VIDÉO | Tarik, brancardier à Liège: «On n’est pas uniquement des ‘‘pousse-lits’’»
Tarik est brancardier. Un métier capital pour faire fonctionner les hôpitaux en temps normal, mais encore davantage pendant cette épidémie de coronavirus. Reportage à la nouvelle clinique du CHC MontLégia, à Liège.
Publié le 27-03-2021 à 12h00
Un sourire radieux et l’œil qui frise quand il évoque son travail. Avec sa gentillesse évidente, son calme et sa jovialité, Tarik Chamlal exerce une profession dont on parle peu. Il est brancardier à la clinique du CHC MontLégia, sur les hauteurs de Liège.
Des urgences à la salle d’examen ou à la chambre, son métier consiste à accompagner les patients, en les déplaçant pour un examen ou pour un transfert de service. Une mission de transport dans l’hôpital en somme, mais résumer cette profession en ce sens serait plutôt réducteur pour une profession ô combien indispensable au bon déroulement d’un hôpital. S’il pousse des lits et des fauteuils à travers les 100.000 m² du MontLégia, son métier «exige de la résistance, à la fois physique et morale», dit-il, avant de prendre son service. Une occasion de l’accompagner, de le suivre dans ce marathon effréné qui rythme son quotidien.
Quelques phrases chaleureuses pour rassurer le malade
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/2X2IBHN6QZCPLIZJQSEGW3NHRI.jpg 480w,https://www.lavenir.net/resizer/Lanwjkorhx0Cjcusm6M6XPWdZDU=/768x576/smart/filters:quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/2X2IBHN6QZCPLIZJQSEGW3NHRI.jpg 768w)
«Bonjour monsieur, je suis Tarik, le brancardier. Je viens vous chercher pour vous ramener aux urgences», explique-t-il à un patient, au cœur du service des urgences. Dans le couloir, il s’enquiert de l’état de santé du malade, sans entrer dans les détails. Ses quelques phrases chaleureuses ont le mérite de rassurer le malade. «Être le premier contact des patients avant une épreuve crée des liens: j’essaye de les faire rire, de détendre l’atmosphère», nous dit Tarik. Un contact humain omniprésent et capital.
Dix-sept ans à la maternité Saint-Vincent de Rocourt
Après avoir exercé pendant plus de dix-sept ans à la maternité Saint-Vincent de Rocourt, Tarik a su apprivoiser son nouvel environnement de travail, sa clinique ayant déménagé au MontLégia il y a un an.
Si un brancardier ne connaît pas la clinique, il est mal barré!
Après la prise en charge du patient, c’est parti pour un enchaînement de gestes aussi précis que musclés pour une prise en charge optimale du malade. Une habileté essentielle afin de passer entre les virages et couloirs parfois bondés, et entre les portes des ascenseurs sans perdre de temps. «Un bon brancardier, c’est quelqu’un qui manipule bien les lits, qui amène les patients à bonne destination.» De la délicatesse pour déplacer le lit, il lui en faut aussi. Pas évident, en effet, de manipuler un lit, de le déplacer d’un couloir à l’autre. Et puis il faut aussi connaître l’hôpital comme sa poche: «Si un brancardier ne connaît pas la clinique, il est mal barré!»
Être brancardier, c’est aussi être capable de faire face à des situations parfois poignantes.
«Dans cet endroit ô combien anxieux, il faut toujours garder une certaine joie, de la bonne humeur pour rassurer les patients», commente Tarik, avec son sourire qui le caractérise. Une profession qu’il aime exercer, même après autant d’années. «Être brancardier, c’est aussi être capable de faire face à des situations parfois poignantes, et il faut savoir reprendre le dessus.»
Entre 400 et 600 transferts par jour
Pas le temps de bavarder davantage, le travail ne manque pas. «On va aller prendre un autre patient et ça va s’enchaîner.» Sans ralentir la cadence, Tarik franchit les portes battantes. Il croise les infirmiers et médecins en discussion aux portes des malades. Sans jamais gêner la circulation, il suit sur son téléphone portable les informations concernant le prochain patient à transporter. Ces données envoyées de la plateforme de régulation. Sur une journée, le service de brancardage, composé de 33 personnes, effectue entre 400 et 600 transferts par jour. Avec quatorze personnes qui travaillent en même temps dans la journée.
Le métier consiste à être auprès des patients une personne capable de désamorcer une situation d’anxiété.
«Le métier consiste à être auprès des patients une personne capable de désamorcer une situation d’anxiété, car on ne vient pas à l’hôpital que pour des bonnes nouvelles», souligne le directeur du service de brancardage, Etienne Harvath. «La vision de ce métier est davantage une approche humaine. On doit être capable de s’adapter à une situation, de comprendre le patient, de pouvoir le rassurer, avoir les mots pour désamorcer une anxiété, un malaise, pour lui faire oublier son passage vers le soin. On n’est pas uniquement des ‘‘pousse-lits’’.»
Chaque brancardier parcourt 26 km/jour
Un métier qui n’est pas sans risque. Malgré les précautions prises, un membre de l’équipe peut toujours être contaminé par le Covid-19. Preuve que ces métiers de l’ombre sont, eux aussi, en première ligne. «Aucun métier n’est facile», confie Tarik. «Oui, c’est fatigant, ce sont de grandes courses, mais on fait cela de bon cœur.» Un brancardier du MontLégia arpente en moyenne 26 kilomètres par jour.
En ramenant le patient à bon port, Tarik a toujours un mot pour celui-ci. «Et que tout se passe bien, prompt rétablissement, mais je ne vais pas vous dire à bientôt.» Une conversation qui se termine avec un large sourire. Aucune routine, aucun ennui dans ce quotidien qui enthousiasme Tarik.