David D’Ascenzo, l’ex-vendeur qui fait sonner les placards

Une découverte étonnante au cœur de la cité ardente, un moment privilégié dans un univers où le bois est roi. Il se livre sans détour et revient sur son parcours atypique. "J'ai quitté le général parce que j'étais mauvais, sourit-il. Je me suis donc dirigé vers une formation de menuisier-ébéniste à Don Bosco à Liège. C'est un métier qui me plaisait mais je ne voulais pas travailler en menuiserie. Donc, j'ai poursuivi mon cursus à Saint-Luc pour devenir architecte d'intérieur."

Diplômé, il a vendu des piscines, des hammams, des placards et des cuisines. Une partition qu'il a jouée durant une quinzaine d'années avant d'opérer un revirement professionnel à 360°. Au départ vendeur, il finit par devenir gérant, puis manager avec tous les avantages extralégaux qu'une telle fonction implique. "On est au sommet, on est le meilleur, on fait des chiffres d'affaires excellents et puis un jour, comme on fait un peu moins bien, on nous le fait remarquer, raconte-t-il. Au même moment, j'ai appris que mon papa avait un cancer qui était trop avancé pour pouvoir être soigné. J'ai donc décidé de faire une pause carrière pour l'accompagner dans sa fin de vie. Cette étape a été un élément déclencheur et j'ai pris conscience que la vie à 38 ans, ce n'était pas ça."

Des guitares reliques

2016 aura ainsi marqué un tournant décisif dans la vie du Liégeois. Parce qu’il y a des rêves qui se vivent et des passions qui méritent qu’on les raconte.

La guitare le démange de plus en plus et il crée alors sa marque Denzo Custom, un projet qu'il avait en tête depuis ses 18 ans. Sa vocation aujourd'hui est de créer, restaurer et réparer des guitares. Sa marque de fabrique? Les guitares reliques. Au même titre que les jeans usés ou troués, il s'agit de vieillir artificiellement l'apparence d'une guitare pour lui donner le look d'un instrument avec lequel on aurait joué pendant des années. Elles présentent ainsi des traces d'usures, des bosses ou des rayures. "J'ai créé mes premières guitares avec des morceaux de placards récupérés de mon ancien emploi, étonne David D'Ascenzo. Au fur et à mesure, j'ai commencé à faire des guitares reliques. Je pense que je suis un des seuls à le faire car c'est un contre-pied total à l'image qu'on se fait d'un instrument. J'aime les beaux bois assemblés et j'en fais également mais j'adore aussi les guitares des années 60, pleines de couleurs. J'ai donc fait le pari d'en recréer avec des peintures vintages et des marques d'usure. Ça permet d'avoir un instrument avec beaucoup de mojo sans devoir débourser 20 000€."

La créativité du luthier n’a pas de limites, sa customisation non plus. Il vous fera jouer sur la guitare de Jimi Hendrix si vous le souhaitez. À l’impossible, le Liégeois de 45 ans n’est certainement pas tenu.

Quand il ne crée pas, quand il ne peint pas ses guitares, quand il ne répare pas, David D'Ascenzo ne glande toujours pas. Boulimique de la création et du partage, il joue et accompagne également des artistes depuis quelques années. "J'ai commencé la guitare lorsque j'avais 13 ans. J'ai joué longtemps pour des artistes comme Gaëtan Streel ou Piano Club. En parallèle de mon activité de luthier, j'accompagne désormais l'artiste Tanaë. Je viens également d'être embauché pour faire une tournée avec un groupe qui reprend du Pink Floyd. C'est un spectacle qui va aller se produire à Kiev, à Moscou et même à Athènes." David D'Ascenzo est un artiste à écouter, un artisan à découvrir, une personne à rencontrer. Simple, authentique et altruiste, sa personnalité a de quoi séduire et son talent aussi.