Une vingtaine de personnes interpellées pour sexisme à Liège: elles ont été piégées par une policière en civil

De juillet à octobre, trois actions ont été menées contre le sexisme dans l’espace public, à Liège. Une vingtaine de personnes ont été verbalisées.

Thomas LONGRIE (avec Belga)
Une vingtaine de personnes interpellées pour sexisme à Liège: elles ont été piégées par une policière en civil
La police a proposé au parquet un dispositif au cours duquel une policière en tenue civile verbaliserait tout comportement «tombant sous le coup de la loi». ©Sofie Peeters

«La zone de police de Liège a constaté dernièrement que ses membres féminines faisaient régulièrement l’objet de commentaires ou comportements à caractère sexiste dans le centre-ville, lorsque ces dernières n’étaient pas en uniforme», a indiqué lundi Catherine Collignon, Premier substitut du procureur du roi.

Des inspecteurs du commissariat d’Outremeuse, interpellés par les doléances des citoyennes et par les conversations de leurs collègues féminines, ont décidé de passer à l’action et de mettre en place un plan d’action en partenariat avec le parquet, le Service du Plan de Prévention de la Ville de Liège et l’ASBL Praxis.

Lors de trois actions menées cet été, des policières liégeoises se sont promenées en civil, en tenue neutre, dans les rues fréquentées de la Cité ardente, dans les parcs et RAVeL, afin de constater ce type de fait envers elles-mêmes ou envers n’importe quelle citoyenne. Elles étaient suivies de loin par des policiers prêts à intervenir. Et ce fut le cas.

Parmi les 26 personnes interpellées, 16 PV ont été rédigés et 10 rappels à la loi ont été faits.

«En l’absence d’antécédents spécifiques et en cas de reconnaissance minimale des faits, le dossier fait l’objet d’une probation prétorienne et le suspect est invité à se présenter à trois reprises» à l’ASBL Praxis pour de la sensibilisation. Il s’agit d’une ASBL d’aide aux auteurs de violences conjugales et intrafamiliales. Dans les autres cas, une citation devant le tribunal correctionnel est envisagée par le magistrat.

Les auteurs de ce type de comportement encourent entre un mois et un an de prison et de 50 à 1.000 euros d’amende, ou l’une de ces peines seulement.

Le projet récompensé par deux prix

Non seulement, la police de Liège a la grande fierté de voir ce projet porté aujourd’hui à la connaissance des citoyennes et citoyens mais elle a aussi le privilège d’annoncer que ce projet baptisé «Lutte contre le sexisme et le harcèlement de rue» a été récompensé fin de la semaine dernière par deux prix du «Réseau Intersection», le «Prix des personnes de référence» et le plus prestigieux à savoir le «Prix du Jury».

Le Réseau Intersection est un réseau d’échange entre intervenants policiers qui a été créé en Belgique en 2017. Inspiré du Québec, ce réseau a pour objectif principal de favoriser l’échange d’idées, de bonnes pratiques et projets en matière de police de proximité.

«C’est une belle récompense pour la zone de police de Liège et pour les policières et policiers impliqués dans ce projet plus que jamais d’actualité, aux côtés de partenaires essentiels», indiquent les forces de l’ordre.

Le rôle des partenaires est important pour une prise en charge globale de la problématique. Le Service du Plan de Prévention de la Ville de Liège a orienté les patrouilles et assuré l’information des victimes et des témoins tout en distribuant des folders d’information. Le parquet a encouragé ces actions, garanti la suite pénale appropriée des PV dressés en la matière et orienté les auteurs vers l’ASBL Praxis pour un suivi personnalisé.

L’objectif de la zone de police de Liège est de poursuivre ce type d’action et de le généraliser sur tout le territoire de la Cité ardente afin de permettre aux femmes de se promener en toute quiétude dans un environnement sécurisé.

Les deux prix reçus sont une reconnaissance importante du travail fourni et permettent d’espérer un rayonnement des bonnes pratiques liégeoises en matière de lutte contre le sexisme et le harcèlement de rue dans toute la Belgique et pas seulement à Liège.

Dorénavant, par la pérennisation de ce type d’action, la zone de police, soutenue par ses partenaires, espère que les femmes se sentiront entendues, soutenues, que les auteurs soient poursuivis et que, à l’avenir, les harceleurs réfléchissent à deux fois avant de passer à l’acte, car à Liège, qu’on se le dise, ils risquent bien de se retrouver face à une policière.

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