Cette moto unique au monde qui est conservée à Liège
Parmi plus de 100000 pièces qui constituent ses collections, le Musée de la Vie wallonne en a retenu 100 et raconte leur histoire dans un nouvel ouvrage. Parmi elles, une moto fabriquée à Herstal et unique au monde.
Publié le 27-06-2014 à 16h45
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Les réserves du Musée de la Vie wallonne, c’est en quelque sorte la caverne d’Ali Baba, avec plus de 100000 pièces, dont d’innombrables photos, objets du patrimoine wallon, œuvre d’art et on en passe. Le musée implanté à Liège, à l’occasion de son siècle d’existence, a choisi d’en sélectionner cent et de les compiler dans un ouvrage intitulé «100 fragments d’histoires». Coup de projecteur sur l’un de ces trésors, qui représente à sa manière le patrimoine de la région.
L’ouvrage reprend en effet une moto unique au monde, fabriquée au sein des usines Gillet à Herstal en 1926. Au début du XXe siècle, la ville s’est en effet forgé une solide réputation en matière de deux-roues, en particulier grâce à plusieurs fabricants: Saroléa et la FN, dans un premier temps, puis les Ateliers Léon Gillet, qui furent les premiers à disparaître, en 1959.
En face des célèbres marques étrangères, comme Rover et Harley-Davidson, ces motos se sont rapidement imposées sur les routes, si bien que l’on évoque encore aujourd’hui celles que l’on surnommait les «Demoiselles d’Herstal».
Il n’est dès lors pas étonnant de retrouver quelques motos précieuses dans les collections du musée, aujourd’hui. On en compte entre 60 et 70, qui sont entreposées avec précaution ou exposées en divers endroits.
La collection est riche, à tel point qu’une exposition consacrée aux motos – en particulier aux liégeoises – pourrait voir le jour prochainement. Cela fait du moins partie des projets qui trottent dans la tête des gestionnaires du Musée de la Vie wallonne. Étant donné l’important travail de collecte et de restauration nécessaire, cet événement devrait voir le jour en 2017, vraisemblablement.
La moto d’un aviateur-aventurier
La moto reprise dans l’ouvrage «100 fragments d’histoire» a donc été fabriquée au sein des ateliers Gillet et est actuellement (et temporairement) exposée au Musée du circuit de Spa-Francorchamps, à Stavelot. Avec son moteur 350 cc à allumage magnéto et ses 4 chevaux de puissance, son phare à carbure et sa fourche élastique, elle reste un joli témoignage de l’industrie de la moto d’époque.
Mais surtout, c’est son propriétaire Robert Fabry qui rend l’objet exceptionnel. Cet aviateur liégeois de l’armée belge était aussi un pionnier et s’est illustré dans les années 1930 en établissant des liaisons entre la Belgique et le Congo belge.
C’est avec cette moto, précisément, qu’il a entrepris dès 1926 une expédition de reconnaissance en solitaire vers le Congo belge, au départ de Liège (voir la photo du départ). Il allait alors créer la ligne «Belgique-Congo belge», en prolongement de la ligne déjà existante «Paris-Dakar».
Du deux-roues herstalien, il a fait un trois-roues, soit une espèce de side-car particulièrement robuste, pouvant effectuer le voyage de 20000km avec une charge de 350 kg. «Il a véritablement customisé la moto. C’est en cela qu’elle est absolument unique», explique Annie Grzeskowiak au Musée de la Vie wallonne.
Robert Fabry a quitté Liège sur son engin le 26 décembre 1926 et reviendra en Cité ardente, après avoir démonté et remonté 40 fois la moto et connu de multiples péripéties, le 17 octobre 1927.
Un ouvrage aux trésors
Le livre «100 fragments d’histoires» du Musée de la Vie wallonne est disponible au prix de 16 euros, au musée, à la librairie PAX à Liège et dans divers musées.
Une double-page d’explications et d’anecdotes et consacrée à chacun des objets, qui sont divers et variés: photos d’archives, vêtements, objets du quotidien, annonces mortuaires, bons de la Loterie coloniale, œuvres d’art, outils, etc.