques mois, notamment pour des problèmes environnementaux."
Cette décision éventuelle serait, entre autres, guidée par la mise en place du projet "IML" du Gouvernement fédéral. "Ce plan prévoit qu’il n’y aurait plus que cinq Instituts médico-légaux en Belgique et donc seulement deux en Wallonie: à Liège et Charleroi. Mais pour cela, il faut que nous soyons à la hauteur."