Un projet-pilote à l’étude pour éviter que des meurtres passent encore inaperçus en Belgique (vidéo)
En Belgique, comme ailleurs, on ne réalise plus des autopsies en suffisance. Avec pour conséquence que la Justice passe à côté de nombreux meurtres. S’il voit le jour, un projet-pilote pourrait inverser la tendance.
Publié le 09-06-2022 à 17h00
Faute de budget, la Belgique passerait à côté de 75 crimes parfaits par an. Philippe Boxho confirme la tendance: en matière d’autopsie, nous sommes à la traîne: 1à 2% alors que l’Europe préconise 10%. La raison?On ne réalise plus d’autopsies en suffisance.
"C’est un problème récurrent , dit le Dr Philippe Boxho, le directeur de l’Institut de médecine légale de Liège. Aujourd’hui, on envoie un légiste sur une mort suspecte et non plus sur une mort violente (quelqu’un qui se pend, qui prend des médicaments ou qui tombe dans les escaliers).Or, ce que les légistes proposent, c’est d’inverser le système: de se demander, par l’intervention du légiste, si c’est suspect. Effectivement, on va trouver des meurtres qui seraient passés au bleu. J’en ai déjà découvert de cette manière-là. On avait une politique criminelle ici, à Liège, – on l’a changée parce que nous n’étions plus suffisamment - qui était d’envoyer le légiste pour voir s’il y avait quelque chose de suspect et, régulièrement, on est tombé sur de vrais meurtres. (...) On ne se donne pas les moyens. "
Un projet est à l’étude au sein du gouvernement, selon Philippe Boxho, pour envoyer un légiste sur toutes les morts violentes pendant une période d’essai.
"Sur le plan des moyens, nous sommes en pleine régression" , peste le professeur Philippe Boxho. "La Justice n’a jamais été aussi peu financée. Nous étions 42 médecins légistes dans les années 2000, nous sommes encore une vingtaine."
Pourtant, "il y a un véritable attrait des jeunes" pour devenir médecin légiste. "Pour l’Institut de médecine légale de Liège, j’ai en moyenne trois postulants par an" , précise le professeur Boxho, qui indique que "le métier ne disparaîtra jamais" . "Mais, il faut pouvoir les payer. On ne vit pas d’amour et d’eau fraîche. Or, nous vivons ici, comme partout ailleurs, sur budget propre. Il faut donc qu’on ramène de l’argent pour pouvoir ensuite payer les médecins légistes."
Sauf que les médecins légistes travaillant pour la Justice croulent sous les impayés et la paperasse. Ils ont déjà tiré à maintes reprises la sonnette d’alarme.