ULiège: «Je souhaite que cette année soit exceptionnelle», dit le recteur Pierre Wolper
Voilà une semaine que les étudiants de l’ULiège ont repris le chemin des amphis, 100% en présentiel. Pierre Wolper, recteur, dresse les balises de cette nouvelle année académique.
- Publié le 20-09-2021 à 15h38
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Pierre Wolper, cette rentrée académique 2021-2022 est placée sous le signe d’un retour à la normale, 100% en présentiel, après plusieurs mois de crise sanitaire. Une bonne chose?
Oui, bien sûr. Tout le monde espère revenir à un fonctionnement qui est celui que nous avons connu précédemment, où il y a des interactions directes entre les personnes, entre enseignants et étudiants. Tout ça contribue à la formation. La formation, ce n’est pas seulement recevoir de l’information, c’est aussi avoir une activité sociale.
Ça s’est ressenti ce manque de contacts directs?
Oui. Beaucoup de profs de l’institution me disent qu’ils sont vraiment heureux de rentrer avec des étudiants devant eux. Donner cours à distance, même si on a mis sur pied beaucoup de choses créatives, et si je pense que l’enseignement a bien fonctionné malgré la distance et des présences extrêmement limitées, tout le monde en avait assez. On devait sortir de là.
Même si le Covid s’éloigne lentement de nous, il est encore bel et bien présent. Quid de la vaccination? Et quelles sont les campagnes de sensibilisation prévues?
On est en campagne continue pour la vaccination depuis des mois, depuis que les vaccins sont sortis. Nous avons des informations diffusées, certains des professeurs ont fait des vidéos sur la vaccination, expliquant les enjeux, pour que chacun ait une information la plus précise possible. Nous avons ouvert un centre de vaccination sur le site de l'université, il sera là pour une durée limitée (NDLR: mardi est le dernier jour où il sera possible de recevoir une 1re dose de vaccin Pfizer), avant de revenir trois semaines plus tard pour administrer les secondes doses. Ça fait partie de nos actions pour faciliter la vaccination.
Y a-t-il des objectifs fixés?
Nous n’avons pas de moyens précis pour contrôler le taux de vaccination de nos étudiants. Mais si on veut vraiment que cette épidémie soit derrière nous, il faut arriver à un taux de vaccination qui est au moins de 80-90%. C’est vrai de façon générale pour avoir une accalmie des contaminations.
Ce qui est quand même encourageant, c’est que même si les contaminations continuent, les hospitalisations n’augmentent plus guère. On voit aussi que les contaminations en hausse sont largement dues aux jeunes, plutôt en âge de l’école primaire et secondaire, pas en âge d’être aux études supérieures.

Dans l’actualité, le thème des guindailles est revenu sur la table avec l’obligation du pass sanitaire pour y accéder. Ce sera facile à contrôler? Comment cela va-t-il s’organiser?
Les soirées étudiantes sont organisées par les étudiants eux-mêmes et ils sont bien d'accord avec le fait qu'ils vont devoir faire respecter les mesures. Il doit y avoir de la coopération de la part des cercles étudiants pour imposer ce pass. Le CST (NDLR: Covid Safe Ticket) peut être contrôlé dans les soirées dans des lieux fermés car il y a une entrée mais dès qu'on se rassemble dans un parc pour faire la fête, on ne sait pas contrôler qui rentre ou sort. Mais on sait aussi que le risque de contamination est réduit à l'extérieur.
Le message, d’une façon générale à l’université, c’est que tout événement festif doit être soumis au CST. Et ce CST obligatoire est aussi un incitant à la vaccination.
La crise du Covid a réinventé certaines méthodes d’enseignement, notamment avec les cours en ligne, l’ULiège compte-t-elle poursuivre dans cette voie ou tout abandonner?
On ne va pas tout abandonner, non, car on a appris beaucoup de cette période de crise. On a vu qu’on pouvait utiliser d’autres méthodes d’enseignement. Par exemple: l’enregistrement des cours. C’est ce que nous faisions déjà de façon limitée avant mais qui fonctionne très bien. Certains profs enregistrent leurs cours, en vidéo, et cela permet de revoir le cours ou carrément de le suivre pour ceux qui n’étaient pas présents. Les jeunes sont demandeurs qu’on conserve cela parce que c’est important de pouvoir revoir les points sur lesquels on n’a pas été attentifs ou ceux qu’on n’a pas compris. Il y a aussi les vidéos qui permettent de préparer une séance de cours, c’est une autre méthode d’enseignement, mais cela va continuer. On se rend compte que pour certaines choses, une bonne vidéo peut être très efficace. On n’est pas opposé à cela mais ce qu’on veut éviter, c’est qu’on soit totalement à distance, sans le moindre contact.
Voilà trois ans que vous êtes recteur, cette rentrée, vous l’envisagez comment? Plus sereinement que l’an dernier?
Certainement. On souhaite avant tout une année normale mais je souhaite surtout qu’elle soit exceptionnelle. L’enseignement va reprendre dans un contexte qui est moins impacté par l’épidémie mais avec les acquis de cette épidémie. C’est un peu paradoxal mais quand on passe par une situation extrêmement difficile, on apprend plein de choses. On a par exemple eu des taux de réussite meilleurs que par le passé. Il y a certainement eu une part de clémence mais on a surtout pu voir une efficacité de certaines méthodes d’enseignement. Si on combine ça avec le présentiel complet, on va aller vers une amélioration de notre enseignement, en ça, cette année de reprise sera exceptionnelle puisque l’enseignement a évolué extrêmement positivement.

Donc l’université attire, c’est une bonne chose, non?
Tout à fait. On peut se réjouir que la jeunesse souhaite se former et choisisse l’enseignement universitaire, mais si les financements ne suivent pas, cela va appeler des soucis d’encadrement.
Il faut aller frapper à la porte de la ministre Valérie Glatigny.
On le fait. Elle est bien informée de la situation des universités. On est dans un problème structurel de l’enseignement supérieur. Depuis 15 ans, il est en définancement constant. On peut encaisser une certaine croissance du nombre d’étudiants sans que ça ne crée un problème. Mais si on passe de 100 à 200 élèves en classe pour suivre un cours, c’est tout autre chose.
Quand on regarde les masters et les travaux de fin d’études, c’est un travail plus personnalisé qui est demandé au professeur. C’est un étudiant à la fois qu’il faut encadrer. Si on double le nombre d’étudiants, on double ce travail d’encadrement. Dans certains cas, déjà maintenant, on arrive à des situations où des professeurs ne savent pas encadrer tout le monde.
Aller chercher des financements supplémentaires, c’est un cheval de bataille pour lequel il faut se battre?
Tout à fait. Le financement des universités a été négligé ces dernières années. Dans l’enseignement obligatoire, le financement par étudiant a été maintenu mais ce n’est pas le cas de l’enseignement supérieur et particulièrement dans les universités.