Friches ArcelorMittal et Carsid: la reconquête se dessine

En décembre, la Région wallonne commandait des Master plans pour amorcer un processus de reconversion. Ils sont terminés. Voici, dans les toutes grandes lignes, le résultat d’un travail collectif, où les acteurs locaux ont été amenés à réfléchir avec les ingénieurs, les architectes, les paysagistes…

Les projets

Près de 300 hectares dans le bassin liégeois, une centaine à Charleroi: la reconquête de ces espaces fait l'objet de deux approches séparées (lire ci-dessous). Mais pour la Région wallonne, la dynamique est identique: « Il faut faire de ces territoires des leviers du redéploiement économique», soutient le ministre wallon de l'Aménagement du territoire et de l'Économie Willy Borsus (MR).

Il faut d’abord évaluer cette pollution. Ce qui représente un travail considérable. Quand on aura un chiffre précis, on aura une évaluation pour l’acquisition

C'est aussi le deuil d'une reprise sidérurgique. «On peut toujours espérer que ça redémarre. Mais à un moment donné, ces friches deviennent comme un poison. Tous ces projets potentiels paralysés par un espoir lié au passé… », explique Renaud Witmeur, directeur de la Sogepa (l'outil économique wallon vient en renfort de ce travail de réhabilitation). Quels projets?

Sur les quatre sites liégeois (Chertal, les deux hauts fourneaux et la cokerie), les auteurs du Master plan envisagent de développer l’économie circulaire et de nouvelles filières «énergie», singulièrement la filière hydrogène. Mais pas seulement. Et pas sans lien avec le passé, puisqu’une partie du patrimoine sera conservé (lire ci-dessous).

Pour Charleroi, on dessine des campus, une caserne, un parc, un port urbain, etc.

Mais c’en est fini de céder tout l’espace à une activité monolithique. Et c’en est fini de se priver de maillages avec les paysages, l’environnement et la ville elle-même.

La pollution

Quoi qu'il en soit, résume Willy Borsus, «il y a une fenêtre d'opportunités à saisir, avecle Green Deal européen, la volonté de relocaliser les chaînes de valeur, les plans de relance et la mobilisation des acteurs de la recherche industrielle.»

Les permis uniques ont été délivrés en août pour la déconstruction hors sol, rappelle le ministre. En parallèle, la Sogepa poursuit les négociations avec ArcelorMIttal pour l'acquisition des terrains liégeois. Le groupe sidérurgique s'est engagé à assumer le coût de la dépollution industrielle. «Il faut d'abord évaluer cette pollution. Ce qui représente un travail considérable. Quand on aura un chiffre précis, on aura une évaluation pour l'acquisition », reprend Renaud Witmeur. La Région pourra alors pleinement piloter ces Master plans.

Cibles stratégiques Développement des filières d'énergie renouvelable et de production/transport d'hydrogène, acier et industries décarbonés, économie circulaire, filière bois pour les axes principaux.

La logistique et les industries culturelles et créatives (architecture, mode, design, communication, arts du spectacle, bijouterie, photographie, multimédias, etc.) viennent aussi se greffer dans le Master plan, en support pour les activités principales.

Emplois De 2 500 à 3 000 emplois en perspective.

Timing Entre 4 et 6 ans? Difficile d'être plus précis. «Il faut un certain nombre d'années pour développer les sites. Ceci dit, il faut aussi 3, 4, 5 ou 6 ans pour développer des projets innovants», explique David Monic (Idea Consult). Les deux peuvent avancer en parallèle.

Patrimoine conservé Une vingtaine de wagons torpille de Chertal, le château d'eau, le hall G, le bâtiment des anciens laboratoires…

Charleroi: 1 site, 109 hectares

Site La friche Duferco-Carsid (Porte Ouest) à Charleroi. Total: 109 ha.

Équipe du Master Plan Le bureau d'étude Studio Paola Viganò (et SWECO), associé à IDEA Consult et aux architectes de Origin Architecture & Engineering.

Cibles stratégiques Développement de plusieurs campus économiques (dont un sur les 9 ha des anciens laminoirs du Ruau), d’un grand parc métropolitain (Phare Ouest), d’un port urbain et constitution d’un système d’espaces publics, de culture et de paysage connectés notamment avec les rives de la Sambre et la chaîne des terrils, mais aussi avec les autres projets.

Au cœur du Master Plan, il faut épingler l'implantation d'un Quartier du Futur, avec une nouvelle caserne militaire. «C'est le développement d'une Défense qui œuvre aussi à la relance économique, contribue à l'innovation industrielle et académique, et surtout offre des perspectives d'avenir à ceux qui la rejoignent », selon la ministre de la Défense Ludivine Dedonder.

Emploi 3 000 à l'horizon 2035 et jusqu'à 8 000 à l'horizon 2050.

Timing Les projets sont présentés comme évolutifs. Le Master Plan donne trois rendez-vous: 2026, 2035 et 2050.

Patrimoine conservé A priori, parmi les éléments les plus emblématiques, le HF4 devrait être maintenu.