Élections communales 2018 | À Liège, le suspense reste entier
Le jeu reste très incertain à Liège, à l’approche des élections communales. L’état de santé du PS demeure une inconnue et de nouveaux équilibres sont susceptibles d’apparaître dans la cité. Le MR ou les partis de gauche écologiste pourraient avoir un rôle à jouer.
Publié le 10-10-2018 à 15h21
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Quelle majorité se trouvera à la tête de la ville de Liège au lendemain des élections communales du 14 octobre? Bien malin qui peut le prédire. Des rumeurs d’accords préélectoraux circulent de temps à autre, puis sont aussitôt démenties par les principaux intéressés. C’est le jeu des campagnes politiques.
Force est de constater, pourtant, que le monde politique liégeois a été secoué durant la mandature qui s’achève, l’affaire Publifin restant le plus retentissant des séismes. Elle a changé la donne, ébranlé les trois partis les plus concernés (PS, MR, cdH), provoqué un renouvellement à la tête de la puissante fédération liégeoise du PS.
Reste à savoir si, presque deux ans après la révélation de l’affaire, les électeurs liégeois en tiendront rigueur à leurs édiles. En politique plus qu’ailleurs, l’eau coule sous les ponts. Et à Liège, il y a fort à parier que les principaux critères de choix des électeurs relèvent avant tout de problématiques municipales telles que la lutte contre la précarité, la mobilité ou la santé du commerce au centre-ville, etc.
Le PS va-t-il sauver les meubles?
Bien des commentateurs ont annoncé une dégringolade du PS. Mais le parti, en période électorale, a souvent prouvé sa capacité à mobiliser ses troupes. À Liège, Willy Demeyer a opportunément posé le choix de quitter sa fonction parlementaire et la tête de la fédération liégeoise du PS pour s’installer pleinement dans son fauteuil de bourgmestre. Peut-être que cette manœuvre lui a permis de se refaire une santé. Son résultat personnel et celui du PS, en attendant, demeurent bien difficiles à prédire.
Or, l’état de santé du PS devrait s’avérer déterminant pour la formation d’une majorité, Willy Demeyer étant tout de même le favori pour endosser une fois de plus la fonction mayorale.
Le cdH dans les choux?
Le cdH, actuellement en majorité aux côtés du PS, semble manquer de souffle. Rappelons qu’en 2012, c’était Anne Delvaux, en deuxième position derrière Michel Firket, qui obtenait le meilleur score personnel parmi les humanistes. Elle a entre-temps claqué la porte.
L’actuel Premier échevin Michel Firket, dont la bonne entente avec Willy Demeyer n’est pas étrangère à la reconduction du binôme PS-cdH il y a six ans, pousse désormais la liste. C’est Carine Clotuche, relativement inconnue du grand public, qui a été choisie pour emmener la liste.
Les ambitions du MR
Le MR nourrit de grandes ambitions à Liège. Le parti avait perdu quelques plumes en 2012, mais se profile comme un candidat à une alliance dans la majorité. Tant Willy Demeyer (PS) que la cheffe de file libérale et présidente du Sénat Christine Defraigne (MR) démentent tout accord préélectoral. De bons rapports personnels entre ces deux ténors pourraient néanmoins faciliter la formation d’une majorité PS-MR.
Ces prédictions s’inscrivent également dans la suite du débranchement de prise gouvernementale à la Région wallonne par le cdH, qui reste en travers de la gorge du PS, et qui pourrait se rappeler au bon souvenir des responsables de partis au moment de signer des accords de majorité. Rappelons qu’à Liège, singulièrement, Christine Defraigne s’est démarquée de la ligne défendue par son parti au fédéral sur le dossier des visites domiciliaires. Malgré les divergences idéologiques entre socialistes et libéraux liégeois, cette posture d’indépendance pourrait éventuellement faciliter des rapprochements.
Vert Ardent doit faire ses preuves
Liège fut la première grande ville d’Europe, au début des années 80, à voir apparaître un parti écologiste dans une majorité. Les verts pourraient-ils à nouveau présider aux destinées de la cité?
Écolo a en tout cas fait le pari de ne pas se présenter sous son nom. Un mouvement qualifié d’«écocitoyen» a vu le jour et a abouti sur la création de la liste Vert Ardent, qui regroupait à l’origine des candidats d’Écolo, du mouvement Demain, du Parti pirate et des citoyens sans étiquette. Le Parti pirate a entre-temps quitté le mouvement, en raison de divergences de vues.
À la tête de la liste figure Caroline Saal, qui incarne la relève écologiste en Cité ardente, après la démission de l’ancienne cheffe de file, Bénédicte Heindrichs. Le résultat électoral de Vert Ardent reste lui aussi difficile à prédire. Le pari du mouvement écocitoyen pourrait s’avérer payant, mais également représenter un piège au moment d’entrer en négociation pour la formation d’une majorité.
Une percée de Vega?
C’est une spécificité liégeoise: une deuxième liste se présente en affichant des valeurs écologistes et de gauche. La coopérative politique Vega avait fait son entrée au conseil communal en 2012, en décrochant un siège pour la tête de liste François Schreuer. Ce dernier, plutôt actif durant la mandature, s’est particulièrement intéressé aux problématiques chères à la coopérative: l’urbanisme, la mobilité, l’environnement, etc.
Vega n’a confirmé qu’en juin qu’elle se présenterait aux élections, mais affiche bien une liste complète, toujours emmenée par François Schreuer, avec la présence notable de Marcel Cools (le fils d’André Cools) en 47e position. La liste conservera-t-elle son siège? Effectuera-t-elle une percée? Ne pâtira-t-elle pas d’une confusion des électeurs avec Vert Ardent? Ces questions restent sans réponse, jusqu’à l’annonce des résultats.
Le PTB devrait grimper
Quid du PTB? À la gauche de la gauche, le parti du charismatique Raoul Hedebouw se trouve à Liège au cœur d’un de «son» bassin industriel de prédilection. Certains sondages ont prédit une nette avancée du parti, mais l’électeur se montre souvent plus audacieux dans les sondages que dans l’isoloir.
Toujours est-il que le parti devrait bénéficier du climat de ras-le-bol, dû notamment à l’affaire Publifin, mais aussi à la réalité sociale d’une région toujours concernée par le déclin industriel. Raoul Hedebouw, par contre, a choisi de figurer en 49e position pour pousser la liste. C’est la cheffe de groupe au conseil communal (PTB + compte deux élus à Liège), Sophie Lecron, qui occupe la tête de liste.
Et les autres…
Au total, douze listes figurent sur les bulletins de vote à Liège. D’autres partis pourraient donc créer la surprise et pourquoi pas entrer au conseil communal. C’est notamment le cas de DéFI, emmené par François Pottié, qui s’était déjà présenté en 2012, mais sans obtenir de siège. Le parti amarante nourrit des ambitions et bénéficie d’une certaine visibilité, par l’entremise de son président Olivier Maingain, qui pourrait porter ses fruits.
La Wallonie insoumise et le Parti populaire présentent également leur liste. Ils sont éventuellement susceptibles de peser dans la balance.
Population
196 337 habitants (au 1/1/2018) – 49 sièges à pourvoir
L’actuelle répartition des sièges (2012-2018)
Les résultats de 2012