363 toxicomanes à la salle de consommation: comment se droguent-ils?

Quelques mois après l’ouverture de la salle de consommation à moindre risque – la «salle de shoot» -, le bourgmestre de Liège se félicite des premiers résultats. La fréquentation est même plus importante qu’espéré.

B.H.
363 toxicomanes à la salle de consommation: comment se droguent-ils?
L’inhalation d’héroïne devient plus fréquente, tandis que l’injection tend à diminuer. ©EPA

C’était une mesure politique, mais aussi un choix sociétal à la fois important et controversé. Le 5 septembre dernier ouvrait une salle de consommation à moindre risque (SCMR), la première du pays, à l’ombre de la Grand Poste à Liège.

Qui fréquente la salle?

La Ville a comptabilisé les chiffres des six premiers mois d’activité et dressé un bilan plutôt positif. Le but initial consistait à toucher 300 toxicomanes dans une situation particulièrement compliquée. Ce sont en fait 363 personnes différentes qui ont déjà fréquenté les lieux, avec 6 292 passages en une demi-année. Elles sont âgées entre 26 et 45 ans. Il s’agit d’hommes dans 90% des cas.

Comment consomment-ils?

Les modes de consommation évoluent. Rappelons que le public visé la SCMR est touché par une toxicomanie sévère et consomme des drogues dures dans la plupart des cas. Ainsi, la consommation sous forme d’injection – les fameuses seringues – se tasse, voire est en diminution, singulièrement en ce qui concerne l’injection d’héroïne.

– 55,26% des passages impliquent une inhalation, donc le fait de fumer, principalement de l'héroïne (92,8% des inhalations);

– 41,52% des passages impliquent une injection, donc le fait de se «piquer», le plus souvent avec de l'héroïne (53,88%) bien que ce chiffre soit en baisse, ou de la cocaïne (43%);

– Le snif reste très marginal, ne représentant que 0,6% des situations.

Que consomment-ils?

– L'héroïne représente la première drogue consommée dans la SCMR, dans pratiquement trois quarts des cas et de plus en plus souvent sous forme d'inhalation;

– De la cocaïne est consommée lors de 22,26% des passages, le plus souvent sous forme d'injection (80,22%)

– Le speed ball représente 2,55% des passages: il s'agit d'un cocktail d'héroïne et de cocaïne;

– Les autres drogues représentent 1,5% des passages.

Quels résultats?

Les buts poursuivis par la SCMR sont nombreux. Il s’agit principalement de créer un environnement sain pour la consommation des drogues, histoire d’éviter les prises de drogue en rue, évidemment, mais aussi et surtout d’établir un contact avec des toxicomanes particulièrement marginalisés. Au final, l’objectif consiste à améliorer leur état de santé ou simplement de réduire leur mortalité.

Une équipe d’infirmiers/infirmières et éducateurs/éducatrices travaille sur place en délivrant des conseils, d’hygiène notamment. Ces personnes ont déjà permis à 44 usagers de passer de l’injection à l’inhalation, qui implique moins de risques.

Quelques chiffres permettent de mesurer l’importance du suivi médico-social: 10 appels aux urgences (deux overdoses), 428 soins infirmiers, 85 consultations médicales, 69 distributions de traitements, 15 dépistages de la tuberculose, 93 entretiens thérapeutiques et 126 démarches sociales ou d’accompagnement.

Plusieurs usagers ont également entamé une démarche de réinsertion on une procédure de soins pour améliorer leur situation.

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