L’artillerie lourde pour enterrer définitivement la liaison CHB
Le groupement CHB a introduit un recours auprès du Conseil d’État pour faire annuler le Plan urbain de mobilité de Liège. Par ce moyen, cette association espère envoyer le vieux projet de liaison autoroutière à l’est de Liège aux oubliettes.
Publié le 17-10-2019 à 18h25
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Les prémices du projet datent d'une quarantaine d'années. Pourtant, la perspective d'une liaison CHB continue de faire polémique en région liégeoise. Sentant que la menace existe toujours de la voir un jour sortir de terre, le groupement CHB, une ASBL citoyenne qui s'oppose au projet, vient d'introduire un recours en annulation au Conseil d'État.
CHB, pour Cerexhe-Heuseux-Beaufays. Ces initiales font encore trembler à l’est de la Cité ardente. Il s’agit d’un vieux projet de bouclage du ring de Liège, depuis le village de Cerexhe-Heuseux, dans l’entité de Soumagne, jusqu’à Beaufays, dans celle de Chaudfontaine, à l’aide d’un tronçon routier de 12,5 km. La liaison traverserait au passage les territoires de Fléron et Trooz.
L’objectif consiste à désengorger le trafic dans le centre urbain et aux alentours. Mais ses défenseurs sont aujourd’hui devenus rares, y compris dans les sphères politiques. Parmi les opposants, on considère que ce dossier date d’une autre époque et qu’il constitue un non-sens urbanistique, environnemental et économique, voire sociétal.

La problématique de la liaison CHB a ressurgi dans l’actualité l’hiver dernier, lors des débats autour du Plan urbain de mobilité (PUM) de l’agglomération liégeoise. Ce document est sorte de feuille de route, définissant les grandes orientations en termes de mobilité dans l’arrondissement de Liège. Le problème, pour de nombreux élus communaux qui ont été amenés à se pencher sur le document, mais aussi pour le groupement CHB, est que ce PUM mentionne encore et toujours la possibilité de création de la fameuse liaison. D’aucuns auraient aimé le voir enterré définitivement.
Un plan urbain de mobilité qui conserve CHB
En mai dernier, le gouvernement wallon approuvait ce PUM. La composition et la déclaration de politique générale du nouveau gouvernement wallon laisse par contre planer peu de doutes: il n’y a aucune chance qu’il approuve la réalisation de cette jonction autoroutière. Le groupement CHB redoute cependant que le dossier ne réapparaisse dans un avenir plus lointain. Il souhaite donc le voir enterré définitivement.
Les responsables de l’ASBL, dont son président Frédéric Falisse et l’administratrice Laurence Falisse, ont confirmé ce mardi que le groupement avait, par la voie de son avocat, introduit un recours en annulation auprès du Conseil d’État. Non pas de la liaison CHB en tant que telle, mais carrément de l’ensemble du PUM. C’est une décision inévitable, selon eux, pour que le projet soit abandonné.
Nous demandons que le PUM soit modifié, qu’on retire la possibilité de créer la liaison CHB.
«Nous sommes évidemment favorables à l'existence d'un document comme le PUM, explique Laurence Falisse. Mais nous demandons qu'il soit modifié, qu'on retire la possibilité de créer la liaison CHB.» Puisque l'idée de créer une nouvelle liaison autoroutière à travers bois et champs n'est plus du tout dans l'air du temps, autant battre le fer tant qu'il est chaud. Le moment est également venu de s'opposer au PUM, dans le délai imparti pour l'introduction d'un recours.
Une «zone de réservation» à éradiquer
Un statu quo ne satisferait pas le groupement CHB, qui réclame une suppression pure et simple du projet, avec une modification du plan de secteur. Il veut voir disparaître la zone de réservation maintenue tout au long du tracé du dossier, qui «préserve» la zone de tout aménagement pouvant entraver la réalisation de l’hypothétique voirie. L’éradication de cette zone s’apparenterait à une condamnation de la liaison.
Son maintien, en attendant, s’avère préjudiciable pour les projets de riverains, empêchés par exemple de bâtir certaines extensions d’habitation, d’envisager la succession de leur bien ou encore, pour des agriculteurs, d’enclencher sereinement une transition vers le bio.
Certaines habitations ont en outre fait l'objet d'expropriations par le passé et sont aujourd'hui la propriété de la Région wallonne et louées sous forme d'habitations sociales. «Mais elles sont laissées à l'abandon, au détriment des locataires. Certaines sont franchement délabrées», constate-t-on au sein du groupement. Un blocage parmi d'autres qui ne fait que convaincre davantage les opposants du caractère inopportun du maintien en vie du projet.