Liège: Ils avaient tracé des pistes cyclables sur la route
Le tribunal a requalifié les faits en réalisation sans autorisation de graffitis sur un bien mobilier
- Publié le 11-01-2022 à 14h37
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Xavier, 46 ans, Dominique, 47 ans et Pierre, 59 ans ont bénéficié de suspensions du prononcé d’une durée de trois ans devant le tribunal correctionnel de Liège pour avoir, en 2019, réalisé des marquages pour les cyclistes dans la rue Hors Château à Liège. Les intéressés, des cyclistes convaincus, membres du GRACQ, le Groupe de recherche et d’action des cyclistes quotidiens, ont décidé de réaliser des marquages au sol car ils estimaient que les autorités liégeoises ne réagissaient pas assez rapidement à leurs demandes de mise en place de pistes cyclables dans cette rue qui rejoint la rue du Palais à Liège. Dans la nuit du 24 au 25 février, vers minuit, ils ont décidé de dessiner eux-mêmes à la peinture blanche et à l’aide de pochoirs, vingt-trois cyclistes et des flèches sur le sol. Ils ont notamment apposé des cyclistes sur les emplacements de bus. Les suspects ont été remarqués grâce aux caméras de surveillance de la ville de Liège.
Ils ont été arrêtés par la police alors qu’ils avaient encore des pots de peinture à la main, mais aussi de la peinture fraîche sur leurs vêtements. Entendus, les intéressés ont directement déclarés qu’ils souhaitaient suggérer une bande cyclable pour que les automobilistes ralentissent. Le parquet leur avait proposé de payer une transaction de cent euros de manière à éteindre les poursuites pénales, mais les intéressés ont refusé à deux reprises cette proposition.“C’est l’inaction de la ville en ce qui concerne les infrastructures pour les vélos qui nous a poussés à agir”, a indiqué Xavier lors de la première audience consacrée à son affaire. Le groupe avait déjà interpellé la ville, mais estimait que les choses ne bougeaient pas. “ Nous avions eu des rencontres avec le pouvoir politique et nous voulions marquer le coup à la suite de l’inaction.”
Les prévenus ont expliqué qu'ils avaient réalisé cette opération de nuit pour ne pas déranger la circulation et ne pas provoquer de risques d’accident. “Nous voulions faire une action directe, non violente pour faire avancer la question de la mobilité des vélos à Liège.” Les prévenus ont souligné que depuis cette action, cette portion de rue avait été rendue “rue cyclable” par les autorités. Une rue dans laquelle les automobilistes ne sont pas autorisés à dépasser les vélos qui s’y trouvent. “J’habite le quartier depuis de longues années”, a précisé Dominique. “C'est une des rues où il y a le plus d’écoles à Liège. Certains automobilistes roulent à 70 km/h alors que la vitesse y est limitée à 30 km/h. Des cyclistes arrivent à contresens. Nous voulions prévenir les autres usagers et je voulais me sentir en sécurité en sortant de la maison. Nous ne sommes pas contre les automobilistes. Nous voulons que l’espace soit partagé.”
Quant à Pierre, cycliste depuis de longues années et également habitant du quartier, il a expliqué avoir commencé à avoir peur quand sa compagne a commencé à faire du vélo. “La sauvagerie de certains conducteurs m’inquiétait. J’ai le sentiment d’avoir été utile à la mise en garde sur la sécurisation du quartier.” Le tribunal a tenu compte du fait que les intéressés n’ont aucun antécédent judiciaire.