Axel Witsel lutte contre le racisme: «Oui, je me suis déjà fait insulter ou les gens insultaient mon papa par rapport à sa couleur de peau»

Du sport professionnel à la pratique occasionnelle, de nombreux cas de discriminations restent à déplorer. Un combat de tous les jours pour le Liégeois Thierry Witsel, député wallon et papa du Diable rouge Axel Witsel, qui a décidé de lancer une association baptisée «Stop racism in sport».

«L'idée m'est venue parce que, quand j'étais beaucoup plus jeune, le racisme était déjà bien présent dans la société», explique le président de l'ASBL, Thierry Witsel. «Je l'avais vécu en temps normal, mais cela s'est propagé à mon entourage et au monde sportif.» Venu de Martinique, il a joué au football en Belgique au niveau provincial jusqu'à l'âge de 42 ans et «j'ai été confronté au racisme».

Député wallon, Thierry Witsel a évoqué la problématique au parlement. «Mais je voulais prolonger l'initiative, en créant cette ASBL», dit-il. Une démarche dans laquelle il est épaulé par de multiples personnalités politiques et sportives. Il est également soutenu par les Territoires de la Mémoire, Unia, Panathlon Wallonie-Bruxelles et le Think Tank européen «Sport et Citoyenneté». «Nous souhaitons développer un programme ambitieux d'actions de terrain pour endiguer ce phénomène.» Car la lutte contre le racisme ne doit donc pas se limiter aux actions entreprises dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre les discriminations raciales, insiste la nouvelle ASBL qui aurait dû voir le jour il y a un an et dont le lancement a été retardé en raison de la crise du coronavirus.

Trois dossiers sur quatre que nous ouvrons relèvent de ce foot amateur et des équipes de jeunes.

Afin de sensibiliser le plus grand nombre aux valeurs positives d’inclusion et de respect, l’association a décidé d’inviter de très nombreux sportifs à signer un appel visant à s’engager publiquement pour condamner ces comportements. Cet appel a été lancé officiellement ce vendredi, dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. Parmi les premiers signataires de cette charte baptisée «Résistons au racisme dans le sport», on retrouve ainsi notamment Eden Hazard, Clinton Mata, Nafi Thiam, Charles De Ketelaere, ainsi que la championne de boxe bruxelloise Sanae Jah et, évidemment, Axel Witsel.

«Aujourd'hui, on endosse tous le même maillot pour afficher un rejet sans ambiguïté du racisme», insiste la ministre de la Jeunesse et du Sport en Fédération Wallonie-Bruxelles, Valérie Glatigny. «Longtemps, les sportifs ont renoncé à faire entendre leur voix, mais récemment, le match de Ligue des Champions entre le PSG et Istanbul Basaksehir a été interrompu. Les joueurs ont quitté le terrain.» L'équipe stambouliote s'était plainte d'avoir été victime d'insultes racistes de la part du quatrième arbitre. «Ce qui s'est passé là-bas est fondamental. Les joueurs ont une valeur d'exemple et d'inspiration.» La ministre souligne qu'en Fédération Wallonie-Bruxelles, un nouveau décret a été adopté visant l'éthique dans le sport, en vue de désigner des référents pouvant agir sur base de signalement de faits racistes.

À l'instar des joueurs du match de Ligue des Champions, qui ont posé un «geste fort» en décidant d'arrêter la rencontre, «Stop racism in sport» entend «agir pour prévenir, dénoncer et recadrer ces comportements indignes des valeurs du sport».

Selon Patrick Charlier, le directeur d'Unia, l'institut national des droits humains qui défend l'égalité et lutte contre les discriminations, «trois dossiers sur quatre que nous ouvrons relèvent du foot amateur et des équipes de jeunes».