Dussenne : "En football, on oublie vite…"
En fin de contrat, le capitaine de 30 ans ne se sent pas trop vieux. "Je réalise la meilleure saison de ma carrière." Standard - Z Waregem : 2 - 2
Publié le 19-03-2023 à 15h59 - Mis à jour le 19-03-2023 à 16h21
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Le contraste était saisissant. Il est 21 h 24 lorsque Noë Dussenne explose de joie après avoir propulsé, d’une tête rageuse, le ballon dans le but de Bostyn sur un corner idéalement botté par Aron Donnum.
Le capitaine du Standard, dont la situation au club le peine – il ne prolongera pas à l’issue de la présente campagne – laisse parler ses émotions. Le chef de meute des Rouches croit alors les siens partis vers une victoire facile, qui leur tendait les bras.
Mais le syndrome Standard les a rattrapés lui faisant perdre son sourire après le match au moment de se présenter face à la presse, dépité tant par la prestation et le résultat que par sa situation personnelle.
Entretien avec un capitaine blessé, pas loin d’être abandonné.
Noë, quels sentiments vous habitent après la perte incompréhensible de ces deux points ?
J’ai des regrets, un goût amer de trop peu. On a lâché quand il ne le fallait pas et on a tué le match qu’on a contrôlé de A à Z. En première période, ils n’ont pas une demi-occasion. Après la pause, les dix premières minutes étaient correctes et ensuite, on a commencé à reculer et on n’arrivait plus à poser notre jeu et à leur faire mal. Malgré cela, on a de belles, de très belles occasions et on ne fait pas le break. On n’était pas bons, mais on pouvait marquer.
Le Standard a joué "trop facile" selon vous ?
Je ne pense pas, mais il y a eu un relâchement. On a oublié de tuer le match. Il y avait aussi de la complaisance. On a perdu des ballons qu’on n’avait plus l’habitude de perdre ces dernières semaines.
Encore une fois, vous loupez la belle opération. Cela devient une ritournelle.
Il reste quatre matchs et il faut essayer de faire le plein. C’est rageant de voir qu’on perd ici contre Courtrai (0-2) et qu’on fait match nul contre Zulte Waregem. Au décompte final, cela fera peut-être la différence. On pourra peut-être se souvenir de ce match s’il nous manque deux points pour accrocher le top 4.
Le coach a haussé le ton dans le vestiaire après le match.
Il était fâché et il a raison de l’être, car on ne peut pas laisser partir cette victoire. Il nous a remis à notre place. J’étais le premier à péter un câble dans le vestiaire. On avait tout en main et on a loupé le coche.
Venons-en à votre situation. En avez-vous fait le deuil ?
Oui et non. Je suis honnête et entier, c’est difficile d’accepter la situation telle qu’elle est pour le moment, car je n’ai pas vraiment d’explications. J’ai eu une discussion en janvier et, depuis lors, tout le monde fait peut-être semblant de rien. En attendant, je joue, je suis capitaine et je fais mon maximum. Je sais que la saison prochaine, dans deux-trois mois, il y aura autre chose, je l’espère du moins. Pour l’instant je suis à fond pour le Standard, mais je dois aussi me montrer, car je dois aller vers d’autres cieux.
On vous a clairement dit qu’à votre âge (30 ans), c’était compliqué de vous faire resigner. Selon vous, 30 ans, c’est trop vieux ?
Je ne me sens pas vieux. Je joue peut-être la meilleure saison de ma carrière. Je suis en pleine bourre et dans le foot, il y a de nombreux exemples de défenseurs plus âgés que moi, quand on voit un Ramos qui a 36 ans par exemple. Moi, on m’a fait comprendre qu’à 30 ans, c’était difficile de resigner un contrat, du moins au Standard.
Vous le prenez comme un manque de considération ?
Il ne faut pas oublier que j’ai eu une année blanche au Standard avec ma blessure au ligament croisé du genou. Mais si on se réfère à cette saison-ci, tout le monde trouve que ce n’est pas normal. Mais c’est le club qui dirige et il a décidé de faire confiance aux jeunes. Il y a des super défenseurs qui arrivent et ils vont être le relais. Le Standard m’a clairement dit que ce serait plus difficile de me revendre moi comparé à un jeune de 18-19 ans qui explose.
Pour exploser, les jeunes ont besoin de joueurs expérimentés.
Oui mais c’est le club qui prend ses décisions. J’aime encadrer les jeunes. Quand j’étais à Mons, j’ai profité de l’expérience de joueurs chevronnés comme Berthelin, Nicaise et j’essaie de faire pareil avec les jeunes en leur transmettant une certaine éducation professionnelle. À n’importe quel moment, tout peut s’arrêter. Ce n’est pas parce que tu signes un contrat que tout est terminé.
C’est la réalité économique des clubs belges, qui sont obligés de capitaliser sur leurs jeunes pour leurs finances.
Je ne vais pas trop parler de finances, car je ne suis pas celui qui coûte le plus cher. Mais je comprends votre question. En Belgique, on forme des joueurs pour pouvoir les revendre 5, 6, 10 millions €. Moi, tu ne vas pas me revendre à ce prix-là à 30 ans. Est-ce que je découvre le foot business ? Oui et non, mais je constate que dans le foot, on oublie vite…
Vous ambitionnez de bien terminer la saison au Standard, le résultat de samedi vous frustre d’autant plus ?
Oui. J’ai envie de profiter de mes derniers matchs ici, car je ne pense pas que j’irai dans un autre club en Belgique après le Standard.