«Il est addict aux jeux»: 10 mois de prison avec sursis requis contre le médecin aux faux CST, poursuivi pour trois escroqueries
Ce jeudi, le Dr Diagne, connu de la justice pour avoir réalisé de nombreux faux Covid Safe Ticket, a comparu devant le tribunal correctionnel de Liège pour trois escroqueries réalisées au détriment de plusieurs de ses connaissances. Il encourt une peine de dix mois de prison avec sursis probatoire.
Publié le 21-04-2022 à 11h56 - Mis à jour le 21-04-2022 à 16h34
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Après avoir défrayé la chronique dans le cadre d’une vaste fraude aux faux CST démantelée fin de l’année dernière, le voici devant le tribunal correctionnel de Liège ce jeudi matin. L’ancien médecin urgentiste , Mouhamadou Diagne, qui jouissait d’une excellente réputation dans le milieu médical, est poursuivi pour trois escroqueries et un faux en écriture commis à Liège en 2018 et en 2020. Non pas pour les faux CST, mais bien pour avoir emprunté à plusieurs personnes des sommes de plusieurs milliers d’euros qu’il n’a jamais remboursées.
J’avais difficultés financières à rembourser les lois sociales.
Trois victimes avaient déposé plainte à son encontre, mais seule l’une d’elles a réclamé son argent ce jeudi, devant le tribunal correctionnel, une autre ayant été remboursée avant l’audience.
"À l’époque où j’étais médecin à Mons, j’avais un ami qui achetait du matériel informatique", a expliqué le Dr Diagne."Il avait des pourcentages sur les Gsm et les ordinateurs, car il faisait partie de la société mère. Il m’avait approché à plusieurs reprises pour lui acheter du matériel, et on devait se partager le bénéfice. J’étais en société, j’avais accepté ce deal-là, car j’avais des difficultés financières à rembourser les lois sociales. C’était une occasion pour avoir des sous. On a commencé le deal et j’ai donné à cette personne l’argent, puis celle-ci ne m’a plus donné de nouvelles. J’ai tenté de rembourser les montants empruntés. Mais quand j’ai voulu rembourser les personnes, j’avais une saisie sur mon compte pour les charges sociales."
Monsieur semble clairement addict aux jeux. Il a un gros souci, c’est une maladie. Je pense qu’il doit être suivi pour assurer son avenir.
Lors de l’audience, la substitut du procureur du roi de Liège, Nathalie Doyen, a requis une peine de dix mois de prison, assortie d’un sursis probatoire. "Monsieur est connu de la justice pour des faits similaires", a-t-elle précisé. "Il y a de mon point de vue des manœuvres frauduleuses, le prévenu sachant depuis le départ qu’il ne rembourserait pas les victimes.Il va de dettes de jeux en dettes de jeux, et demande à sa famille, ses amis et ses collègues de l’aider à rembourser toutes ses dettes de jeux. C’est un cercle atroce."
Le ministère public a notamment précisé que le prévenu a un antécédent spécifique, avec une escroquerie, pour laquelle il a bénéficié de la suspension du prononcé de la condamnation. "Il semble clairement addict aux jeux. Il a un gros souci, c’est une maladie. Je pense qu’il doit être suivi pour assurer son avenir."
Il convient de ne pas alourdir son casier judiciaire, mon client est jeune. Surtout qu’il va avoir des difficultés à exercer à la suite du dossier de Charleroi.
Selon l’avocate du prévenu, le Dr Diagne a suivi une psychothérapie en 2018 après avoir reconnu "avoir touché le fond".
"À l’époque, il avait une addiction compulsive aux jeux", a indiqué Me Meter, dont le client nie avoir escroqué quiconque et parle de prêts qu’il va rembourser, ou qu’il a déjà restitués. L’avocate a donc plaidé l’acquittement, à tout le moins au bénéfice du doute.
Si le tribunal devait estimer les préventions établies à charge de son client, l’avocate a demandé qu’aucune peine supplémentaire ne soit prononcée par rapport à l’arrêt de la Cour d’appel de Liège, où le prévenu avait bénéficié d’une suspension du prononcé de la condamnation.
Un nouveau suivi thérapeutique la semaine prochaine
"Les faits de 2015 et ceux d’aujourd’hui s’emparent de la même unité d’intention. Si vous estimiez néanmoins que la mesure prononcée à l’époque n’est pas suffisante, je demande une peine de probation autonome." Elle a ajouté que le prévenu allait entamer un nouveau suivi thérapeutique dans le courant de la semaine prochaine."Il convient de ne pas alourdir son casier judiciaire, mon client est jeune. Surtout qu’il va avoir des difficultés à exercer à la suite du dossier de Charleroi." Elle a donc réclamé une peine de travail à titre subsidiaire, voire un sursis total.
Le jugement sera prononcé le 19 mai.