Bouli Lanners, de l’Écosse aux urgences
Après une année de tournages et montages, Bouli Lanners s’est remis à la peinture, face à un demain bien plus incertain.
Publié le 24-12-2020 à 06h00
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/NTLIKQBMJVGE7BXKLFC6NTIOKU.jpg)
«Fin décembre 2019, je terminais le tournage en Écosse de mon dernier long-métrage. Il me manquait deux-trois jours de tournage, qu'on a fait en Belgique, au mois de mars. Le dernier, le jour avant le confinement», se souvient l'acteur et réalisateur liégeois Philippe (Bouli) Lanners, qui revendique ses origines calaminoises. Et puis, tout s'est enchaîné. C'est que celui qui a commencé sa carrière sur les plateaux télé «quand il fallait un petit gros pour des sketchs» et en faisant «36 000 métiers» (régisseur, machino-électro, artificier…) n'a pas arrêté cette année, entre montages et tournages.
En tournage dans un hôpital
S'il y a bien un lieu que tout le monde a tenté d'éviter cette année, c'est bien le milieu hospitalier. Bouli, lui, y a passé beaucoup de temps pour le tournage de la saison 2 de Hippocrate, de Canal +. «C'est une série de Thomas Lilti qui parle de l'effondrement du système sanitaire, dû à son sous-financement. J'y joue le chef des urgentistes.» Une problématique évidemment d'actu, la série a été adaptée sur «la toute fin» avec le Covid.
Si l'acteur est très fier de ce tournage, ce fut particulièrement «anxiogène» reconnait-il. «On tournait dans un hôpital, en banlieue de Paris, qui est l'un des hôpitaux où il y a eu le plus de morts en France à cause du Covid… Le réalisateur est médecin et est donc retourné en unité Covid. Les infirmières étaient de vraies infirmières… Donc, tous les membres du service hospitalier nous racontaient ce qu'ils vivaient eux sur le front, en première ligne. Et puis, quand on joue, on doit enlever le masque. On ne savait pas quand on allait tomber malade… Ce fut un tournage assez douloureux.»
Bouli parle d’amour
«Je termine mon film demain (lire mardi) avec une dernière journée de mixage. Il s'appelle Nobody has to know (Personne n'a à savoir). C'est une histoire d'amour, qui se passe en Écosse, sur l'île de Lewis (où j'ai habité) entre une presbytérienne de 60 ans et un Belge, qui est là-bas, fait un AVC au début du film et a une amnésie provisoire.»
Un véritable défi pour le réalisateur. «Il est terminé et j'en suis très content car j'avais très peur de le rater celui-là! Rater une histoire d'amour c'est carrément pathétique. C'est la honte (rires).» C'est que Bouli a aussi fait appel à un casting de qualité, pour jouer à ses côtés, avec notamment Michelle Fairley (Catelyn Stark dans Games of Thrones) ou encore Julian Glover (Star Wars).
Sa sortie? «Il va falloir attendre. Le film va être gelé pendant un an. Il n'y a plus de marché, il y a un embouteillage. Ça va être compliqué pour tous.» Car si cette année a été synonyme de travail «car beaucoup de choses s'étaient amorcées», 2021 et 2022 s'annoncent des années plus compliquées pour le comédien et réalisateur. «On ne sait pas comment ça va se passer. Il y a très peu de tournages avec le Covid.»
Du coup, l'artiste indépendant est de retour aujourd'hui derrière ses toiles «après 27 ans» dans l'atelier, à la maison, qu'il a «enfin terminé». Un bonheur simple qui fait du bien. «Je peins des paysages industriels et de campagne, à l'huile, ainsi que des cadavres décomposés.» À découvrir sans aucun doute en 2021 lors d'une exposition. De quoi terminer l'année plus sereinement. Mais ce qui lui manque «atrocement» ce sont les gens. «Vous remettrez mes meilleurs vœux à tout le monde?!» Pas de soucis Bouli, le message est passé.